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 d’ADHEOS

Il y a 40 ans, le 27 juillet 1982, l’Assemblée nationale abrogeait une loi pénalisant l’homosexualité. Jusqu’en 1982, des milliers de personnes ont été condamnées en France, une forme « d’homophobie d’État » dont certaines victimes attendent aujourd’hui d’être « réhabilitées ».

Paris, mai 1977. Une descente de police vient interrompre la soirée qui se déroule dans le bar Le Manhattan. « J’étais arrivé depuis dix minutes à peine quand toutes les lumières se sont allumées : descente de police ! On vérifie vos papiers, on vous plaque contre les murs… Pour moi qui avais déjà du mal à assumer, c’était assez violent », se souvient Jean-Luc Romero-Michel, adjoint à la maire de Paris chargé de la lutte contre les discriminations.

« Ça a pu conduire à des suicides »

Au début des années 1980, « j’avais 21 ou 22 ans, et c’était l’une des premières fois où j’allais en boîte de nuit ». Neuf hommes sont interpellés et poursuivis devant un tribunal parce que leurs ébats dans ce lieu nocturne constituaient aux yeux de la loi un « outrage public à la pudeur ». L’entrée du bar était pourtant filtrée, et « il n’y avait que des majeurs qui s’amusaient entre eux.

C’était une provocation policière, due à l’homophobie politique au plus haut niveau », s’insurge Michel Chomarat, 73 ans, l’un des neuf interpellés ce soir-là, condamné à 500 francs d’amende pour ces faits. Pour beaucoup d’hommes interpellés dans ces conditions, « les conséquences étaient bien plus graves qu’une simple amende », souligne le militant : « A l’époque les homos avaient des vies plus ou moins cachées, et là leur homosexualité éclatait au grand jour. Ça a pu conduire à des suicides ».

Avec des dizaines de militants, élus et organisations, Michel Chomarat a signé en juin dans le magazine Têtu un appel à l’État pour qu’il réhabilite, « voire indemnise » les « victimes de sa répression anti-gay ».

Plus de 10 000 personnes condamnées

Entre 1942 et 1982, plus de 10 000 personnes ont été condamnées pour des actes homosexuels, essentiellement des hommes, estime Régis Schlagdenhauffen, maître de conférences à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS).

En 1981, après l’élection de François Mitterrand à l’Elysée, la France retire l’homosexualité de la liste des maladies mentales. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) fera de même neuf ans plus tard.

Le 27 juillet 1982, l’Assemblée nationale abroge une loi remontant au régime autoritaire de Vichy, mis en place pendant la Seconde Guerre mondiale, qui pénalisait les « actes contre nature » avec des mineurs.

La loi supprime le 4 août 1982 toute pénalisation de l’homosexualité impliquant des personnes de plus de 15 ans, abrogeant ainsi la discrimination dans l’âge de la majorité sexuelle instaurée par Vichy entre couples de même sexe et hétérosexuels.

Et c’est seulement après la dépénalisation qu’a pu s’ouvrir l’étape suivante : la conquête de l’égalité des droits, qui a mené plus tard au Pacte civil de solidarité (Pacs), au mariage pour tous, puis au don du sang à la procréation médicalement assistée (PMA), notamment pour les couples de femmes ou encore à la sanction des thérapies de conversion.