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 d’ADHEOS

“Looking”, la nouvelle comédie dramatique de HBO plonge dans la communauté gay de San Francisco. Simple, imparfaite, elle fait discrètement bouger les choses. A voir sur OCS City le lundi soir.
 
Les LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels) sont de mieux en mieux représentés à la télévision américaine. La caricature est encore fréquente, mais ils sont de plus en plus présents, à travers des personnages secondaires – plus rarement dans le fauteuil du héros. Alors qu’ils peinaient à bénéficier d’une représentation réaliste sur les grandes chaînes, ils ont trouvé une place de choix, dès le début des années 2000, dans des séries « communautaires », destinées en priorité au public LGBT (mais pas que) et dont tous les personnages ou presque étaient homosexuels, comme Queer as folk et The L Word. En lançant Looking, sa nouvelle comédie dramatique, dimanche 19 janvier 2014, la fameuse chaîne câblée HBO espérait dépasser ces frontières, et proposer une série communautaire qui puisse plaire à tous.
 
Imaginée par un quasi inconnu, Michael Lanna, brièvement assistant sur les tournages de Nurse Jackie et Sons of anarchy, Looking met en scène le quotidien de trois amis de San Francisco, le timide Patrick, qui cherche maladroitement l’amour, Augustin, artiste sur le point de s’installer avec son compagnon, et Dom, un serveur séducteur qui peine à se poser. Boulot, maison, soirées, on les suit à travers la ville la plus « gay friendly » d’Amérique, au hasard de leurs rendez-vous, dans les transports en commun, sans autre trame narrative que les petits événements de leurs vies.
 
Annoncée comme une série cousine de Girls – et diffusée juste après elle sur HBO – Looking partage en effet son aspect « anecdotique », suite d’instants et de discussions, sans trame narrative ferme, sans intrigues fortes. Ce qui importe, ce sont les personnages, leurs personnalités, leurs sentiments, leurs débats et bavardages. Les scénaristes de Looking n’ont pas la verve de Lena Dunham, mais ils sont suffisamment doués pour que l’on tende l’oreille, et leurs comédiens sont heureusement irréprochables et charismatiques – même s’il faudra un peu plus d’un épisode pour que Jonathan Groff (Boss) dépasse le stéréotype du gentil garçon propre sur lui.
 
Joliment mise en scène, avec une très belle photo, exploitant pleinement le décor urbain unique de San Francisco, Looking offre donc une suite de tranches de vie, sans trop en faire, le plus simplement possible. Aucune revendication politique, aucun sujet grave dans son premier épisode, qui n’évite pas les scènes sous la couette – moins graphiques que dans Girls, mais pas aseptisées pour autant – et affirme la sexualité libérée de ses héros. Michael Lanna et ses acteurs principaux, gays, semblent vouloir éviter toute caricature, sans renoncer à rire un peu d’eux mêmes, et donc à forcer le trait pour laisser surgir la comédie. Comme dans n’importe quelle série.
 
C’est justement la grande réussite de Looking, qui n’est par ailleurs ni bouleversante, ni hilarante : passées ses scènes charnelles et l’absence quasi totale de personnages féminins – Dom vit avec une infirmière, Doris – elle est essentiellement une série romantique, dont les enjeux pourraient s’appliquer à n’importe qui, homo ou pas. Elle reste une série sur une communauté, et adopte son point de vue, ses habitudes, ses mœurs, etc. Mais elle le fait le plus légèrement, le plus naturellement, le plus simplement possible. Looking n’est peut-être pas encore une grande série, mais elle marque en ce sens une évolution de l’image des LGBT à la télé américaine, en s’imposant comme une série universelle.