Un rapport rendu par une commission parlementaire britannique recommande la tolérance zéro contre l’homophobie dans le sport, et en particulier dans le football.
C’est le verdict d’une importante étude menée par le comité Culture, Média et Sport – lui-même nommé par la Chambre des communes britannique – et qui tire la sonnette d’alarme. Dressant le constat que l’homophobie dans le sport est plus élevé que dans le reste de la société, et apparaît même comme le plus gros problème discriminatoire dans le football (selon une étude de 2012 sur le racisme dans le sport), les parlementaires britanniques ont adressé leurs recommandations aux officiels sportifs.
Choisir la pratique sportive et le coming-out
Ils préconisent ainsi de venir davantage en aide aux joueurs qui souhaitent faire état de leur homosexualité, tant pour améliorer leur bien-être que pour que les pratiques sportives ne se voient pas privées de talents.
Selon le rapporteur Damian Collins, « les jeunes joueurs et athlètes sentent parfois qu’ils doivent faire un choix entre sortir du placard et poursuivre le sport de leur choix. En conséquence, ils abandonnent le sport, ou comme ce fut le cas avec certains sportifs professionnels, ils attendent leur retraite pour faire leur coming-out. »
Face à cette crainte de conséquence directe sur leur carrière et leur entourage, les parlementaires exigent que les sponsors assurent aux joueurs que leur contrat ne sera pas rétrogradé ou perdu s’ils viennent à sortir du placard. Cette idée résonne avec la proposition du patron de la Fédération anglaise de Football (FA) d’encourager les joueurs professionnels dans le placard à faire leur coming-out en même temps, pour ne pas être isolé dans cette démarche. Jusqu’à présent, le football anglais n’a connu que le coming-out de Justin Fashanu en 1990, et ce dernier s’était suicidé huit ans plus tard, après une tragique campagne homophobe conduite à son égard.
Ne plus laisser les clubs décider des sanctions
La commission parlementaire préconise également une « tolérance zéro » vis-à-vis des comportements homophobes, et demande à ce que les officiels de tous niveaux signalent tout type d’abus homophobes, dans les gradins comme sur le terrain. Les élus souhaitent notamment normaliser les sanctions « qui sont trop souvent laissées à la discrétion du club de l’organe directeur concerné. » Ils prônent même la mise en place d’exclusion immédiate d’un an voire de deux ans pour envoyer un message fort aux sportifs comme aux supporters : l’homophobie n’est pas tolérée.
Plus globalement, les parlementaires britanniques invitent le monde sportif à une plus grande implication dans la lutte contre l’homophobie par des campagnes de sensibilisation (à l’instar des lacets et brassards arc-en-ciel portés les 26 et 27 novembre dernier) plus massives.
Selon le rapport, les députés en charge du dossier s’étaient mobilisés parce qu’indignés par la nomination du boxeur Tyson Fury sur la liste pour l’élection de la Personnalité sportive de l’année par la BBC en 2015, malgré les propos homophobes avérés de l’athlète.
En France, les chiffres de l’homophobie dans le sport publiés par le gouvernement sont tout aussi alarmants qu’en Angleterre : 41% des footballeurs professionnels et 50% des joueurs de centre de formation auraient une attitude hostile envers l’homosexualité. Pour compléter la Charte contre l’homophobie dans le sport mise en place en 2010, le Ministère des Sports à lancé la campagne #CoupdeSifflet contre l’homophobie en mai 2015 pour favoriser l’intégration et le respect de la différence.
- SOURCE TETU