Victime de comportements homophobes, un employé de la mairie de Poitiers réagit à la parution d’un article sur l’homosexualité au travail.
Dans l’article « Homosexualité au travail : ce que font les collectivités », paru le 27 décembre en page de Poitiers, le directeur général des services de la ville de Poitiers commentait une étude récemment rendue publique par l’association L’Autre Cercle (www.autrecercle.org) et l’institut Randstad.
Marc Barreau y admettait avoir « eu quelques cas d’homophobie, quatre à cinq ces deux dernières années », tout en assurant avoir « pris des sanctions de type avertissement ou blâme. Dans un cas, on a déplacé quelqu’un de son service ».
Ces propos ont fait réagir le salarié concerné. Souhaitant rester anonyme, « en raison d’une procédure en cours au tribunal administratif de Poitiers », il nous a écrit : « Employé de la collectivité (Ville de Poitiers) dont un représentant s’est exprimé dans votre journal, je peux témoigner que le thème de l’homosexualité au travail et surtout l’homophobie qui peut en découler restent des sujets qu’il ne faut surtout pas aborder mais subir en silence.
Ainsi, dans mon cas, j’ai supporté insultes, quolibets, moqueries, allusions intrusives à ma vie privée, à caractère homophobe pendant plusieurs mois par des collègues de mon service.
Selon la hiérarchie, de la base au sommet, ces faits n’étaient pas de l’homophobie mais des interprétations erronées de ma part. A en croire aussi les affirmations de la direction des ressources humaines, toute discrimination est impossible à la mairie de Poitiers sous prétexte qu’à cette époque, la Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité – aujourd’hui disparue et fusionnée avec le Défenseur des droits), tenait des permanences dans des locaux municipaux. Comment une collectivité peut-elle prétendre qu’elle " travaille en interne sur la question des discriminations " alors que, dans mon cas, une sanction disciplinaire sans procédure préalable m’a été infligée ; un déplacement de service m’a été imposé manu militari toujours sans aucune procédure légale et toujours à la demande du même chef de service avec l’approbation de la DRH. »
" Pénalisé pour avoir osé parler d’homophobie "
« Enfin, la raison invoquée par le directeur général des services au terme d’un entretien post-décisionnel était de " protéger l’agent victime de ces propos discriminatoires ". Aucune communication interne de prévention contre l’homophobie n’a été faite à ce jour sur ce sujet. Dans cette situation, on peut en déduire que " les sanctions de type avertissements ou blâmes " et " déplacement de service " ont bien été utilisées mais pour me pénaliser abusivement d’avoir osé parler des faits d’homophobie subis dans mon ancien service. […] »