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 d’ADHEOS

Le tribunal correctionnel de Paris a décidé de condamner 11 personnes à des peines allant de trois à six mois de prison avec sursis. Toutes étaient jugées pour le harcèlement aggravé en ligne du chanteur, cible d’insultes homophobes et de menaces de mort.

Pour une publication Instagram, il avait reçu plus de 3 000 messages d’insultes et de menaces de mort. Dans le tombereau de mots haineux visant le chanteur Eddy de Pretto, connu pour ses textes dénonçant l’homophobie et les comportements sexistes, on trouvait : «espèce de gigantesque fiotte»«crève en enfer sale chien» ou encore «gros sac à merde à souiller notre religion». 17 personnes ont été poursuivies en justice pour ce déferlement de mots d’oiseau bien souvent homophobes. Ce lundi, le tribunal correctionnel de Paris a décidé de condamner 11 d’entre elles à des peines allant de trois à six mois de prison avec sursis.

L’artiste avait été invité à donner un concert le 17 juin 2021 à l’église Saint-Eustache à Paris dans le cadre d’un festival. Il avait alors interprété son morceau A quoi bon, évoquant les difficultés à concilier son homosexualité et sa foi. C’est à l’issue de cette performance, publiée sur Instagram, que le cyberharcèlement avait commencé. Les 17 prévenus âgés de 20 à 26 ans – qui ont déclaré à peine connaître Eddy de Pretto au moment des faits et qui revendiquent pour la plupart leur foi catholique – avaient exprimé leur indignation sur le réseau social, soit en commentaire public sous la publication du chanteur soit directement à son attention, en message privé.

Etienne Deshoulières, l’avocat de l’association Stop Homophobie qui demandait également des dédommagements aux accusés dans cette affaire, remarquait auprès de Libé en octobre : «On est face à un profil de cyberharceleurs un peu particulier.» Tous sont des hommes âgés d’une «petite vingtaine d’années» et bien souvent «issus des beaux quartiers», parmi lesquels les IIIe arrondissements de Lyon et Paris ou encore Saint-Germain-en-Laye. «La plupart sont entre autres des catholiques intégristes», avait conclu l’avocat.

Face à cette pression, le chanteur avait fini par s’attacher les services d’un garde du corps et par déposer une plainte, déclenchant l’ouverture d’une enquête par le Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PLNH) du parquet de Paris. «J’ai eu très peur de sortir de chez moi, des troubles du sommeil, […] des troubles dépressifs, je n’arrivais pas à comprendre cette violence», a encore indiqué le chanteur, notant que le curé de Saint-Eustache lui avait «exprimé tout son soutien».

«Un début de réflexion» pour certains ?

Le parquet avait requis le 7 octobre des peines de trois à six mois de prison avec sursis. Les peines les moins sévères avaient notamment été réclamées contre des prévenus «ayant amorcé un début de réflexion sur les actes commis». La procureure avait qualifié les messages adressés à Eddy de Pretto d’«abus à la liberté d’expression»«Vous auriez pu écrire : la communauté catholique est outrée, vous faites ça pour le buzz, c’est indécent, nous allons mettre en œuvre les moyens juridiques pour répondre à ce blasphème», avait-elle fait remarquer aux prévenus.

Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe, la réduction des peines ou encore la non-inscription au casier judiciaire, certains remettant en cause la qualité de l’enquête – qu’ils ont jugée «décevante» – ou l’intelligence artificielle d’Instagram. Eddy de Pretto, 29 ans, a sorti en 2021 un deuxième album intitulé A tous les bâtards. Il avait écoulé 300 000 exemplaires du précédent, Cure.