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 d’ADHEOS

Les couples gays et lesbiens devraient bientôt avoir le droit d’adopter… mais seulement à condition que l’enfant soit que celui d’un des deux partenaires.
 
Le Conseil fédéral, qui représente le pouvoir exécutif en Suisse, a franchi un cap mercredi en se positionnant au sujet de l’homoparentalité: il s’est exprimé en faveur de l’adoption de l’enfant du partenaire enregistré, et ce «dans l’intérêt de l’enfant». Il s’agit cependant d’une adoption limitée. L’enfant doit avant tout être celui d’un des deux partenaires, issu d’une précédente union.
 
Pas d’adoption généralisée
L’organe exécutif a donc répondu de manière favorable à une motion du Conseil des Etats (qui fait partie du pouvoir législatif et représente les 26 cantons suisses), intitulée «Droits de l’adoption, mêmes chances pour toutes les familles». Mais le Conseil fédéral a fait savoir qu’il maintenait l’interdiction d’une adoption généralisée et sans restrictions pour les couples homos, même si un gay ou une lesbienne célibataire possède ce droit, à l’instar de la France.
 
En Suisse, entre 6.000 et 20.000 enfants vivent au sein d’une famille homoparentale. Adopter l’enfant de son compagnon ou de sa compagne garantirait à de nombreux enfants une protection juridique égale à celle d’autres progénitures élevées par des couples mariés, sans compter le droit de visite et d’héritage.
 
«Nous ressentons une discrimination»
Pour Melody et Karine, ensemble depuis six ans et mamans d’un petit Kylian (un an), la réponse du gouvernement est un grand pas en avant. Mais les deux Romandes de 25 ans restent lucides. «Parce que notre couple a une sexualité différente, notre fils n’est toujours pas protégé comme les autres enfants de familles standards. Nous ressentons cela comme une discrimination», constate Melody, qui a porté et mis au monde Kylian en 2011 grâce à un donneur scandinave.
 
«Les politiciens citent souvent le bien de l’enfant comme argument. Mais il est où le bien-être de l’enfant s’il n’est pas protégé face aux imprévus de la vie? s’interroge encore Melody. Si la mère biologique décède, la mère sociale n’a aucun droit. L’enfant est placé, soit dans la famille biologique, soit ailleurs. Non seulement il perd la maman qui est décédée, mais en plus il perd sa seconde mère, celle qui a tout autant participé à son éducation.»
 
Un projet contesté dans la sphère politique
Du côté des opposants à cette adoption limitée, Christophe Darbelley, président du Parti démocrate-chrétien (PDC), estime que «pour orienter une enfant, il faut un père et une mère». Interrogé ce matin par le quotidien suisse alémanique Tages Anzeiger, le Valaisan ajoute: «Le Conseil fédéral ouvre la possibilité pour les homosexuels d’adopter les enfants de leur partenaire. Et dans un prochain temps, on donnera la possibilité générale aux couples homosexuels d’adopter des enfants. Je suis persuadé que le PDC et d’autres partis bourgeois ne vont pas l’accepter.»
 
Le texte de la motion sera débattu le 14 mars prochain au Parlement avant de pouvoir être validé.