La cinquantaine de manifestants n’est pas passée inaperçue. Mercredi soir, à l’occasion des célébrations mariales, une procession aux flambeaux a parcouru les rues de Bayonne mêlant culte de la Vierge et sermon contre le mariage gay. Au centre de la petite cohorte, précédant une statue de la Vierge Marie, l’évêque de Bayonne, monseigneur Aillet, mitre sur la tête et tenue d’apparat, et son appel à poursuivre le “combat contre la loi Taubira”.
On le savait passionné par le débat sur le mariage pour tous. On le découvre carrément obnubilé. Prenant pour référence la prière du 15 août 2012 du cardinal André Vingt-Trois, Marc Aillet dédie à son tour son discours de l’Assomption à la loi ouvrant le mariage civil aux couples homosexuels, près de quatre mois après son adoption par le Parlement.
“Cette simple et modeste prière [celle d’André Vingt-Trois, ndlr] eut des retentissements insoupçonnés, elle réveilla l’âme profonde de notre nation et c’est une mobilisation sans précédent qu’elle entraîna”, professe l’évêque.
Les fidèles sont cette fois-ci appelés à “ne pas considérer cette nouvelle loi de la République comme un dogme intouchable”, à “s’y opposer avec fermeté et ténacité” ou encore à “favoriser l’objection de conscience”. Du Marc Aillet dans le texte.
“Lobby” gay et message de paix
Exposée sur le site Internet du diocèse, la “Prière pour la France” bayonnaise a aussi été reprise en boucle sur la cathosphère traditionaliste (Riposte laïque, Salon beige, etc.) qui a fait de l’évêque l’une de ses idoles.
“Les grands médias ont beaucoup caricaturé l’engagement des opposants au ‘mariage pour tous’”. À travers sa prière, l’évêque de Bayonne se dresse aussi comme le chantre de la lutte contre les “lobbies”, jugés coupables “d’agiter le spectre de l’‘homophobie’”. Allant même jusqu’à les juger responsables des discriminations : “Ce qui est vrai, c’est que l’omniprésence de ces lobbies dans les médias, l’obsession des pouvoirs publics pour ‘la lutte contre l’homophobie’ […] ont fini par créer un climat d’exaspération propice à des formes de rejet qui n’existaient plus ou presque plus.”
L’évêque de Bayonne appelle ainsi les fidèles à “ne pas se laisser enfermer dans ce piège” en “refusant toute discrimination” et poursuivant une opposition “pacifique et non violente”.
Le propos est pourtant brutal : “La prière demeure notre première arme dans un combat qui est celui de Dieu avant d’être le nôtre.” Une rhétorique violente pour un message se voulant pacifique.
Une semaine mariale d’évangélisation
Un Bayonnais confiait au Journal du Pays Basque avoir d’abord cru à un spectacle de rue. Devant la cathédrale de la ville, des moines haranguent les passants en vantant les vertus de la foi catholique.
La scène n’a pourtant rien de burlesque : depuis mardi, à l’occasion de la semaine mariale, des membres de la communauté apostolique Aïn Karem sont en campagne d’évangélisation dans les rues de Bayonne.
“À un monde déchristianisé, les membres de la communauté Aïn Karem (prêtres, couples, consacrés, célibataires) veulent apporter le trésor de la Révélation sous la forme d’une annonce explicite de la Foi, c’est-à-dire du Salut apporté à tout homme par le Christ mort et ressuscité”, explique sur son site le diocèse de Bayonne, Oloron et Lescar.
- Source Le Journal du Pays Basque