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 d’ADHEOS

En l’espace de quelques semaines, François Fillon s’est exprimé publiquement à deux reprises sur la question de l’égalité des droits pour les couples de même sexe. Des propos qui témoignent d’une homophobie solidement ancrée. 
 
Ainsi pour le Premier ministre, la famille «c’est un homme et une femme, des enfants» (lire Pour François Fillon, la famille c’est «Un homme, une femmes et des enfants»). En clair, deux hommes et des enfants, deux femmes et des enfants, un homme seul et des enfants, une femme seule et des enfants, deux hommes ou encore deux femmes et des enfants ne constituent pas une famille. Que constituent donc ces combinaisons? M. Fillon ne le dit pas. Il concède simplement qu’«il y a de l’amour partout» et que «tous les comportements sont respectables». Il peut donc y avoir de l’amour dans une famille homo ou mono-parentale mais le Premier ministre lui dénie le droit de se revendiquer comme étant une famille. Des centaines de milliers de personnes considèrent faire partie d’une famille, mais pour François Fillon elles se trompent: elles ne sont qu’une bande d’individus esseulés et d’orphelins qui tentent de faire passer des vessies pour des lanternes.
 
 
Non contents de se prendre pour des familles alors que l’UMP ne le leur a pas demandé, ces individus mettraient de surcroît en danger la notion même de famille, si l’on en croit le Premier ministre lorsqu’il assure considérer qu’il est de son «devoir» «de différencier les choses, de protéger la famille». En quoi les familles «différentes» mettent-elles en danger les autres familles? Là non plus M. Fillon ne le précise pas. Parce qu’à l’image de tous ceux qui tiennent ce raisonnement, il n’a sans doute rien à dire. Lors du procès remettant en cause la Proposition 8 (qui a interdit le mariage aux couples de même sexe en Californie), le juge a demandé à l’avocat de la partie qui défendait la Proposition 8 de lui expliquer clairement en quoi le fait que les couples homosexuels puissent se marier pouvait faire du mal aux couples hétérosexuels qui le sont déjà. La réponse de l’avocat fut édifiante: «Je ne sais pas». Cette scène figure dans la pièce 8, de Dustin Lance Black, qui retrace ce procès en question (voir «8», la pièce sur la Proposition 8, en intégrale).
 
 
PRÉJUGÉS
 
En février dernier le Premier ministre avait fait cette autre déclaration: «L’institution du mariage a un objectif, celui de la sécurisation des enfants. C’est un objectif qui ne me paraît pas compatible avec les couples homosexuels». Au-delà de l’idée fausse et rétrograde que le mariage est nécessairement lié à la procréation (quid des couples hétéros mariés et sans enfants? Quid des enfants nés hors mariage?), pour lui non seulement nous ne sommes pas des familles, nous menaçons celles des autres, et en outre nous menaçons nos propres enfants. Diantre! De là à en conclure que nous sommes une «menace pour la survie de l’humanité», il n’y a qu’un pas… Une fois de plus, François Fillon n’argumente pas. Et comment le pourrait-il? Les études sur le sujet ont démontré qu’au contraire, les enfants de familles homoparentales allaient aussi bien – ou aussi mal – que ceux des familles «conventionnelles». Un peu de bon sens et une rencontre avec une association ou quelques familles suffiraient à démontrer la même chose. Alors sur quoi M. Fillon se base-t-il pour tenir ses propos? C’est simple, cela s’appelle des préjugés. Et des préjugés à l’égard des homosexuels, cela se nomme l’homophobie. Guère étonnant que Christian Vanneste soit toujours membre de l’UMP. Il y est en bonne compagnie.
 
 
Le plus remarquable dans les propos du Premier ministre est qu’il semble croire que nous avons besoin de son approbation et que nous attendons sagement qu’il veuille bien nous accorder les mêmes droits qu’aux hétérosexuel-le-s pour avoir des enfants. S’il ouvrait les yeux un instant, il verrait que des dizaines de milliers de familles homoparentales existent déjà et qu’elles se débrouillent sans lui, merci.
 
 
La vérité est, M. Fillon, que nous gays, lesbiennes, bis et trans’ avons déjà des familles et que nous allons continuer à en construire de nouvelles, que cela vous plaise ou non. Nous avons peut-être besoin de votre permission (jusqu’au 6 mai, du moins) pour obtenir des droits qui nous permettraient de mieux prendre soin nos familles, mais nous n’en avons pas besoin pour définir nos sentiments vis-à-vis de nos (futurs) enfants ou vis-à-vis de nos partenaires. Et permettez-nous d’ajouter ceci, monsieur le Premier ministre: nos familles actuelles ou futures, pour paraphraser Aimé Césaire, elles vous emmerdent.