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 d’ADHEOS

Gays et lesbiens d’Israël se sont retrouvés, jeudi, dans la ville sainte, avec en tête un souvenir : le drame de 2005.  
 
"Tous ensemble, fièrement et sans peur", "Ma fille est lesbienne ! Où est le problème ?", "On aime sans condition", "L’homophobie tue". Sur les pancartes et les bannières brandies jeudi par les quelques trois mille participants à la Gay Pride de Jérusalem, les slogans étaient sans concession.
 
Mais à part les drapeaux arc-en-ciel et quelques arches de ballons, eux-aussi aux couleurs du mouvement homosexuel, la parade qui fêtait son dixième anniversaire dans la ville sainte a fait plutôt dans la modestie : pas de chars style carnaval de Rio, pas d’hommes torses nus, ni de femmes en bikini ou tenue provocante. Quelques travestis à l’allure sage et quelques porteurs de kippas, la calotte portée par les juifs pratiquants. Pas de quoi affoler les badauds, très peu nombreux d’ailleurs. Ils avaient été prévenus plus tôt dans la journée que l’artère centrale dans laquelle se déroulait l’évènement serait fermée à la circulation.
 
"Beaucoup de travail reste à faire"
 
Quant aux responsables de la ville, ils avaient pris leur précaution. Des centaines de policiers, y compris quelques-uns à cheval, avaient été déployés tout au long du parcours. Il fallait éviter à tout prix les incidents, à commencer par le drame de 2005, lorsque trois participants à la Gay Pride avaient été poignardés par un extrémiste ultra-orthodoxe. La foule des marcheurs s’est d’ailleurs recueillie sur les lieux de l’attaque. L’une des victimes, Adam Rousso, était là aussi. Âgé alors de 18 ans il avait été assez sérieusement blessé. Ce qui ne l’a pas fait renoncer à participer toutes les années qui ont suivi à la Gay Pride.
 
En cet été 2012, tout s’est bien passé. Les manifestants se sont séparés dans le calme, avec le sentiment qu’après plusieurs années de hauts et de bas, Jérusalem a intégré ses habitants "différents". Même si, comme le disent Estie ou Stav, deux jeunes femmes de la communauté lesbienne, "beaucoup de travail reste à faire, pour qu’on soit acceptées telles qu’on est".
 
"Fer de lance de la culture post-sioniste"
 
Et effectivement, au même moment, dans le quartier ultra-orthodoxe de Mea Sharim, des milliers de Juifs très religieux manifestaient pour dénoncer l’homosexualité qu’ils considèrent comme une abomination. Il n’y a pas qu’eux. Dans la journée, Moshe Feiglin, un responsable religieux nationaliste au sein du Likoud, s’en est pris sur sa page Facebook à la communauté gay du pays en les accusant "d’être le fer de lance de la culture post-sioniste dont le but est en fait d’imposer au plus grand nombre l’homosexualité comme culture". Sait-il que des gays brandissant le drapeau du Likoud ont participé au défilé ?
 
De fait, une seule chose semble avoir perturbé Jérusalem : les couleurs arcs en ciel peintes dans la nuit par des inconnus sur l’inscription qui orne l’entrée de la ville : Bienvenue à Jérusalem. Des employés municipaux ont été immédiatement dépêchés sur les lieux avec pour mission de nettoyer. La police a ouvert une enquête.