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 d’ADHEOS

L’école de commerce Aimée-Stitelmann, à Plan-les-Ouates (GE), fait office de pionnière. Les élèves y abordent les discriminations envers les personnes LGBT jusqu’au 17 mai.
 
Quand l’homophobie se discute chez les jeunes on ne peut qu’applaudir. A l’image de l’école de commerce Aimée- Stitelmann qui dans le cadre du programme PAVE (participation active à la vie à l’école) et sur l’impulsion de quatre élèves délégués a décidé de se pencher sur cette question le 19 février dernier. 800 élèves de cet établissement genevois ont été encadrés par 120 enseignants pour articuler leurs débats. Objectif: faire reculer les insultes homophobes qui nuisent à l’ensemble des établissements scolaires; faire prendre conscience de la notion de discrimination, qu’il s’agisse de racisme, de sexisme ou de religion, ainsi que des mécanismes de défense et de repli qui les accompagnent. Les élèves délégués ont aussi appris à prendre en charge un projet du début à la fin, à se confronter en argumentant sans qu’on leur impose comment penser. De quoi libérer la parole sur ce sujet que certains enseignants qualifient de délicat et de nouveau. Marion Nemchi est professeure de géographie. Elle a coordonné ce projet, avec son collègue Marc Trinquart.
 
Ce projet vous a demandé beaucoup d’investissement?
Marion Nemchi – Un énorme travail, en sus de notre enseignement; des réunions deux à quatre fois par semaine pendant trois mois ont permis d’y arriver, avec 10 à 15 délégués de classe, impliqués à des degrés différents. Marc et moi avions suivi une formation sur la diversité, dans le canton de Vaud, fin 2012, nous permettant de rencontrer les associations LGBT et de lancer les premières idées de ce projet. Tout cela sans aucune décharge du Département de l’instruction publique, mais nous y croyions!
 
Une journée de formation, pourquoi?
– Les délégués ont perçu la nécessité d’offrir un apport théorique au personnel de l’école, pour transcender les préjugés et éliminer les freins à l’égard de la diversité. Ainsi, avec l’accord de notre directrice, une première journée de formation facultative a eu lieu pour les enseignants et le personnel administratif et technique, le 5 février, rassemblant la moitié du personnel.
 
Quelles étaient les activités?
– Mutliples! Du cinéma avec trois films présentés par l’association Le Gai Savoir, suivis de débats animés par Totem. Des ateliers menés par les membres d’associations sur les différentes thématiques autour de l’orientation affective et de l’homophobie – des jeux de rôles, des discussions et des témoignages…
 
Des difficultés d’organisation?
– Les élèves ne se sont pas tous impliqués jusqu’au bout. Il faut souvent relancer, rassembler, mais beaucoup ressortent grandis de ces expériences. Nous regrettons la frilosité face aux medias, nous n’avons pas pu communiquer. L’homophobie est encore source de discussions. Une circulaire du Conseiller d’Etat a été diffusée en 2011, mais sans directive contraignante encore.
 
Des élèves parties prenantes
 
A 18 ans, Adrien et Laura, principaux élèves délégués organisateurs, témoignent
 
Adrien – Deux élèves délégués avaient amené ce sujet, qui nous a paru important, car chacun doit se sentir bien à l’école; j’ai des ami-e-s homo et bisexuel-le-s et c’est une façon de prendre conscience de ces insultes qui fusent à l’école.
 
Laura – Mes parents savent que je suis bisexuelle et ont trouvé positif que l’on parle de cela à l’école, que je m’implique. Le respect doit exister, il faut que l’on puisse tous se parler sans s’agresser, s’ouvrir et écouter les autres.
 
Adrien – Chacun avait un rôle défini, mais beaucoup ont lâché en route, sans excuse ou prétextant leurs difficultés scolaires, forte désillusion. Nous avons dû faire les choses à leur place. J’ai conçu le document de projet, avec toutes les étapes, qui a servi de ligne conductrice, et maintenant, l’événement final – la chaîne humaine – est quasiment prêt: sa définition, son déroulement, la date, le 17 mai, journée mondiale de lutte contre l’homophobie; elle devrait se dérouler sur la Plaine de Plainpalais.
 
Laura – Je me suis retrouvée à faire trop de choses éparpillées, pour pallier les manques des autres. Mais je crois que cela a servi, cela a secoué les élèves, on en parle, même si certains ne veulent pas entrer en matière, en prétextant leur culture, il a fallu qu’ils s’expliquent, en disant par exemple: «Je suis homophobe, parce que …», face aux autres…
 
Adrien – Oui, avec une seule idée, on peut changer des choses. Cette expérience nous a appris à parler, échanger nos idées, construire, convaincre. Un acquis important, qui nous permet de participer à la société que nous voulons pour demain. Mais ce n’est pas facile et beaucoup refusent même d’entrer en matière, rien n’y fait.