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 d’ADHEOS

Éviter les stéréotypes, choisir des photos adaptées, employer les bons termes… L’association veut simplifier la tâche des journalistes dans le traitement «de sujets parfois complexes».
 
Mathieu Magnaudeix, journaliste à Mediapart, est catégorique: «Nous ne sommes pas la nouvelle brigade rose de la pensée et nous ne sommes pas là pour tenir la plume de nos confrères/consœurs». À quelques jours de la Marche des Fiertés de Paris, l’Association des journalistes lesbiennes, gays, bi.e.s et trans’ (AJL) présentait hier, lundi 23 juin, à la Maison des métallos dans le XIe arrondissement de Paris, un kit intitulé «Informer sans discriminer» pour un meilleur traitement des questions et des personnes LGBT dans les médias.
 
Composée d’une trentaine d’adhérent.e.s de rédactions distinctes comme 20 Minutes, Mediapart, Yagg, Stylist, Arte, Telerama ou TV5 Monde, l’AJL a été créée au printemps 2013 à la suite des débats sur le mariage pour tous. D’un constat d’abord: en France, à l’inverse des États-Unis, il n’existait pas d’association de journalistes LGBT. De profondes interrogations ensuite: «Le traitement médiatique du projet de loi nous a en effet fortement interrogé.e.s», est-il précisé dans le kit de présentation.
 
«Propos caricaturaux publiés sous la plume de confrères et consœurs dans leurs éditoriaux, espace et temps disproportionnés accordés à des opposant.e.s à la loi sur les plateaux de télévision ou dans les pages de magazine etc. Tout s’est passé comme si les propos à caractère homophobe n’étaient qu’une simple opinion et non un délit et comme si les discriminations envers les homosexuel.le.s étaient plus acceptables que celles qui touchent d’autres minorités.»
 
Et ce d’autant qu’«il existe de vraies disparités de traitement entre les titres de presse» observe Yohann Roszéwitch, président de SOS homophobie, qui participait à la présentation du kit. Dans son dernier rapport 2014 sur la gayphobie, lesbophobie, biphobie et transphobie, l’association de lutte contre les LGBTphobies a notamment dédié un chapitre au traitement médiatique du mariage pour tous qui n’y est pas pour rien dans la diffusion et la libération de la parole homophobe.
 
«UN OUTIL À LA DISPOSITION DES RÉDACTIONS»
Divisé en sept chapitres, le kit de l’AJL se veut «un outil à disposition des rédactions», commente Mathieu Magnaudeix. «Il faut voir ce kit comme une aide pour traiter de sujets parfois complexes», renchérit Léa Lootgieter, co-présidente de l’AJL. «L’idée était d’aborder les clichés véhiculés régulièrement par la presse pour les déconstruire. Un exemple: les articles qui titrent sur “la tendance bi” amènent très souvent à invisibiliser la bisexualité. Attention à ce type de sujets un peu racoleurs», poursuit-elle.
 
Car le travail reste considérable, et les erreurs, imprécisions et autres maladresses toujours aussi nombreuses. Le kit donne à ce sujet quelques «bons conseils» pour éviter certains travers et abus de langage: ne pas utiliser l’expression «avouer son homosexualité», qui fait de l’homosexualité une faute; respecter le genre vécu des personnes dont on parle comme pour Chelsea Manning; ne pas catégoriser le mariage en employant l’expression «mariage gay»; déconstruire et remettre en perspective certains slogans et expressions des opposant.e.s à l’égalité (comme la pseudo «théorie du genre» ou le «lobby gay») qui ne relèvent d’aucune réalité; ou encore, faire correspondre image et texte, en arrêtant d’illustrer l’homoparentalité ou la transparentalité par des photos de marches des fiertés.(…)