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 d’ADHEOS

En Indonésie, la communauté LGBT, et plus particulièrement celle des transsexuels, ne vit pas cachée. Mais cela ne veut pas dire que la perception que l’on y a d’eux ne peut pas être… décalée.
 
Auparavant, les transsexuels avaient leur place au sein de la société : leur fonction relevait du spirituel, ils étaient les médiums entre la Terre et l’au-delà. Ils forçaient le respect car ils étaient considérés comme des êtres surnaturels.
 
De nos jours, plus tellement. Exemple frappant avec un téléfilm (carrément, un soap-opéra) diffusé le mois dernier pendant la plus grande fête religieuse du pays, Aïd el-Fitr, qui célèbre le premier mois du ramadan.
 
Le film, « Insyafnya Seorang Waria », que l’on pourrait traduire par « La Prise de conscience d’un transsexuel » est un exemple frappant de la vision négative des transsexuels au sein de la société indonésienne.
 
Un téléfilm sur le « bon » chemin
 
« Waria », le nom indonésien donné aux transsexuels, est un mélange entre le mot « wanita » qui veut dire femme et « pria », homme. Ils apparaissent régulièrement au cinéma ou à la télé, mais ont tendance à être représentés de manière méprisante.
« Insyaf » veut dire « réaliser/prendre conscience », ici, sous-entendu, prendre conscience que l’on est sur le mauvais chemin. En effet, le but du film est de dévoiler le parcours de ce waria, et la façon dont il retrouve le « bon chemin », redevient un « homme », épouse la religion musulmane, et même, ouf, finit par se marier à une femme.
 
Pour la communauté LGBT, et en particulier les transsexuels, ce film encourage les discriminations dont ils sont déjà victimes dans le pays en les présentant comme des « anormaux » à soigner.
 
Pour les activistes, ce film fait aussi passer le message que toute relation s’éloignant du schéma traditionnel « mari + femme » est contraire aux enseignements religieux.
 
100 coups de canne
 
Ce qui inquiète les experts des droits de l’homme dans l’archipel, c’est qu’une oppression naissante pourrait prendre le dessus d’ici quelques années. La semaine dernière, un rapport de Human Rights Watch a été publié, révélant la menace que subissent les transsexuels en Malaisie.
 
« Cela commence avec la Malaisie, puis cela prend la province d’Aceh (au Nord de l’île de Sumatra, où la charia est appliquée) », explique Andreas Harsono, le représentant de Human Rights Watch en Indonésie. D’ailleurs, une loi vient de passer dans la province : 100 coups de canne si l’on a des relations intimes homosexuelles.
 
Deux raisons d’espérer
 
La communauté transsexuelle indonésienne peut tout de même se vanter de deux choses :
 
l’une, « Les Principes de Jogjakarta » (ville au centre de l’île de Java), signés en 2007, qui visent à l’application des droits de l’homme en matière d’orientation sexuelle et d’identité de genre ;
 
et, dans un autre registre, la création de l’une des premières maisons de retraite pour transsexuels au monde. A Depok, au sud de Jakarta, la maison de Yulianus Rettoblaut, plus connue sous le nom de Mami Yuli, accueille depuis plusieurs années les transsexuels ayant atteint un certain âge.
 
Les fonds manquent pour loger tous ceux qui souhaiteraient y habiter, mais la maison est ouverte à ceux qui veulent des conseils pour s’en sortir. Pour les responsables, il s’agit également d’éviter que de nombreuses femmes soient livrées à elles-mêmes et se tournent vers la prostitution pour pouvoir survivre.