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 d’ADHEOS

Sept personnes ont été emprisonnées à la suite du concert du groupe Mashrou’ Leila au Caire. Une nouvelle affaire qui montre la brutalité et l’omniprésence de la répression homophobe en Egypte.
 
Une simple photo de concert a suffi pour enclencher l’engrenage. Prise vendredi dans un festival de musique au Caire, on y voit un spectateur brandir un drapeau arc-en-ciel. Sur scène se trouvait alors le groupe libanais Mashrou’ Leila, connu pour sa défense de la communauté LGBT dans les pays arabo-musulmans.
 
Après une violente polémique aux accents homophobes sur les réseaux sociaux, sept individus ont été arrêtés pour «indécence publique» et «incitation à l’immoralité», selon des sources sécuritaires citées mardi par l’AFP. Lors d’un procès expéditif, un étudiant a écopé de 6 ans de prison pour «pratique de la débauche». Il faisait partie du public du concert, mais sa condamnation ne serait pas en «lien direct» avec l’événement. Le quotidien «Al-Ahram» affirme, par ailleurs, qu’un des suspects a été arrêté pour avoir commenté positivement la photo sur Facebook.
 
«Force et cruauté»
 
La plainte émane d’un professeur de droit, Ahmed Mahran, qui a mentionné que certains des suspects étaient mineurs. «Mais ça ne fait rien, nous devons donner l’exemple. Ces personnes doivent être traitées avec force et cruauté», a-t-il déclaré au New York Times.
 
Seize ans après l’affaire du Queen Boat, où le sort de 52 fêtards gay envoyés en prison avait mobilisé l’opinion publique mondiale, le régime du président Adel Fattah al-Sissi maintient une chape de plomb sur les minorités sexuelles. Pourtant, l’homosexualité n’est pas explicitement illégale dans le pays. Les gays restent néanmoins pourchassés en vertu de lois contre l’«immoralité» et la «débauche». Ces dernières années, la police s’est servie des apps de rencontres comme Grindr pour constater des «flagrants délits».
 
Censure
 
Dans la foulée, le syndicat égyptien des musiciens a annoncé qu’il allait interdire à Mashrou’ Leila de se produire dans le pays. Le groupe de rock indie arabophone, l’un des plus populaires du moment au Moyen-Orient, avait précédemment été censuré en Jordanie, où il avait été accusé de «blasphème». «Nous étions dans un vol pour New York quand cette folie médiatique a commencé», a expliqué Mashrou’ Leila dans un post sur Facebook. «Nous n’avons pas pu commenté la situation au Caire car nous recevons des informations contradictoires, et honnêtement nous n’arrivons pas à nous figurer ce qu’il se passe.»