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 d’ADHEOS

L’année 2014 a-t-elle été déclarée année de l’homophobie par le Courrier Picard ? On pourrait bien le croire, au vu de la succession d’articles, toujours orientés dans le même sens, que ce journal a consacrés à l’homosexualité. Est-ce là une façon pour ce journal de s’adapter à l’augmentation du vote Front National dans sa région ? Ou bien est-ce l’expression de convictions intimes de la part de la rédaction amiénoise ?
 
En tous les cas, on ne peut que s’interroger sur le recours à des procédés tendancieux pour condamner directement ou indirectement les homosexuels, et à en faire des boucs-émissaires faciles pour la population. Retour chronologique sur une année où l’on semble devoir comprendre que, pour certains journalistes amiénois, l’homophobie n’est pas forcément un problème en Picardie, mais l’homosexualité en est apparemment un.
 
  1. Février 2014 : Edouard Louis, la première cible.
Lorsqu’un Picard rencontre du succès, la presse locale s’en montre généralement plutôt fière : Jean-Pierre Pernaut, Cauet, Miss France, Emmanuel Macron… sont autant de gloires régionales qui n’ont pas été fortement étrillées par le Courrier Picard. Mais lorsqu’Edouard Louis a connu un succès littéraire avec son roman « Pour en finir avec Eddy Bellegueule », il s’en est alors agi fort différemment. Le Courrier Picard est le premier à publier un article incendiaire contre le jeune auteur. Dans l’édition du 2 février 2014, Fabrice Julien et Gaël Rivallain entreprennent en effet de révéler « Les deux visages d’Eddy Bellegueule ». Pour ce faire, les deux journalistes du Courrier Picard sont allés à la rencontre de « sa famille et ceux qui l’ont côtoyé », pour comprendre « le malaise » que ce livre suscite en eux :
 
« À Hallencourt, la famille d’Eddy/Édouard, a cru s’étrangler à la lecture du récit […] Nous ne sommes ni racistes ni homophobes, insiste sa soeur Mélanie. Nous n’avons découvert l’homosexualité d’Eddy qu’il n’y a deux ou trois ans et franchement, dans la famille, tout le monde s’en moque. »
 
Et puisque la famille dit qu’il n’a jamais existé d’homophobie en son sein, on est prié de la croire : fermez le ban ! Feignant volontairement d’ignorer qu’il s’agit d’un « roman », les journalistes Fabrice Julien et Gaël Rivallain font ensuite mine de s’étonner :
 
« La vraie famille d’Édouard Louis n’a, à première vue, pas grand-chose à voir avec celle à la Germinal, misérable, inculte et vulgaire, décrite dans le roman. Mélanie, la grande sœur âgée de 28 ans, titulaire d’un bac pro, prend soin de son fils Ulysse, sept mois, la dernière « merveille » de la famille. Andy, en troisième au collège de Longpréles-Corps-Saints (où Eddy Bellegueule a aussi fait ses humanités), et Candice, en seconde au lycée Boucher-de-Perthes d’Abbeville, poursuivent une scolarité normale. »
 
On ne voit pas bien en quoi la scolarisation des enfants de la famille a à voir avec le roman d’Edouard Louis, qui raconte l’homophobie dont un jeune garçon de la campagne picarde est victime tout au long de sa jeunesse. Andy et Candice, dont on se demande bien ce qu’ils viennent faire dans cet article, n’ont strictement aucun rapport avec les événements qui sont censés s’être déroulés dans le roman, et Edouard Louis n’a jamais affirmé que lui ou ses frères et soeurs avaient été déscolarisés !
 
Sans se rendre compte de leurs propres contradictions, les journalistes reprochent ensuite à l’auteur de ne pas « nommer dans son livre » le village dont il est issu, et dans le même temps de ne pas faire un portrait suffisamment fidèle de ce village. Avec cette règle, on condamne tout roman autobiographique, de Vallès à Proust en passant par Céline ou Benjamin Constant. Le Nouvel Obs, sur la base du reportage du Courrier Picard, reprendra d’ailleurs une critique similaire. Edouard Louis répondra alors aux deux journaux en même temps :
 
« ces mensonges ne sont pas élaborés au hasard mais tendent au contraire à installer et conforter une certaine « critique » de mon livre, comme mensonger, raciste de classe, exagérateur en lui opposant les paroles, perçues forcément comme « vraies » et « sincères », du « peuple » – le fameux bon sens populaire, les « bons sauvages » – tel qu’il apparaît aux journalistes parisiens, ou même picards ou à d’autres encore ».
 
Le comble est atteint lorsque les deux journalistes ne remarquent même pas que l’ « ami » d’Edouard qu’ils interrogent dans leur interview s’offusque de bien des accusations, mais surtout pas de celle d’homophobie, qui est pourtant la principale :
 
« Oui, il a eu une enfance dure, mais à ce point là ? », s’interroge, perplexe, l’un de ses anciens amis, qui souhaite garder l’anonymat. « Ce qui me dérange, c’est qu’il associe sa classe sociale à l’alcoolisme, le chômage et le racisme, alors que ce n’est pas le cas de tout le monde, bien évidemment.
 
 
Heureusement, parmi les quatre articles consacrés à Edouard Louis sur une pleine double page de cette édition du 2 février, il y en a tout de même un d’une demi-page, signé Philippe Lacoche, qui est positif. Mais ce petit encart peine à convaincre le lecteur, qui peut lire sur une page et demie qu’Edouard Louis a, selon le Courrier Picard, trahi tout à la fois sa famille, ses amis, son village et sa région.
 
Ce qui est particulièrement étonnant, c’est que le Courrier Picard revient constamment à la charge : en mars 2014, le journaliste Fabrice Julien (encore !) se demande : « Que devient Edouard Louis ? » et écrit un nouvel article à charge. Il s’étonne faussement : « A Hallencourt, charmant village de la Somme, les proches d’Eddy/Édouard n’ont plus de nouvelles de lui ». Comme Brassens dans la Ballade des gens qui sont nés quelque part, on aurait envie de répondre à Fabrice Jullien au sujet de ce « charmant village » : « C’est vrai qu’ils sont plaisants, tous ces petits villages, tous ces bourgs, ces hameaux, ces lieux-dits,… ils n’ont qu’un seul point faible, c’est d’être habités ! »
 
Et le 1er août, le Courrier Picard meuble ses vacances… en remettant le couvert au sujet d’Edouard Louis ! Son tort serait, selon le journal, d’avoir obtenu un poste d’allocataire pour enseigner à l’université d’Amiens, « alors qu’Édouard Louis n’est plus vraiment dans le besoin ». Or on sait très bien que ces postes ne sont pas attribués sur critères sociaux : ce ne sont pas des bourses ! Fabrice Julien (toujours lui…) a une phrase très élégante : « Cette intégration interroge quant aux réelles motivations de l’auteur ». Comprenez : Edouard Louis ne pense qu’à ses sous. Mais si le Courrier Picard s’inquiète tant des « étudiants fauchés » comme il les appelle, il y a une solution simple : il n’a qu’à en embaucher davantage à la sortie de leurs études.
 
On pourrait penser qu’il ne s’agit là que d’une affaire « Edouard Louis ». En réalité, non : ce qui est reproché à Edouard Louis, c’est d’avoir pointé du doigt les problèmes d’homophobie, qui existent en Picardie comme ailleurs. La suite des articles publiés dans l’année sur l’homosexualité par l’édition d’Amiens du Courrier Picard le montre très clairement.
 
  1. Avril 2014 : homosexualité et pédophilie.
Un article du Courrier Picard fait scandale fin avril 2014, trois semaines avant la journée internationale de lutte contre l’homophobie. En effet, le journal choisit de titrer comme suit l’un de ses articles : « Compiègne (60) – Le premier marié gay soupçonné de pédophilie » ! Alors que « le procureur se refuse à donner toute information complémentaire concernant les faits reprochés au Compiégnois », le journaliste sait déjà que « l’enquête risque d’être complexe à mener ». L’article donne le nom, l’âge, la photo et la nouvelle ville d’habitation du prévenu.
 
Le 1er mai, un second article paraît sur le même sujet, pour en rajouter encore une couche: « Le premier marié gay mis en examen ». Après avoir relaté ce fait divers, l’édition régionale se fend d’un paragraphe très orienté, qui n’a plus rien à voir avec la simple description d’un fait divers :
 
Cette mise en examen survient alors que la loi sur le mariage pour tous s’apprête à fêter son premier anniversaire. En début d’année dernière, les débats qui avaient précédé son vote avaient été pour le moins vifs, faisant descendre des milliers d’opposants dans les rues. Opposants qui, pour certains, continuent à se mobiliser contre le « mariage pour tous ».
 
Sur Facebook et Twitter, de nombreuses voix s’élèvent contre l’amalgame réalisé par le journal entre homosexualité et pédophilie, et contre les liens établis abusivement entre ce fait divers et les débats sur le mariage pour tous : « @Courrier_picard Vous n’avez pas honte d’associer homosexualité et pédophilie?? #Journalismeencarton » . Sur le site « Le Plus » du Nouvel Observateur, Giuseppe di Bella s’indigne également:
 
La mauvaise foi du « Courrier picard » est consternante. Contrairement à ce qu’il ose prétendre, l’article ne fait pas que donner l’information « sans discrimination ni amalgame. »
 
Cette façon de traiter l’information n’a pas sa place dans un quotidien sérieux. Elle ne fait qu’accentuer l’homophobie. C’est un procédé indigne qui est souvent utilisé par l’hebdomadaire d’extrême droite « Minute »
 
  1. Mai 2014 : SOS homophobie dans le collimateur du Courrier Picard à Amiens
« Cette façon de traiter l’information » n’est pas abandonnée pour autant. Le 17 mai 2014 a eu lieu la journée mondiale de lutte contre l’homophobie. L’édition amiénoise du Courrier Picard aurait pu en profiter pour aborder la question de l’homophobie dans le département de la Somme ou dans la ville d’Amiens. Pas du tout : même si elle rappelle (encore heureux…) que « chaque acte de haine mérite un SOS et un Non sans nuance de la part des pouvoirs publics », l’édition d’Amiens en profite pour tacler l’association SOS homophobie, et pour appeler à la tolérance… envers la Manif pour Tous !
 
Qu’on en juge : David Guévart lui-même, rédacteur en chef, fustige « la violence qui a accompagné le vote de la loi Taubira dans les camps de ceux qui y étaient favorables, comme dans le camp des opposants » ! Il faut être journaliste au Courrier Picard pour avoir entendu parler d’actes de « violence » de la part des défenseurs du mariage pour tous, et pour oser comparer ces actes imaginaires aux mouvements d’extrême-droite et intégristes qui se sont exprimés « dans le camp des opposants ». Et même si l’on parle simplement de propos violents, ce qui ne semble pas le cas ici, on aura de toute façon bien du mal à renvoyer dos à dos défenseurs et opposants au mariage pour tous, comme si « la violence » avait été une arme équitablement partagée entre les deux camps !
 
Mais il y a pire : pour le rédacteur en chef du Courrier Picard, s’il y a de l’homophobie en France, c’est en grande partie de la faute des homos eux-mêmes. Le texte est accablant :
 
"SOS homophobie ne doit pas se tromper de colère en pointant du doigt globalement la Manif pour tous. Ou alors il faut dire clairement que les manifestants devaient se taire, qu’ils n’avaient pas voix au chapitre. Un peu difficile pour des démocrates. S’il est vrai que les débats ont libéré la parole homophobe, la responsabilité est forcément partagée, dans un contexte fait de provocations, d’affrontements et de slogans caricaturaux de part et d’autre."
 
On ne sait d’où sort ce constat qui devrait « forcément » être admis par tous. En deux ans de débats absurdes et outrageants pour les familles homoparentales, pointées du doigt, on cherchera en vain les « provocations et affrontements » auxquels se seraient livrés les défenseurs du mariage pour tous, et que le Courrier Picard prétend avoir vus et dénoncer.
 
Enfin, il faut croire qu’on ne voit pas les mêmes choses à Amiens et à Saint-Quentin, puisqu’à la même période, dans l’édition de Saint-Quentin, on annonce simplement la création… d’une antenne de SOS homophobie à Saint-Quentin ! Il semble donc que le problème du Courrier Picard avec les homosexuels se situe en particulier à l’édition d’Amiens. La suite des articles publiés à Amiens amène également à le penser.
 
  1. Octobre 2014 : La drague homosexuelle, ce douloureux problème.
 
Cette fois, c’est le journaliste Zouad Bakhti qui s’y colle. Le 30 octobre 2014, le Courrier Picard s’attaque à un problème de taille : la drague homosexuelle causerait des nuisances pour les riverains d’un square. Une pleine double page (!) est consacrée à cette actualité brûlante, et un habitant témoigne : « La nuit, on sait qu’il s’y passe beaucoup de choses » ! D’incroyables révélations sont lancées dans cet article : ainsi, « au sol, les emballages de préservatifs côtoient les cannettes de bière et autres détritus ». Il faudrait conseiller aux journalistes du Courrier Picard de se rendre plus souvent sur les lieux de drague hétéros, et aux endroits bien connus, en Picardie et ailleurs, où des prostituées féminines attendent le client mâle : croient-ils donc qu’on s’y roule dans une herbe pure et immaculée, et que seules les pâquerettes y jonchent la route ou la pelouse ? Selon que vous serez homo ou hétéro, le Courrier Picard d’Amiens portera décidément sur vous un regard bien différent…
 
L’article interroge quelques habitués des lieux, qui expliquent simplement les problèmes qu’ils rencontrent :
 
"On voudrait évidemment ne pas gêner les riverains mais depuis qu’ils ont taillé les bosquets et les buissons nous sommes plus visibles. On ne gêne personne, on ne fait rien de mal, on aimerait simplement avoir un lieu à nous. […]
 
Ils évoquent la violence homophobe à laquelle ils sont confrontés :
 
"Beaucoup de jeunes d’Amiens-Nord ou d’Etouvie veulent casser du pédé. Il y a trois ans, un homme a été frappé à la tête, on ne l’a retrouvé qu’au matin, complètement nu et dans un sale état. L’an dernier, c’est un autre homme qui a été frappé sauvagement. Et je ne vous parle pas des vols de portables ou de portefeuille. On a parfois l’impression d’être des proies.
 
Mais la mairie d’Amiens répond à cette demande par la manière forte, puisque la mesure annoncée est la suivante : « D’ici quelques semaines, un arrêté municipal sera pris pour fermer le square la nuit », ce qui n’était pas tout à fait ce qui lui était demandé ! Enfin, l’article se conclut sur les déclarations tonitruantes de l’adjoint au maire chargé du quartier : « La situation est devenue inacceptable. On veut faire en sorte que les Amiénois se réapproprient ce lieu ». Il va bien sûr de soi que des homosexuels qui draguent ne peuvent pas être « des Amiénois »…
 
Ce qui est significatif, c’est que le 31 octobre, c’est-à-dire le lendemain, une grave affaire d’agression homophobe commise en ville, dont l’auteur est sévèrement condamné par le tribunal d’Amiens. Que croyez-vous qu’il arrive alors ? Cette fois, le journal y consacre un article laconique, d’une dizaine de lignes, où le journaliste trouve important de faire remarquer que SOS homophobie est « montée au créneau », dans une « histoire somme toute banale au départ ».
 
Par contre, le prétendu malaise qu’inspirent les homosexuels et les nuisances qu’ils provoqueraient méritent quant à eux une seconde « enquête » détaillée de la part du journal ! Décidément, en 2014, le Courrier Picard a ses raisons que la raison ne connaît point.
 
  1. Novembre 2014 : La drague homosexuelle, encore et toujours ! 
Le square Lermerchier avait eu droit à une double page fin octobre 2014 de la part de Zouad Bakhti. Les journalistes du Courrier Picard semblent avoir pris goût aux lieux de drague homo, puisque trois semaines plus tard, Christophe Berger se rend cette fois « au bout de la rue Desjardins, dans la zone industrielle Nord », pour y dénoncer à nouveau sur une double page « une zone de drague au masculin ». L’article est un monument de voyeurisme complaisant et de moralisme ridicule. Tout heureux de trouver un coupable, le journaliste s’empresse d’aller interroger « un jeune qui avoue venir régulièrement sur ces lieux ». Il prend en note ses déclarations, observe autour de lui, puis il affirme au lecteur : « On a vu ce qu’on voulait. […] Il faut l’avouer, nous ne sommes plus très à l’aise ».
 
Après un intertitre peu ambigu, « Ces pratiques ne plaisent pas à tout le monde », le journaliste livre la quintessence de sa méthode de travail. Il faut le voir pour le croire :
 
Une lettre anonyme a été adressée en mairie d’Amiens pour dénoncer son immobilisme par rapport à ce qui se passe dans ce bois. On y parle de prostitution masculine, trafic de drogue, dégradations… Ce courrier stipule aussi que les entreprises voisines, France Express, Géodis, Calberson, Shenker… se plaignent de cette présence. Par rapport à leur implantation, on doute que ce qui se passe dans ce bois les perturbe.
 
Oui oui : au Courrier Picard, à Amiens, on base ses enquêtes sur… « une lettre anonyme adressée en mairie d’Amiens » ! En Picardie comme ailleurs, on n’avait sans doute plus vu cela depuis quelques dizaines d’années !
 
Mieux encore : on apprend soudain, à la fin de l’article, que le lieu décrit est en réalité… « une propriété privée » ! Il faut donc en conclure que le journaliste s’est rendu volontairement sur un lieu privé pour aller observer des hommes nus et des pratiques homosexuelles dont il abhorre la vue, puis en rendre compte dans son journal ! C’est là une méthode d’investigation tout à fait nouvelle. Amiénois, méfiez-vous : si un homme toque à votre porte pendant vos ébats, il s’agit peut-être bien de Christophe Berger, chargé par ses supérieurs d’une nouvelle enquête spéciale concernant vos pratiques sexuelles, basée sur la foi d’une lettre anonyme qui vous concerne.
 
Mais rassurez-vous : si vous êtes hétérosexuel(le), vous avez toutes les chances d’être laissé(e) tranquille par le Courrier Picard d’Amiens. D’ici 2014, le journal trouvera bien encore quelques adresses de rencontre homosexuelle à dénoncer sur des pages entières. La mise en avant de ces lieux n’est d’ailleurs pas seulement ridicule : elle est surtout dangereuse, si l’on en croit les nombreux témoignages de violences homophobes à l’encontre des personnes qui fréquentent ces lieux.
 
Heureusement, cet article a été rapidement condamné par de nombreux internautes sur les réseaux sociaux, et en particulier sur le compte Facebook du Courrier Picard. Florilège :
 
« Zone de danger désormais. Il va y avoir des expéditions punitives » ;
 
« Le courrier picard de pire en pire et de plus en plus homophobes. Autre sujet pas encore traité : les homosexuels dans les toilettes publiques de la gare, du cinéma, le parc saint leu, derrière le cirque… bravo continuez c’est ça la vraie actu ! » ;
 
« Toujours plus groland que jamais, Le weekend cest un festival. A quand un clou avec le courrier Picard pour le recycler !!!! ;
 
« Pour faire dans la stigmatisation, le Courrier Picard est roi. C’est bien connu ! » ;
 
« Abuser le courrier Picard!!!! Vous avez pas autre chose à foutre sérieux ?ce quotidien régional devrais réfléchir un peu !!!! Une honte !!!! Vous serai certainement la cause d agression désormais » ;
 
« Bravo au Courrier Picard et à ses journalistes qui semblent ne pas aimer les homos ça fait vraiment très professionnel ça c’est de l’actualité bravoooo chacun est assez grand pour faire ce qu’il veut de son cul n’est ce pas ?! » ;
 
« Du journalisme de bas étage, avec tout les stéréotypes qui vont avec ! c’est scandaleux » ;
 
« Eh oui Flo, le Courrier Picard devient lamentable, c’est plus comme avant ! Et dire que mon père a beaucoup donné et y a travaillé toute sa vie. »
 
« Et après, on fait des articles sur les violences homophobes (ah non pardon, ça ils ne le font pas) » ;
 
« Un article sur le lieu de drague du centre ville. Un autre sur la zone nord. C’est quoi le pb du Courrier Picard ??? »
 
« Cet article va sûrement faire de sacrés dégâts pour ceux qui aiment s’y rendre en tout cas »
 
« C’est vraiment n importe quoi courrier Picard il y a plus grave en Picardie parler un peu des sdf l hiver approche »
 
« Ce journal est devenu un vrai torchon ! Le courrier Picard devrait avoir honte. Laisser un peu tranquille les gays !!!!
Aller poursuivre les dealers, les braqueurs, les délinquants en tout genre …A non pour cela il faut du courage !!!!
Nous attendons autre chose d’un journal »
 
Le Courrier Picard n’a bien sûr répondu à quasiment aucune de ces remarques : cela aurait pourtant été tout à son honneur. Il n’est jamais trop tard pour reconnaître avoir fait des erreurs – même s’il vaut mieux sans doute mieux s’abstenir directement de les commettre.
 
***
 
Après une année pareille, que reste-t-il à dire ? L’accumulation, en quelques mois, d’articles destinés à pointer du doigt la communauté homosexuelle ne cesse d’étonner dans un même journal. S’agit-il d’une simple maladresse, ou bien d’une campagne, volontaire ou non, de dénigrement à l’égard des homosexuels ? Les journalistes qui ont signé ces articles se rendent-ils compte du mal qu’ils peuvent faire, par ces articles, dans une région où les LGBT sont encore trop fréquemment rejetés ? En 2014, ce bilan du traitement des LGBT dans le Courrier Picard d’Amiens n’est pas brillant. Il reste à espérer que 2015 soit peut-être enfin l’année de l’égalité réelle entre homos et hétéros, dans la vie quotidienne comme dans les médias.