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 d’ADHEOS

Depuis le début du mois d’août, les Ivoiriens homosexuels et transgenres sont victimes d’une campagne de haine déclenchée par une rumeur sur les réseaux sociaux.

“À bas les woubis !”, “Non aux woubis !”… En Côte d’Ivoire, ces slogans excitent les réseaux sociaux depuis le début du mois d’août. Ils sont les mots d’ordre d’une campagne homophobe décomplexée, agitée par de nombreux influenceurs et personnalités ivoiriennes hostiles aux “woubis”.

Dans l’argot ivoirien, “woubi” désigne les “hommes qui aiment les hommes” et les femmes transgenres, nous apprend le média anglophone Africa Is a Country. “[Ce mot] est en vogue sur les différents réseaux sociaux et le débat est très animé, […] mené surtout par ceux qui affichent clairement leur haine”, développe le site Connection ivoirienne.

L’homophobie a toujours existé en Côte d’Ivoire. Mais, encerclé de pays qui criminalisent, interdisent ou veulent interdire l’homosexualité, le pays se distingue par sa relative tolérance. “Nombreux sont [les LGBTQI de la région] qui trouvent refuge en Côte d’Ivoire”, observe le réseau Global VoicesCependant, nuance Africa Is a Country :

“Si les lois ivoiriennes ne criminalisent pas l’homosexualité […], elles n’offrent aucune protection légale pour les personnes LGBTQ+”

À l’origine, une rumeur

La vague de haine commence au début du mois d’août 2024 sur les réseaux sociaux, où circulent des accusations infondées. Celles-ci incriminent des personnes homosexuelles dans une supposée affaire de pédocriminalité. Très vite, plusieurs internautes, influenceurs et personnalités ivoiriennes s’emparent du sujet, relayant des propos homophobes et transphobes.

“C’est ce qu’on appelle, sur le plan du droit, une dépravation sexuelle à outrance !” s’exclame Général Makosso Camille sur son compte TikTok. Le 21 août, l’influenceur homophobe – qui se présente comme un “révérend” évangélique – avait même évoqué l’ouverture d’une “chasse” aux “woubis” dans une vidéo retirée depuis du réseau social chinois. “L’Occident ne peut pas imposer sa culture à toute l’Afrique”, martèle Makosso Camille dans une de ses vidéos.

Dans ce pays multiconfessionnel qui connaît une poussée évangélique, l’homosexualité est parfois assimilée à une dérive occidentale. “En France, il faut respecter la culture française. D’accord ! Mais ici, en Côte d’Ivoire, ça, c’est pas chez nous !” s’énerve Ibrahim Zigui, qui se présente comme “acteur de téléréalité ivoirien”, sur TikTok. Ce discours est répandu par la Russie en Afrique pour y développer son influence, observe le Sud-Africain Justin Arenstein, expert en désinformation, interviewé par le quotidien espagnol El País.

De la haine à la violence

En Côte d’Ivoire, les insultes en ligne se sont traduites par des agressions verbales et physiques dans la rue, comme en témoigne ce reportage du média Connection ivoirienne.

Depuis début août, “une trentaine d’agressions homophobes physiques ont été enregistrées” par le Mouvement social LGBTQI de Côte d’Ivoire, selon une estimation confiée à l’AFP.

En réaction, plusieurs Ivoiriennes et Ivoiriens gays ont fait part de leur indignation et de leur inquiétude sur les réseaux sociaux. “Je suis dans un pays libre, témoigne l’influenceuse ivoirienne Farafina Wamy. Un pays de droits et de respect, pas de sauvages et de singes.” “Je suis ivoirien et homosexuel”, confie Louis Meni, chanteur, beatmaker et activiste, sur TikTok.

“Quand je vais sur le réseau X et que je vois des homosexuels se faire frapper, ça me déchire le cœur. Vous êtes tellement inhumains.”

Cité par Abidjan.net, le porte-parole adjoint du gouvernement ivoirien a assuré que les lois ivoiriennes protègent tous les citoyens.

Les organisations de défense des droits LGBTQI ivoiriennes, elles, condamnent une “montée de l’intolérance et appellent à des mesures immédiates pour protéger les personnes vulnérables”, rapporte Senego.

Source : courrierinternational.com