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 d’ADHEOS

Le Grand maître de l’Ordre de Malte, Matthew Festing, a démissionné à la demande du pape François, après un mois de bras de fer inédit sur fond de lutte de pouvoir au Vatican et d’une polémique sur des distributions de préservatifs.
 
L’affaire a commencé avec le départ forcé du numéro trois de l’Ordre, Albrecht von Boeselager .
 
L’Allemand Albrecht von Boeselager, grand chancelier de l’Ordre de Malte depuis 2014, a été démis de ses fonctions le 8 décembre pour avoir toléré la distribution de préservatifs à des personnes à risque pour leur éviter de contracter le virus du sida, selon des médias catholiques.
L’Ordre souverain de Malte avait jugé « inacceptable » une enquête diligentée par le pape après le renvoi d’un haut gradé de l’ordre, soulignant dans un communiqué qu’il s’agissait d’une décision purement « interne ».
Le pape François avait nommé une commission de cinq membres éminents pour éclaircir l’affaire. « Le remplacement de l’ancien grand chancelier est un acte de l’administration gouvernementale interne de l’Ordre souverain de Malte et, par conséquent, relève uniquement de sa compétence », avait rétorqué l’institution dans un communiqué publié sur son site internet.
 
Le 6 décembre, le grand maître de l’Ordre, Fra’ Matthew Festing, avait convoqué Albrecht von Boeselager pour exiger « sa démission ».
 
L’Allemand, issu d’une grande famille ayant combattu Adolf Hitler, avait refusé, un acte qualifié de « déshonorant » par un ordre basé sur la stricte obéissance des « chevaliers » à leur supérieur.
 
Il semble que la distribution de préservatifs dans un dispensaire en Birmanie a été un élément déclencheur, même si l’Ordre de Malte ne l’a jamais évoqué ouvertement.
 
Selon une source interne, Albrecht von Boeslager aurait d’ailleurs arrêté la distribution dès qu’il en a eu connaissance. Le préservatif reste largement tabou au sein de l’Eglise catholique, qui rejette toute forme de contraception même si le pape François lui-même a appelé en novembre à un "comportement responsable" face au sida.
 
Selon des sources au sein de l’Ordre, l’affaire tourne autour de la bataille rangée d’une frange conservatrice de l’Eglise contre le pape François. En effet, le représentant du pape à la tête de l’Ordre n’est autre que le cardinal américain Raymond Burke, un ultra-conservateur placé à ce poste honorifique pour être écarté du gouvernement du Vatican.
Farouche défenseur d’une doctrine pure et dure, Mgr Burke défie ouvertement le pape sur un important texte ouvrant aux évêques la possibilité d’autoriser dans certains cas des divorcés remariés à communier.
 
Dans plusieurs interviews à la presse catholique, le cardinal frondeur a même sommé le pape de rectifier ce qu’il considère comme une erreur remettant en cause le dogme de l’indissolubilité du mariage catholique.
La bataille a également éclaté au moment où le frère d’Albrecht von Boeslager a été nommé au conseil d’administration de la Banque du Vatican (IOR), en plein assainissement après avoir été éclaboussée par une série de scandales. "Le timing est très significatif", avance une source.
 
Le Grand maître de l’Ordre de Malte, Matthew Festing , à qui l’ont prête une forte personnalité, a-t-il agi sous l’influence de l’agressif cardinal Burke ou a-t-il simplement défendu sa souveraineté?
 
Le Britannique Matthew Festing, qui était en principe nommé à vie, réunira samedi son Conseil souverain pour entériner formellement sa démission. L’Ordre de Malte, dont les origines remontent aux croisades, a été fondé à Jérusalem en 1048 comme une communauté d’hospitaliers chargés de soigner les malades, avant d’être reconnu par le pape en 1113.