Législatives: Christian Vanneste officiellement candidat UMP dans le Nord

 

«Il ne s’agissait que d’un secret de polichinelle», écrit La Voix du Nord dans l’article qui révèle l’information. «C’était un pseudo suspense», lâche son futur opposant EELV, Bernard Despierre. «Un non-événement, surenchérit son homologue MoDem, Frédéric Lefebvre. Qui pensait sérieusement, alors qu’on le voit partout à la télé assurer le Sarko-show, qu’il ne serait pas candidat»? À Tourcoing, la nouvelle ne surprend vraiment personne: le député Christian Vanneste sera le candidat de l’UMP pour se succéder à lui-même, dans la 10ème circonscription de Nord, aux élections législatives de cette année.

 

Car la nouvelle ne fait que confirmer l’importance du rôle qu’a pris le député du Nord au sein de l’UMP. Condamné en 2006 par le tribunal correctionnel de Lille pour propos homophobes – il avait, on le sait, asséné: «l’homosexualité est une menace pour la survie de l’humanité, (…) inférieure à l’hétérosexualité (et que) si on la poussait à l’universel, ce serait dangereux pour l’humanité» –, il l’avait été à nouveau par la cour d’appel de Douai en 2007 avant d’être blanchi par la Cour de cassation l’année suivante.

 

Entre-temps, il était investi aux législatives de 2007… au titre du CNI, parti associé à l’UMP, mais sans que le parti majoritaire ne présente un candidat face à lui et bien que Nicolas Sarkozy avait assuré que «Christian Vanneste ne (serait) pas réinvesti dans le Nord». «On ne se fâche pas avec quelqu’un qui fait 58% (aux élections)», a cyniquement expliqué Christian Vanneste, alors que François Fillon s’affichait à son côté en guise de soutien. Réélu député, il a intégré sans problème le groupe UMP à l’Assemblée nationale, puis a été investi par le même parti pour les municipales de Tourcoing (qu’il a perdues).

 

Depuis, Christian Vanneste semble chargé de soigner la droite de l’UMP. Figure de proue de la Droite populaire, il a notamment déclaré que le Front national est «un parti comme les autres» et prôné l’union avec le FN. Bref, dans le concert de la majorité, sa voix est très utile pour séduire un électorat large… et en particulier celui du Nord, où son siège de député est bien ancré. A l’approche d’élections législatives qui s’annoncent difficiles pour l’UMP, «impossible dans un contexte national aussi tendu de “zapper” un député sortant bien implanté», résume La Voix du Nord.

 

Depuis l’annonce de cette investiture, les réactions pleuvent. «J’espère vraiment que la population va balayer ce personnage qui a tenu à l’Assemblée nationale des propos indignes, a déclaré Dominique De Clercq-Danel, candidate du Front de Gauche dans la circonscription. Il se cache derrière l’étiquette UMP mais il est très proche du FN. Tous les candidats de l’UMP sont mes adversaires, mais lui est un adversaire particulier…» De son côté, Gilles Bon-Maury, président de Homosexualités et socialisme, estime que «l’UMP semble avoir renoncé à lutter contre l’homophobie» après que «le projet de l’UMP pour 2012 a été adopté sans une seule ligne consacrée à la lutte contre les violences et les discriminations dont les LGBT sont victimes».

 

Les électeurs suivront-ils? Un Lillois, dans les commentaires de La Voix du Nord, s’interroge: «Est-ce que les Tourquennois vont encore se laisser avoir par ce type qui représente la branche extrême de la droite? Voter pour lui ou pour le FN, ça revient au même!» En tout cas, la campagne de Christian Vanneste sera certainement le théâtre d’enjeux qui dépasseront la 10ème circonscription du Nord…

 

 

Dans un communiqué ce matin, le groupe homo de l’UMP manifeste «son indignation, et son incompréhension face à la décision de la commission nationale d’investiture de l’UMP qui n’honore pas (sa) famille politique.» En investissant Christian Vanneste, la commission nationale d’investiture de l’UMP vient de commettre une double faute: elle a commis une faute morale en investissant un candidat qui ne respecte pas ces valeurs. (Et) elle a commis une faute politique en croyant qu’un tel candidat pourrait lui apporter la victoire», écrit GayLib.

 

«A l’inverse, cette investiture servira de repoussoir bien au-delà de Tourcoing: ce contre exemple sera largement utilisé par nos adversaires», écrit Emmanuel Blanc, président de GayLib, qui «place maintenant ses derniers espoirs de sursaut républicain dans la campagne présidentielle. Nous espérons que le futur candidat saura défendre l’égalité des droits pour tous les couples de France, quels qu’ils soient, homos ou hétéros. Parce que l’égalité des droits est au cœur de notre engagement politique, GayLib forme le souhait que l’engagement du futur candidat à l’élection présidentielle vienne laver l’affront personnel fait aujourd’hui à tous les gays et les lesbiennes de France.»