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 d’ADHEOS

Lundi soir, France 3 propose un documentaire inédit. A travers six destins d’homosexuels, six hommes âgés de 22 à 98 ans, il s’agit de raconter depuis 1945, l’histoire des gays en France, en marge de l’histoire nationale.
 
Ils s’appellent Alexandre, Didier, Marc, Alain ou Louis. Ils sont réalisateur, costumier ou restaurateur. En 52 minutes, à travers des portraits et des entretiens croisés, ces six homos vont revenir sur l’histoire de l’homosexualité masculine en France de 1945 à nos jours. De la répression, des amours clandestines et de la honte, à la libération sexuelle, à l’affirmation des droits en passant par les années les plus noires du sida. En contrepoint, Daniel Borrillo, historien de l’homosexualité et sociologue, replace ces vies et ces combats dans le contexte national. Le 4 août 1982, une loi dépénalisait l’homosexualité et le Parlement français faisait des homos enfin des citoyens à part entière. Trente ans après, ce doc se veut aussi un bilan.
 
Le documentaire, riche en archives, et reposant surtout sur les témoignages de six hommes, aussi intenses que bouleversants, est signé Sylvain Bergère. Il a été écrit et mené par Goa et Voto. Un duo qui, avec leur précédent doc Le gai tapant, avait rendu un très bel hommage à Jean le Bitoux mort du sida le 21 avril 2010. Un film testament sur cette figure historique du mouvement homosexuel, créateur du journal Le Gai Pied en 1979.
 
TÊTU: D’où vient l’idée de ce documentaire qui, à travers les portraits croisés de six homos, retrace un pan d’histoire de la France gay?
Goa: Notre repère, c’était Bleu, Blanc, Rose de Yves Jeuland qui était déjà un documentaire bien fourni, mais qui avait la particularité de recueillir des témoignages d’experts de la question. De plus, il était beaucoup plus ciblé sur les années sida. Nous avons plutôt souhaité remonter depuis l’après-guerre en suivant le parcours intime de témoins de chaque décennie. Avec un côté didactique et formel apporté par l’historien Daniel Borillo. On a cherché des gens qui n’avaient quasiment jamais pris la parole. Des gens ordinaires que les circonstances ont rendues extraordinaires. Sans avoir affaire à des héros.
 
Comment avez-vous fait votre «casting»? La TNT, par exemple, multiplie les émissions de témoignages. Mais vous êtes parvenus à recueillir des confidences très fortes de gens au discours à la fois émouvant et structuré?
Voto: Nous avons préparé les rencontres très en amont, en partageant vraiment intimement leurs vies. Il y a eu un gros travail en amont. Quand on a sorti les caméras, les barrières étaient tombées. On a essayé de créer un cocon pour qu’ils s’expriment au mieux.
 
Comment avez-vous fait pour trouver vos témoins?
Goa: Le casting s’est construit par des rencontres, et en suivant nos affinités.
Voto: Pendant Le gai tapant, nous avions croisé déjà deux ou trois personnes avec une vraie sensibilité. Ils avaient tous la même vibration. Ils étaient l’inverse de la victime. Ils auraient pu s’écrouler, mais au contraire, ils sont devenus plus forts. En regardant ce film, nous souhaitons que le public comprenne à quel point cela a été dur, à quel point la société a pu être cruelle avec les homos. Et pourtant ces hommes ont fait face, ont rebondi.
 
Votre film apporte uniquement un regard masculin sur l’histoire de l’homosexualité en France?
Goa: Ce choix a été immédiat. Nous ne souhaitions pas être consensuels. C’était un format de 52 minutes pour une histoire très dense et nous ne voulions pas tricoter une égalité factice entre hommes et femmes, qui ont chacun des problématiques différentes. Les femmes, nous l’espérons, ce sera pour un autre épisode. Elles en méritent un à elles seules ! Et on y travaille…
 
Vous n’avez pas été tenté, avec la force de ses témoignages, de proposer en fait une série documentaire en six parties?
Voto: Non, nous voulions avoir un contrepoint historique, et ces hommes sont un miroir du temps qui passe. Le montage a été pour cela compliqué entre la grande Histoire et les histoires de ces hommes.
 
Ce documentaire, réalisé par Sylvain Bergère, surprend par sa belle facture?
Goa: Il a eu le talent de se mettre au service de ce que les gens racontaient. Et plutôt de ne pas les pousser à dire ce qu’il attendait. Nous nous sommes beaucoup concertés et avons formé un vrai trio créatif.
 
Voto: Nous sommes restés chez les gens, quand on évoluait dans un lieu, on le connaissait déjà bien. La fluidité du film vient de là.
 
Vous avez tourné auparavant Le gai tapant. Aujourd’hui ces Histoire(s) d’homos. Vous voyez-vous comme des conteurs de l’Histoire gay?
Goa: Nous ne sommes pas des spécialistes. Ce qui nous intéresse, c’est la marge et ceux à qui on donne peu la parole. L’homosexualité nous parait être un axe qui correspond parfaitement à cela.
 
Quels sont vos projets?
Goa: Nous préparons un documentaire sur les nouveaux aspects du féminisme. Nous travaillons aussi sur les insoumis qui s’expriment par de nouvelles formes musicales. Nous avons enfin un projet de fiction. Un format court humoristique. Nous essayons de mixer les genres.
 
 
  • Histoire(s) d’homos
  • Un documentaire de Goa et Voto
  • Réalisé par Sylvain Bergère
  • Sur France 3 à 23 h
  • Source TETU