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 d’ADHEOS

Le Maroc fait partie des 18 pays qui ont voté contre la création d’un mandat onusien sur la protection contre la violence et la discrimination en raison de l’orientation sexuelle, voté par 23 voix au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU (OHCHR) jeudi 30 juin. Six pays se sont abstenus.
 
L’expert indépendant qui sera nommé par le Conseil pour un mandat de trois ans aura pour mission de sensibiliser le public à la violence et à la discrimination envers des personnes en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre, de recenser les causes profondes de la violence et de la discrimination et de s’y attaquer, note l’OHCHR dans un communiqué.
Il aura également pour mandat de remédier aux formes multiples et aggravées de violence et de discrimination dont sont victimes des personnes en raison de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre, et d’organiser la fourniture de services consultatifs, l’assistance technique, le renforcement des capacités et la coopération internationale à l’appui des efforts déployés au niveau national pour combattre la violence et la discrimination dont sont victimes ces personnes, ajoute-t-il.
 
Le premier rapport de cet enquêteur indépendant devrait être remis en juin 2017 au Conseil des droits de l’Homme, et à l’Assemblée générale de l’ONU à partir de sa session ordinaire de septembre 2017.
 
"C’est une étape importante" pour la communauté LGBT, a déclaré vendredi le porte-parole du Conseil des droits de l’Homme, Rolando Gomez, lors d’un point de presse à l’issue de plusieurs heures de débat. De son côté, l’organisation Human Rights Watch, basée à New York, a qualifié cette décision d’"historique".
 
"Le coeur amer"
 
Le Maroc a "le cœur amer en ce jour historique", avec un "Conseil divisé qui envoie le mauvais message", a indiqué la délégation marocaine qui a voté contre le texte de la résolution aux côtés de pays arabes comme l’Algérie, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis ou le Qatar, ainsi que la Chine et la Russie.
 
"Ce projet de résolution va à l’encontre des valeurs de près de 1,4 milliard de personnes qui appartiennent à une civilisation différente. Quel message veut-on envoyer à ces personnes?", a-t-elle demandé.
 
Selon elle, cette résolution marquera "le début d’une période sombre dans la vie du Conseil, lorsqu’une part importante de l’humanité se sentira rejetée parce que le Conseil ne tient pas compte de son avis et de sa sensibilité". "Tous les États sont opposés à la violence", a poursuivi le Maroc, ajoutant "ne pas souhaiter que le Conseil nourrisse une guerre des religions et des civilisations".
 
Contrairement à l’Algérie qui a précisé qu’elle ne travaillerait pas avec l’expert indépendant s’il venait à être nommé, le Maroc ne s’est pas prononcé sur cette question avant le vote.
 
Le Pakistan, au nom de l’Organisation de la coopération islamique, a présenté plusieurs amendements à la résolution, soulignant notamment l’importance de "garantir le plus haut respect pour les valeurs religieuses et les particularités régionales", et rappelant que "toute ingérence dans le dialogue national sur les questions qui touchent à des sensibilités historiques et culturelles pourrait avoir un effet négatif".
 
Les Etats qui ont voté en faveur de la résolution sont pour la plupart des pays européens ou sud-américains. L’Afrique du Sud, le Botswana, le Ghana, l’Inde, la Namibie et les Philippines se sont abstenus.