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 d’ADHEOS

Un an après sa création, la cellule Thémis, qui accompagne les victimes de violences sexuelles dans l’armée, a été saisie d’une centaine de cas dont une dizaine d’homopbie – et reste déterminée à "libérer la parole" face aux craintes de représailles
 
 
"Sur les 96 dossiers (harcèlement, discrimination et violences sexuelles) dont nous nous sommes saisis depuis avril 2014, environ 90% concernent des femmes et 10% des cas d’homophobie", selon le contrôleur général des armées Bernard Ducateau, qui dirige la structure.
 
Chaque mois, la cellule reçoit une dizaine d’appels. La majorité des faits sont survenus en 2012 ou 2013, certains remontant jusqu’en 1995. "Longtemps après les faits, la souffrance est toujours là. Il est important pour ces femmes d’obtenir le statut de victime", note M. Ducateau.
 
Dans l’armée, la situation est aggravée par une "omerta et une loi du silence", souligne Michel Bavoil, fondateur de l’Association de défense des droits des militaires (Adefdromil). "Il y a toute une zone grise de faits dont on n’a pas connaissance. Comme dans la société civile, il y a une chape de plomb sur les violences sexuelles", concède le responsable de Thémis.
 
Autre facteur qui empêche les victimes de dénoncer les auteurs de violences ou de harcèlement: la peur des représailles. Face à ce problème, Thémis n’entame aucune enquête sans autorisation signée de la victime, sauf en cas de viol. "On lui explique: ‘à partir de maintenant, il faut vous préparer, vous allez être auditionnée, votre commandement direct ne sera peut-être pas content’", relate M. Ducateau.
 
Pour prévenir ces représailles, la cellule peut accompagner la victime sur la durée, comme cette femme qui a porté plainte contre un haut gradé: "Pendant au moins cinq ans, nous resterons en contact avec elle et examinerons ses notations annuelles, pour nous assurer que cette affaire n’ait pas d’impact négatif sur sa carrière".
 
Pour tenter de "libérer la parole", des affiches et plaquettes, intitulées "Stop au harcèlement sexuel", vont être distribuées dans tous les régiments.
 
Environ 640 travailleurs sociaux du ministère de la Défense vont recevoir une formation spécifique pour accompagner les victimes. Un "kit de formation" est aussi à l’étude pour les instructeurs des jeunes recrues, 70% des victimes et 60% des auteurs étant des militaires du rang, relève M. Ducateau.