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 d’ADHEOS

Le outing de Florian Philippot est une bonne chose. Savoir et faire savoir que le numéro 2 d’un parti d’extrême droite qui prône l’abrogation de la loi qui instaure l’égalité du mariage entre couples homo et hétéro est lui-même homosexuel est une information éclairante sur la vie politique.
 
De la même façon que l’homosexualité de Steeve Briois, autre proche de Marine Le Pen, constituait une donnée utile à la compréhension de la façon dont le Front National a géré le débat autour du mariage pour tous. La justice avait d’ailleurs rendu un jugement en ce sens face à la demande de l’interdiction de l’essai qui révélait cet état de fait.
 
Ce qui est regrettable, c’est que l’information provienne cette fois d’un magazine dit "people" qui n’a, bien entendu, rien à faire de la dimension politique de l’information qu’il délivre.
Cela aurait été l’honneur de la presse dite "sérieuse" de faire elle-même cette révélation en en pointant l’aspect potentiellement interrogateur.
 
En effet, derrière cette nouvelle, comme dans celle du ralliement d’un des fondateurs de GayLib au Rassemblement Bleu Marine, la même semaine, ou dans le cas de Briois, se pose la question de la cohérence idéologique et politique du personnel politique.
 
On l’a vu dans le cas du maire d’Hénin-Beaumont, il peine à articuler son homosexualité avec les positions de son parti sur la question. Sébastien Chenu aussi rame littéralement pour justifier son passage au RBM après avoir milité pour les droits LGBT.
 
Philippot, qui est d’une dimension intellectuelle nettement supérieure à ses deux collègues – accordons lui cette qualité -, n’a pour l’heure pas livré de commentaire argumenté sur cette contradiction criante.
 
Il ne pourra pas s’en exonérer indéfiniment. Et il est à souhaiter que les médias lui demandent des explications. Faute de quoi, la tentation d’un nombre croissant – ne nous cachons pas la réalité – d’homos à se laisser séduire par le vote FN se poursuivra.
 
Le phénomène est déjà patent dans un pays comme la Hollande où l’extrême droite associe avec efficacité islam et homophobie pour capter les faveurs des homosexuels les moins regardants.
 
En France, on peut se demander si Marine Le Pen est si indignée qu’elle le prétend du outing de ses proches. Dans la vaste entreprise de confusion idéologique qu’elle mène pour faire prospérer son parti, la révélation de la présence de gays dans son proche entourage peut participer à cette entourloupe qui vise à tenter d’agréger autour du FN tous les déclassés et laissés pour compte de la société.
 
Mais, pour les homos ralliés au FN , la partie est loin d’être gagnée. Il n’est qu’à voir les commentaires d’un Gollnish ou d’un Aliot sur ces recrues, et la guerre interne menée par Marion Maréchal-Le Pen contre Philippot pour faire le constat comme quoi les homos et le FN, c’est l’alliance contre nature même.
 
La protection personnelle – relative – que Marine Le Pen leur assure aujourd’hui par opportunisme pourrait bien ne pas résister durablement aux assauts des homophobes actifs du parti. Ceux qui ont défilé pour exprimer leur haine des homos pendant les manifs anti-loi Taubira et n’ont pas digéré la réserve de leur présidente à ce moment-là, ceux qui idolâtrent aujourd’hui Poutine et ses lois anti-gays.
 
Cette épreuve de vérité serait d’ailleurs souhaitable et saine pour en finir avec l’illusion qui consiste à présenter le Front National comme une formation quasi gay-friendly, ce qu’elle n’a jamais été, qu’elle n’est pas et qu’elle ne sera jamais.