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 d’ADHEOS

Le nombre de signalements pour crimes LGBTphobes est en hausse massive au Royaume-Uni, révèle une enquête exclusive du magazine Vice World.

Certains chiffres interpellent plus que d’autres. Si le nombre d’actes LGBTphobes se multiplient dangereusement partout dans le monde, les données sont particulièrement inquiétantes au Royaume-Uni, comme le révèle l’enquête annuelle du magazine Vice World News, publiée le 15 août dernier. D’après leurs chiffres, le nombre de signalements pour des crimes de haine homophobes a doublé au cours des cinq dernières années, et celui pour des crimes transphobes a triplé. La police britannique aurait ainsi reçu 26 824 signalements sur l’année 2021-2022, contre 10 003 en 2016-2017, soit une augmentation de 168 %.

Ces mêmes signalements de crimes haineux en raison de l’orientation sexuelle ont augmenté de 59 % entre 2020 et 2021 : c’est la plus forte augmentation annuelle jamais enregistrée par les forces de police du pays, auprès desquelles le journaliste de Vice Ben Hunter a collecté ces données. Ces chiffres concernent seulement les signalements faits à la police, et non les arrestation ou condamnations pour crimes haineux – une infraction pénale motivée par “l’hostilité ou les préjugés envers quelqu’un sur la base d’une caractéristique personnelle”. Ici, de leur orientation sexuelle.

“La haine au Royaume-Uni est réelle”

Comment expliquer ces chiffres plus que préoccupants ? Deux sons de cloche se font face : pour la police, les signalements augmentent car la population leur fait plus confiance qu’avant pour réagir face à ces situations, mais aussi grâce aux “améliorations dans l’enregistrement des crimes et à une meilleure compréhension de ce qui constitue un crime de haine”. Pour les associations en revanche, ce n’est “que la pointe de l’iceberg”. En effet, “beaucoup de personnes LGBTQ+ ne parleraient jamais volontairement à la police de ce qui leur arrive”.

En témoigne AJ, victime d’une attaque homophobe à Liverpool, très amer après sa prise en charge par la police et la justice britanniques : “Cela a pris beaucoup trop de temps, et les gars ont dit qu’ils n’utilisaient pas de langage homophobe, donc ce n’est pas vraiment considéré comme une attaque homophobe.” De même, Naya Martinez, une jeune femme transgenre victime de menaces au couteau à Londres, estime auprès de Vice que “la police avait tout pour attraper ces gens, et ils ne l’ont pas fait, mais cela ne m’a pas surprise”. Elle ajoute : “Si une autre personne trans était attaquée, je ne lui recommanderais pas d’aller à la police à ce sujet. Ils sont inutiles pour protéger les personnes LGBT. Je ne dirais jamais à personne d’aller voir la police. […] La haine au Royaume-Uni est réelle. C’est tellement dégoûtant, absolument révoltant.”

En France, les actes LGBTphobes ont doublé en 5 ans

Le Royaume-Uni est, depuis de nombreuses années, aux prises avec une explosion des signalements de crimes de haine LGBTphobes : une précédente enquête de Vice World News avait déjà montré une hausse considérable de ces actes suite au premier confinement de 2020 et pendant l’année 2021, tandis que les données du ministère de l’Intérieurrapportées en février par la BBC, faisaient état d’un doublement de ces violences en l’espace de quatre ans.

En France, les plaintes pour délits et crimes anti-LGBT avaient augmenté de 28 % en 2021 par rapport à l’année précédente selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. En cinq ans, les violences homophobes et transphobes ont plus que doublé dans le pays, avec une augmentation de 104 % d’après le Service statistiques du ministère. “Les hommes sont les principales cibles des crimes et délits, avec une surreprésentation des jeunes parmi les victimes”, précise Le Monde.

Si nous nous classons à la 7e place des pays européens les plus LGBT-friendly d’après la Rainbow Map 2021la France affiche un taux élevé d’agressions homophobes : 14 %, juste derrière la Pologne et la Roumanie, qui culminent à 15 % selon Euractiv.