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 d’ADHEOS

Produit d’une société violemment homophobe, des bandes de SDF homos et transgenres empoisonnent la vie d’un quartier chic de Kingston, Jamaïque. L’association LGBT locale estime qu’elle ne peut plus rien pour eux.
 
Un étrange fait divers a apparu hier sur le site du «Jamaica Observer». Intitulé «Gays vicieux – des hommes homosexuels jettent des pierres sur un supermarché et menacent le personnel», l’article laisse entrevoir une réalité méconnue de l’un des pays réputés les plus homophobe du monde: celle des sans-abri LGBT. Ils seraient des centaines à arpenter les rues de New Kingston, un secteur relativement prospère de la capitale. C’est là que, samedi dernier, un groupe de dix-sept «hommes gays, dont des travestis» aurait attaqué un magasin, où trois d’entre eux avaient tenté de se procurer de la nourriture avec une carte de crédit douteuse. Les membres du «gang» auraient menacé le personnel «avec des couteaux et des machettes».
 
L’incident n’est, de loin, pas le premier impliquant des «gays voyous», selon l’expression de la police locale. L’exaspération serait à son comble parmi les commerçants du quartier. Des groupes d’homos seraient coutumiers d’attaques à l’arme blanche, de bagarres et de scandales divers, particulièrement le soir.
 
Exclusion
Un article de 2011 publié sur le site Focus Rights estimait que 40% des sans-abri, en Jamaïque, étaient LGBT. Une conséquence directe de la stigmatisation et de l’exclusion visant les minorités sexuelles, par ailleurs très vulnérables au VIH. Les rapports «contre-nature» sont passibles de dix ans d’emprisonnement ou de travaux forcés dans l’île. Surtout, les homosexuels et les transgenres sont les cibles d’une violence sociale endémique, encouragée par les mouvements religieux évangéliques et certaines formes de culture populaire rastafari. Malgré tout, des associations LGBT se sont développées ces dernières années, avec l’aide de politiciens progressistes et sous l’effet d’une pression occidentale accrue.
 
Mais les timides progrès enregistrés ne semblent pas arriver jusqu’aux trottoirs de New Kingston. La situation serait telle, note le «Jamaica Observer», que la principale association de défense des droits des minorités sexuelles en Jamaïque, J-Flag, aurait «abandonné» à leur sort les sans-abri LGBT. De fait, fin janvier, J-Flag a publié un communiqué sur son site où elle se désolidarise des débordements et encourage la police locale à agir. «Il est nécessaire d’appréhender et d’incarcérer les personnes qui commettent des crimes et de diminuer l’impact des hors-la-loi sur les commerçants, les résidents, les employés et les pendulaires», écrivait le président de J-Flag, Dane Lewis.
 
«Nous sommes à genoux»
Quatre mois plus tôt, le «Jamaica Gleaner» livrait un compte-rendu édifiant d’une rencontre entre élus locaux, ONG et une poignée de jeunes gays sans-abri. Le président de J-Flag expliquait qu’il jetait l’éponge après avoir mis en place des structures d’accueil et d’assistance psycho-sociale. Faute de fonds et de personnel, mais aussi en raison de l’insécurité créée par les SDF eux-mêmes. Parmi les jeunes présents, l’un d’eux avait crié son désarroi. «Nous sommes à genoux», a-t-il lancé, expliquant qu’ils manquaient de tout: nourriture, vêtements, abri… Selon le «Gleaner», Lewis a répondu en dénonçant l’irresponsabilité des jeunes. «Tout ce qu’ils ont fait, c’est traumatiser nos équipes.»