Depuis un peu plus d’un mois, l’association Aides propose un test rapide de dépistage du VIH dans deux lieux de rencontres parisiens, avant d’étendre cette proposition à la France entière.
C’est au Dépôt et au Sun City que ça se passe. Chaque mardi pour le sex-club et chaque jeudi pour le sauna, une équipe mêlant volontaires et salariés de Aides propose, de 17h à 20 heures, un dépistage rapide du virus du sida. Ce test sanguin, où une goutte de sang est prélevée sur le doigt, a été autorisé en France par décret. Il affiche un taux de fiabilité de 99,8%.
Cette opération, menée avec le Syndicat national des entreprises gaies (SNEG) est le premier volet d’une proposition qui devrait s’étendre à tout le territoire français. «Nous sommes impatients, le dépistage doit faire partie de toutes nos actions de prévention» explique Dominick Descharles, chargé de mission prévention HSH (hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes) à Aides. Vincent Vivet, volontaire à l’association et référent sur la mise en place des tests rapides en Ile-de-France, souligne que l’offre répond bien aux attentes des clients des établissements: «Ils peuvent faire le test assez rapidement ou encore bénéficier du test et d’un entretien. Bien sûr, ils sont libres de le refuser, leur consentement est essentiel.»
Un dépistage «communautaire»
Mené dans un endroit calme et propice à la confidentialité, le test prend entre vingt minutes et une heure. L’objectif, c’est de dépister les séropositifs qui s’ignorent. Parmi l’équipe de terrain, on ne trouve pas de médecin. Ce dépistage dit «communautaire» met en présence des militants formés face à des gays ou des bisexuels. La présence de filles dans l’équipe est bien perçue, même dans ces bastions du plaisir entre hommes: certains gays se livrent plus facilement à une femme. D’autres hommes, qui ne se reconnaissent pas comme homos dans la vie de tous les jours, trouvent plus simple de parler à quelqu’un du sexe opposé. «Les gens qui choisissent de se faire dépister ici apprécient d’avoir le temps de dialoguer, ce qui n’est pas toujours possible dans un centre de dépistage» rappelle très justement Vincent Vivet. Entre quinze et vingt personnes se font tester lors de chaque session. L’idée n’est pas de cumuler les tests: l’équipe cherche davantage à faire bien qu’à faire beaucoup.
En cas de résultat positif du test rapide, un second test de confirmation, obligatoire selon les textes de loi, est donc proposé. Il peut se faire avec le soutien d’un militant. «La proposition d’accompagnement va bien plus loin qu’un simple échange. Elle commence avant le test et se poursuit après» souligne l’équipe. Cela veut dire qu’en cas de test révélant une sérologie positive, la personne peut être accompagnée jusqu’à la mise sous traitement, si elle est souhaitée.
S’adapter aux pratiques
En cas de mauvaise nouvelle, personne n’est «lâché» au beau milieu du sauna ou du sex-club. Les équipes, formées à la relation d’aide, veillent aussi à assurer une présence si besoin. Cet accompagnement est aussi valable quand les résultats se révèlent négatifs. «Sans jugement, nous proposons un échange autour de la prévention. Nous nous adaptons aux pratiques des personnes. Avec celle qui prend des risques, on essaie de trouver ce qui peut motiver le changement» explique Dominick Descharles. Aides comme le SNEG notent déjà un vif intérêt pour ce type d’initiative, venant notamment d’associations ultra-marines.
Malgré la baisse de financement qui les touche, les deux structures souhaitent un effet boule de neige. Chacun pense déjà aux futurs tests qui pourront dépister, avec une même goutte de sang, la présence d’une hépatite ou d’une infection sexuellement transmissible dans l’organisme. Et ce n’est pas de la science-fiction: là aussi, les tests sont en cours