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 d’ADHEOS

Une étude d’opinion commandée par Catholic Voices montrerait qu’environ un quart des homosexuels britanniques ne souhaiteraient pas se marier s’ils le pouvaient. Mais une lecture plus précise du document remet en cause cette conclusion.
 
ls ne seraient que 27% à convoler s’ils en avaient le droit, et quatre homos sur dix estimeraient que le mariage n’est pas une priorité. C’est ainsi que le Daily Mail et le Daily Telegraph, quotidiens britanniques conservateurs, lisent les conclusions d’une étude effectuée par l’agence ComRes à la demande de Catholic Voices. Une analyse qui permet à Austen Ivereigh, le directeur de l’organisation, de dire: «Non seulement le gouvernement n’a aucune légitimité pour engager ce projet impopulaire, mais ceux qui pourraient en bénéficier ne semblent pas enthousiastes. Les chiffres ne mentent pas.»
 
Mais selon The Guardian, si les chiffres ne mentent pas, ceux qui les analysent le peuvent et le font. Il suffit de reprendre l’étude pour comprendre les réticences du quotidien. 27% des interrogés répondent à l’affirmative à une question bien plus précise que la classique: «Etes-vous pour ou contre le mariage gay?». Le libellé exact était: «Je me marierais avec mon partenaire si la loi l’autorisait». Un quart des sondés ont donc dit qu’ils souhaiteraient épouser leur partenaire actuel. La question portait plus sur la qualité de leur relation que sur une volonté d’égalité.
 
Une analyse tronquée
Quant aux quatre sur 10 qui estimeraient que le mariage homo n’est pas une priorité, ils s’exprimaient cette fois non pas sur une affirmation très large et non personnalisée, mais sur ce qu’ils pensaient être l’opinion «de la communauté». Ce qui ne révèle en rien leur positionnement propre.
 
En revanche, le Daily Mail omet un autre chiffre qui serait en contradiction avec son interprétation: 77% des sondé-e-s désapprouvent l’idée que le mariage serait uniquement l’union «d’un homme et une femme».
 
La marge d’erreur qui peut tout changer
Avec ces chiffres tirés dans tous les sens, on en oublierait presque que 50% estiment que l’ouverture du mariage à tous est «important pour eux». Or il faut se rappeler que l’Angleterre permet les partenariats civils qui n’ont de différent du mariage que le nom. L’ouverture du mariage est certainement plus une reconnaissance de l’égalité qu’une avancée pratique. Mais là encore, il faut, comme le fait remarquer le Guardian, regarder l’échantillon des personnes interrogées. Seules 541 personnes ont répondu aux questions par téléphone, sur 10.000 sollicitées initialement.
 
Dans le lot, seules 55 personne s’identifient comme lesbiennes, 61 se marquent «autre» (ni homo, ni hétéro) et 60% sont des hommes. L’échantillon est donc peu représentatif. D’autant plus qu’un sondage classique s’effectue avec les réponses de 1.000 personnes permettant une marge d’erreur de 3%. Le Guardian calcule qu’avec ce sondage, la marge est de 4,5%. Un chiffre qui peut suffire à faire passer au-delà de la barre des 50% de ceux qui estiment que le mariage est important.