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 d’ADHEOS

L’Union Démocratique du Centre (UDC), premier parti politique de Suisse, s’est à nouveau illustré par son homophobie lors d’une récente émission de télé.
Le 24 août dernier, la chaîne suisse RTS consacrait un numéro d’Infrarouge – une émission hebdomadaire d’actualités et de débats – au thème : « Homosexualité : taboue jusqu’à quand ?« . De nombreux intervenants étaient présents sur le plateau pour échanger sur divers sujets tels que l’homophobie en milieu scolaire, l’égalité des droits ou la visibilité des politiciens homosexuels.
 
Ainsi, on retrouvait, en tant que représentants politiques, Manuel Tornare, membre du Parti socialiste suisse, ancien maire de Genève et conseiller national et Cyrille Fauchère, co-président de l’UDC. Venaient s’y ajouter Suzanne Sandoz, professeure honoraire en droit de la famille et des successions à l’Université de Lausanne ; Florent Jouinot, ancien coordinateur des projets jeunes pour Vogay (association LGBT vaudoise) ; Caroline Dayer, chercheuse spécialiste des discriminations à l’Université de Genève ainsi que des témoignages d’anonymes, homos et parents d’homos.
 
Après la diffusion de Baisers cachés, un film avec Patrick Timsit traitant de l’homophobie chez les jeunes, la présentatrice – Romaine Morard – ouvre les débats en se demandant : « Pourquoi, en 2016, est-il toujours aussi difficile d’être adolescent et gay ? Pourquoi, même chez les adultes, l’homosexualité reste encore bien souvent cachée, taboue ? Faut-il plus de prévention, à l’école notamment ? Et faut-il plus de modèles ?
 
L’UDC compare mariage homo et polygamie
 
Si un certains consensus sur l’égalité des droits et la lutte contre l’homophobie se fait sentir sur le plateau, on (re)découvre les positions farouchement homophobes de l’UDC. Ainsi, pour Cyrille Fauchère, « On ne peut pas mettre sur un même piédestal mariage homo et mariage hétéro. Il y a forcément une opposition », avant de rappeler son attachement à « l’ordre naturel des choses », « à la famille traditionnelle » qui est « le noyau essentiel de la société ». Et l’UDC de comparer, comme Marion Maréchal-Le Pen en mars dernier lors d’un déplacement en Italie, l’ouverture du mariage aux couples homosexuels à une possible acceptation de la polygamie, provoquant la désapprobation des autres invités et les huées du public. « Où va-t-on s’arrêter ? » se justifie-t-il ? Car d’après Monsieur Fauchère « Il y a 15 ans, les associations avaient promis de s’arrêter au mariage. J’aimerais qu’elles tiennent parole », faisant de l’égalité des droits un principe négociable et non universel.
 
Au sujet de la lutte contre l’homophobie, Cyrille Fauchère préfère lutter « contre toute les formes de discriminations » et se dit « contre l’idée qu’on généralise et priorise ce facteur d’exclusion [l’homophobie, ndlr] », une position louable en soi si elle n’avait de cesse de nier la réalité du terrain à savoir que « l’ insulte homophobe est banalisée alors que l’injure raciale ne l’est pas, tant d’un point de vue légal que social », comme le souligne Florent Jouinot, d’où la nécessité de nommer les choses (orientation sexuelle, identité de genre…) pour mieux combattre les discriminations qui en découlent.
 
De nombreux dérapages des membres du parti
 
Mais le coup de grâce arrive lorsque Cyrille Fauchère déclare « Je serai d’accord pour en faire plus contre l’homophobie le jour où l’on en fera autant contre l’UDC-phobie » [Le Conseil national suisse discute actuellement d’un possible amendement de l’article 261 bis du Code pénal afin que l’orientation sexuelle fasse partie des propos haineux réprimés par la loi, ce qui n’est actuellement que le cas de « la religion, l’ethnie et la race », ndlr]. Manuel Tornare, homme politique ouvertement homosexuel, lui rétorque sèchement : « On a rarement vu des jeunes de 18 ans se suicider parce qu’ils étaient UDC ».
 
« L’UDC n’a pas le monopole des boulettes sur l’homophobie mais les dérapages y sont fréquents », comme le rappelle Thomas Wiesel, un jeune humoriste suisse, qui a pris un malin plaisir à descendre Cyrille Fauchère dans une vidéo-édito publiée par L’Hebdo.
« On se demande si l’homophobie n’est pas créée par les homosexuels », « L’homosexualité est un comportement déviant » ou « [Les homos] ont le cerveau à l’envers », sont quelques-uns des dérapages entendus chez les membres du Parti. En France, on se souvient que la polémique sur les affiches de l’UDC avait traversé nos frontières qui, soit dit en passant, ils se feraient un plaisir de refermer.
 
Le paradoxe de l’UDC
 
Un parti à mi-chemin entre la Manif pour tous et le Front national ? Y-a-t’il des points communs, des liens entre l’UDC et le parti d’extrême droite français ? D’après Le Temps, pas tant que ça. Si les deux partis sont jugés populistes et nationalistes et que leur ascension dans les urnes ainsi que leurs programmes ont certaines similitudes (islamophobie, rétablissement des frontières, préférence nationale…), leurs origines, leur légitimité et leur crédibilité sont loin d’être comparables. L’UDC a toujours fait partie du paysage politique local, contrairement au FN en France, et ne souhaite pas être associé à un parti infréquentable. A l’inverse, le FN salue les victoires du parti suisse sans pour autant récolter de réactions de sa part. En somme pour l’UDC : chacun chez soi, ce qui nous intéresse c’est la Suisse. Alors que le FN se verrait bien mener un grande coalition paneuropéenne.
 
On a quand même trouvé un point commun avec le FN : l’ouverture silencieuse de l’UDC aux homosexuels et le paradoxe idéologique qui en découle. Ainsi, le parti compte dans ses rangs des personnalités telles que Hans-Ueli Vogt, conseiller national, ou Beat Feurer, conseiller municipal biennois et président de l’association GayUDC. Tous deux, à l’instar de Florent Philippot ou de Steeve Briois en France, sont les nouveaux visages de l’UDC, bien qu’ils soient critiqués, parfois ouvertement, par la vieille garde du parti. Une critique qu’ils regrettent mais qu’ils assument, tout comme le paradoxe qui consiste à être à la fois homosexuel et membre d’une formation politique homophobe. Pour eux, peu importe ! Car, ce qu’ils cherchent justement à déconstruire, c’est « cette idée préconçue d’une communauté homosexuelle forcément bercée par des convictions de gauche ». Un pari en passe d’être gagné puisque l’UDC est, depuis plusieurs années, le premier parti de Suisse. En 2015, le parti sort grand vainqueur des élections fédérales en remportant 65 des 200 sièges que compte le Conseil national (l’équivalent de l’Assemblée nationale) et 11 des 46 sièges que compte le Conseil des Etats (l’équivalent du Sénat). A titre de comparaison, le Parti socialiste suisse, qui arrive en deuxième position, obtient respectivement 43 et 3 sièges.