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 d’ADHEOS

En raison d’une loi fédérale hostile aux minorités sexuelles votée en Caroline du Nord, la Ligue de basket américain de la NBA retire l’organisation du "All-Star week-end" à la franchise des Charlotte Hornets. Une décision qui n’allait pas de soi, dans une ligue égratignée par les dérapages homophobes et jalouse de ses intérêts financiers.
 
Elle a le sobriquet d’une maladie honteuse et fait fuir les rois du sport business. La loi fédérale "HB2" promulguée en Caroline du Nord le 23 mars dernier, stipule que "les individus transgenres doivent utiliser les toilettes publiques qui correspondent à leur identité sexuelle assignée à la naissance", discriminant de fait les transgenres. Le texte, surnommé "loi toilettes" aux États-Unis où elle a provoqué un débat national, exclut par ailleurs la protection de l’identité de genre et de l’orientation sexuelle de sa définition de la non-discrimination.
 
En réaction à l’adoption de cette loi qu’elle juge contraire aux intérêts de la communauté LGBT, la puissante ligue de basket nord-américaine, la NBA, a décidé de retirer l’organisation en février 2017 du "All-Star Week-End" à Charlotte, plus grande ville de Caroline du Nord. Le All-Star week-end, vitrine de la ligue, réunit chaque année dans une ville différente l’élite des basketteurs NBA pour plusieurs rencontres amicales et diverses festivités.
 
Coup dur pour Charlotte
 
Pour la ville de Charlotte et le club des Hornets, désormais propriété de Michael Jordan, le coup est rude : Courrier international rappelle que le All-Star Weekend aurait été le plus grand événement accueilli par Charlotte depuis la convention nationale du Parti démocrate de 2012. Selon The News & Observer, les pertes économiques sont estimées à 100 millions de dollars, sans parler de l’"humiliation monumentale" représentée par un tel camouflet.
 
Dans un email interne, un actionnaire minoritaire du club des Hornets conteste la décision de la NBA, en s’en prenant aux opposants à la loi : "Si vous voulez changer de genre, faîtes-le, c’est un pays libre mais ne forcez pas un enfant de huit ans à partager des toilettes avec des gens qui n’ont pas les organes avec lesquels ils sont nés, ce n’est pas acceptable".
 
Du côté des instances dirigeantes de la NBA, on respire après avoir pris la décision de confier l’événement à un autre État, probablement la Louisiane ou le Minnesota. La ligue, qui fait tout pour lisser son image depuis les années 1980 afin de vendre son produit pour des montants astronomiques aux grands networks américains, doit encore affronter des déclarations de joueurs ou d’ex-joueurs pour le moins embarrassantes.
 
En NBA, l’homophobie est monnaie courante
 
Ainsi en décembre 2015, Rajon Rondo, l’un des meilleurs meneurs de NBA, a cru bon de proférer des insultes homophobes à un arbitre qui venait de faire son coming out. Il fera amende honorable, sans s’excuser pour autant. Début mai dernier, ce sont des vieux tweets – effacés depuis – du joueur de Portland Al Farouq Aminu qui ont défrayé la chronique. Celui-ci y allait de quelques réflexions nauséabondes, du type : "Si vous un coloc gay, vous pouvez vous tirer une balle". En 2007, le jeune retraité des parquets Tim Hardaway, l’un des joueurs les plus spectaculaires des années 1990-2000, lâchait même en pleine émission radio :
 
"Eh bien, je déteste les homosexuels. Je le dis clairement. Je n’aime pas les gays et je n’aime pas être avec eux. Je suis homophobe. Je n’aime pas ça. Ça ne devrait pas exister dans le monde ou aux Etats-Unis. Si j’avais eu un coéquipier homosexuel dans mon équipe, j’aurais tenté de le faire virer."
 
Ses excuses, formulées quelques heures après ces déclarations fracassantes, n’y changeront rien. Si la boule puante de Hardaway faisait suite au coming out de l’ancien joueur John Amaechi, déjà retiré des parquets, c’est le pivot Jason Collins qui aura été le premier joueur en activité d’un sport collectif américain à assumer son homosexualité, en 2013.
 
Une initiative qui vaudra à Collins les félicitations de Barack Obama, mais peut-être aussi la fin de sa carrière NBA : nul ne sait si sa retraite, après une ultime saison au bout du banc des Nets du New Jersey, est la conséquence de son modeste niveau ou de son coming out. Quoiqu’il en soit, la NBA a déclaré qu’elle était prête à revenir en Caroline du Nord pour l’édition 2019 de l’événement, si la loi est modifiée d’ici là.
 
Michael Jordan a donc du pain sur la planche. Dans un communiqué publié par son équipe, dont le joueur vedette est le Français Nicolas Batum, la légende du basket préfère se projetter vers l’avenir : "Il y a eu un effort réel de la part de chaque partie pour maintenir l’évènement à Charlotte et nous sommes déçus d’avoir échoué. Ceci étant dit, nous sommes ravis que la NBA laisse la porte ouverte à Charlotte pour l’organisation d’un All-Star Game, aussi rapidement que le calendrier le permette, en 2019".