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 d’ADHEOS

Le Sidaction qui débute ce vendredi met l’accent cette année sur les difficultés d’emploi des malades
 
Il a 27 ans, veut qu’on l’appelle Jean-Baptiste. Il est allé trouver l’association Aides, pour évoquer son incroyable licenciement pour cause de… sida. 
 
Jean-Baptiste est danseur; lorsqu’il découvre sa séropositivité, il décide d’abandonner son métier, et travaille, alors, comme conseiller commercial dans une mutuelle, spécialisée sur les questions de santé. «J’étais sous traitement anti-VIH, nous raconte-t-il, et comme j’avais une prise le matin, j’amenais mes médicaments au travail que je laissais ensuite dans mon casier. Un soir, je les ai oubliés, et le lendemain il n’y avait plus rien.» Surprise. D’autant plus forte qu’il est convoqué aussitôt chez son supérieur qui lui «fait la morale», lui dit «de faire attention», «de ne pas aller aux toilettes». «C’était pénible. Je crois qu’il a dû le dire à tout le monde, je me sentais mis à part, mais il n’y avait pas d’homophobie», analyse-t-il. «Je gênais.» Pour lui c’est une collègue qui aurait fouillé dans son casier, et l’aurait ensuite dénoncé. «Elle voulait ma place.»
 
Depuis ? Il a démissionné. «C’est la seule fois qu’une chose comme cela m’est arrivé, et j’espère bien que ce sera la dernière.» A Aides, la plus importante association de lutte contre le sida, on le dit et on le répète : «Le combat pour l’emploi est essentiel.» Lors du Sidaction qui débute ce vendredi soir (1), ce sera un des axes mis en avant cette année : chaînes de télévisions et radios vont ainsi relayer pendant 72 heures non-stop, des appels aux dons en faveur de la recherche contre le sida, à l’occasion d’une nouvelle édition de cet événement unique en Europe par son ampleur médiatique.
 
«Les préjugés et les idées reçues sont tenaces»
 
«Nous n’en avons pas fini avec le sida ! Ces trois jours sont l’occasion de rappeler que les avancées sont bien réelles, mais que rien ne nous autorise à prédire la fin du sida dans un avenir proche», insistent les deux présidents de Sidaction, Pierre Bergé et Line Renaud. En France, si les traitements se révèlent de plus en plus performants, «les préjugés et les idées reçues sont tenaces. Ils représentent encore un obstacle de taille pour décrocher un job et parvenir à le garder», raconte Aides.
 
La dernière enquête de l’association sur cette question confirme ces inquiétudes. «Dans la sphère professionnelle, la séropositivité expose à l’isolement, au harcèlement, voire au licenciement», note Adeline, la responsable juridique de l’association. En 2007, une étude confirmait déjà que «le risque de devenir sans emploi est deux fois plus élevé chez les personnes en mauvaise santé et quatre à cinq fois plus élevé chez celles qui sont atteintes d’une affection longue durée». D’après un baromètre du CSA, rendu public le mois dernier, «plus d’un Français sur quatre a déjà été victime de discrimination au travail».
 
La dernière enquête «VIH, Hépatites et toi» met en lumière la situation très particulière des personnes séropositives: 46% des personnes interrogées déclarent «éprouver des difficultés au travail à cause de leur état de santé». «Le fait de dévoiler sa séropositivité peut entraîner de graves conséquences», poursuit Adeline. «Bon nombre de salariés séropositifs refusent d’en parler à leur médecins de travail de peur que cela se sache. De même, ils vont prendre des jours de congé pour leurs consultations. Et ce n’est souvent que trop tard qu’ils en parlent».
 
La situation financière d’un bon nombre des participants à l’enquête reste difficile. En 2010, 39,5% des répondants qui vivent avec le VIH n’ont touché que 950 euros par mois. «Enfin, conclut Adeline, se pose la question du vieillissement. Les séropositifs vieillissent, ils ont eu des carrières professionnelles souvent hachées, moins solides que d’autres, et donc se posent de plus en plus des départs à la retraite dans de très mauvaises conditions.»
 
(1) Les dons seront recueillis par téléphone (110, numéro d’appel gratuit), par internet (www.sidaction.org), par SMS (en tapant DON au 33 000, message non surtaxé) et par courrier (Sidaction 228, rue du Faubourg Saint-Martin 75010 Paris)