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 d’ADHEOS

Elle a fait campagne sous la devise “Dieu, patrie et famille”. Ces dernières années, Giorgia Meloni, la leader du parti Fratelli d’Italia et probable future première ministre de l’Italie, a tenu des propos qui inquiètent les défenseurs des droits des femmes et des LGBT.

La France sera “attentive” au “respect” des droits humains et du droit à l’avortement en Italie, a affirmé lundi matin Élisabeth Borne. La Première ministre réagissait après la victoire du parti post-fasciste de Giorgia Meloni dimanche lors des élections législatives italiennes. Fratelli d’Italia a remporté plus d’un quart des voix. “J’ai peur pour les femmes, (…) pour les homosexuels”s’inquiétait lundi au micro de France Inter la philosophe et ex-députée italienne Michela Marzano. Si Giorgia Meloni veut apparaître comme une politicienne moderne, ses prises de positions et ses discours dévoilent un projet de société très conservateur.

“Oui à la culture de vie, non à celle de la mort !”

La présidente de Fratelli d’Italia se dit très inquiète du déclin démographique enregistré par l’Italie. Le taux de natalité y était en 2020 de 1,24 enfant par femme, soit l’un des plus bas de l’Union européenne. Pour faire remonter les chiffres, Giorgia Meloni veut limiter le recours à l’IVG. “Nous ne toucherons pas à la loi sur l’avortement, nous voulons juste que (les femmes) sachent qu’il y a d’autres options”, a déclaré Giorgia Meloni. Mais dans un discours prononcé en Espagne en juin dernier, devant des militants du parti d’extrême droite Vox, la tonalité était bien différente : “Oui à la culture de vie, non à celle de la mort !”

L’Italie pourrait-elle être prendre des mesures aussi radicales qu’en Pologne et en Hongrie et violer l’un des principes fondamentaux de l’Union européenne ? L’ex-commissaire européenne Emma Bonino, cheffe du parti italien Europa et incarcérée dans les années 1970 en raison de son combat pour légaliser l’IVG craint que Giorgia Meloni ne “ne fasse pression pour que la loi (sur l’avortement) soit ignorée” , exacerbant des problèmes qui existent déjà : difficulté à se procurer des pilules abortives ou à trouver des gynécologues disposés à effectuer l’avortement. Les Italiennes ont acquis le droit à l’interruption volontaire de grossesse en 1978. Elles peuvent recourir à un IVG lors des 90 premiers jours (contre 14 semaines en France, soit 98 jours).

Emma Bonino rappelle qu’il existe en Italie des “régions entières où (…) tous les gynécologues sont objecteurs de conscience” et refusent de pratiquer l’avortement, comme dans la région des Marches, dans le centre pays, dirigée par Fratelli d’Italia. Selon le ministre de la Santé italien, 67% des gynécologues sont des objecteurs de conscience.

De l’argent pour faire changer d’avis les femmes envisageant d’avorter

Dans le nord du Piémont, le parti Fratelli d’Italia aide financièrement les femmes enceintes pour qu’elles renoncent à avorter. Le Piémont a annoncé en avril que la région donnerait 4000 euros à cent femmes envisageant d’avorter pour des raisons économiques, afin qu’elles reconsidèrent leur décision. Une initiative que Giorgia Meloni verrait bien étendue à l’échelle nationale. Au conseil municipal de la province de Rome, elle avait proposé d’ouvrir un cimetière pour les enfants avortés, où les fœtus seraient enterrés.

Dans une interview à la Rai 3, la probable future première ministre a tenté clarifier ses positions : “Je n’ai jamais dit que je voulais la changer (ndlr : la loi), j’ai dit que je voulais l’appliquer. Je veux y ajouter des droits, que les femmes qui se retrouvent dans la position d’avorter parce qu’elles n’ont pas d’alternatives, peut-être pour des raisons économiques, puissent avoir cette possibilité.” D’après un sondage mené par Ipsos en 2020, 70% des italiens se prononcent en faveur de l’IVG. C’est trois points de moins qu’en 2014.

Son combat contre le “lobby LGBT”

“Nous défendrons Dieu, la patrie et la famille”, avait clamé la leader du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia à Rome en 2019. Giorgia Meloni ne cache pas sa vision conservatrice de la famille. Elle martèle son opposition au “lobby LGBT”, comme lors de son meeting en juin dernier en Espagne pour soutenir le parti néofranquiste Vox : “Oui à la famille naturelle, non au lobby LGBT ! Oui à l’identité sexuelle, non à l’idéologie du genre !”

Elle allait encore plus loin, il y a trois ans, devant ses militants : “On parle maintenant de supprimer la mention ‘père’ et ‘mère’ sur les documents officiels. Parce que la famille est un ennemi, l’identité nationale est un ennemi, l’identité de genre est un ennemi. Pour eux, tout ce qui définit une personne est un ennemi. C’est le jeu de la pensée unique : ils doivent supprimer tout ce que nous sommes, parce que quand nous n’aurons plus d’identité, quand nous n’aurons plus de racines, nous serons privés de conscience et incapables de défendre nos droits.”

Un média italien pro-LGBT a recensé une dizaine de déclarations de Giogia Meloni visant les personnes homosexuelles, dont celle-ci : “Je ne suis homophobe, mais l’adoption devrait être réservée aux couples hétéros.”