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 d’ADHEOS

Le suicide de Jamey Rodemeyer, victime de harcèlement homophobe, a provoqué une vive émotion à travers les Etats-Unis et relancé le débat sur la nécessité de légiférer pour protéger les ados homos
 
 L’émotion est toujours grande depuis l’annonce, la semaine dernière, du suicide de Jamey Rodemeyer, 14 ans, suite à des années de harcèlement homophobe (lire notre article). Ses funérailles (photo), qui ont eu lieu le week-end dernier, on été suivies par plus de 500 personnes à Williamsville, dans l’Etat de New York.

 
 
«Il était très gentil et attentif à ses amis. Il voulait toujours aider quand on avait des problèmes. Je crois qu’il essayait de rester fort au lycée, mais il a fini par craquer» a expliqué Cheyenne, une ami de Jamey, à des journalistes venus couvrir l’enterrement.
 
«Faites une loi pour Jamey»
La tragédie a également touché des milliers de personnes à travers le monde et inspiré trois adolescents, qui ont créé le projet «Paws Up Forever» («Pattes en l’air!», du nom du signe de reconnaissance entre Lady Gaga et ses fans) et ont enregistré une vidéo en hommage à Jamey.
 
Avec pour fond sonore la chanson The Edge of Glory de Lady Gaga, l’idole de Jamey, la séquence met en scène 150 «petits monstres». A la manière de «It Gets Better», la vidéo tente de redonner du courage et de l’espoir aux jeunes gays victimes de harcèlement homophobe, mais surtout de les empêcher de commettre un acte irréparable. «Si vous vous tuez aujourd’hui, vous ne serez pas là pour voir ce que demain vous réserve», affirme par exemple une jeune fille. La séquence se termine sur un message clair: «Faites une loi pour Jamey».
 
 
 L’hommage de Gaga

 
Pendant ce temps, Lady Gaga ne pouvait pas rester silencieuse face à cette tragédie. Elle qui était plusieurs fois remerciée dans le message «It Gets Better» enregistré par Jamey il y a quelques mois (revoir la vidéo), et dont il avait posté des paroles de chanson sur sa page Facebook quelques jours avant sa mort, semble très touchée.
 
Le week-end dernier, en concert à Las Vegas, elle a dédié une chanson à Jamey: «Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais on a perdu un petit monstre cette semaine». Alors que les tweets qu’elle avait postés, et une photo de Jamey, apparaissaient sur l’écran derrière elle, elle a continué: «Je sais que tu nous regardes de là-haut. Tu n’es pas une victime. Parfois, ce qu’il faut faire est plus important que la musique». Avant de lui dédier le morceau Hair :
 
Et la chanteuse –par ailleurs critiquée pour cet hommage par certains, qui craignent que cela ne pousse des jeunes homos à se suicider pour attirer, même si c’est après leur mort, l’attention de leur star préférée – ne compte pas s’arrêter là. Lundi, comme elle l’avait promis sur Twitter quelques jours plus tôt, Lady Gaga a profité d’une collecte de fonds organisée par Barack Obama pour interpeller le Président sur l’épineuse question du harcèlement homophobe. Après l’avoir remercié pour le travail déjà accompli dans ce domaine, la chanteuse a demandé à ce qu’il fasse «tout ce qui était en (son) pouvoir» pour empêcher que de jeunes homos en mal d’identité ne se donnent la mort.

 
 
Un début de législation
Si Lady Gaga n’a pas précisé le fond de sa pensée, un début de légalisation pour protéger les adolescents harcelés à cause de leur orientation sexuelle a commencé à voir le jour aux Etats-Unis: le Safe Schools Improvement Act. Actuellement en vigueur dans 14 états américains, cette loi prévoit notamment une meilleure formation des enseignants et une prise en charge des cas de harcèlement plus réactive et plus approfondie de la part de l’établissement mais aussi des autorités.
 
Mais une autre question se pose: les adolescents qui poussent leurs camarades au suicide doivent-ils faire l’objet de poursuites, et si oui, quels chefs d’accusation peuvent être retenus contre eux? Il reste en effet difficile à prouver qu’ils provoqué directement ou indirectement le suicide. Certains font également valoir que les adolescents peuvent parfois être cruels entre eux et que les «agresseurs» ne mesurent pas la portée de leurs actes. Pour eux, prévenir le harcèlement scolaire passerait davantage par de la sensibilisation que par de la répression. Dans le cas de Jamey, la police a indiqué qu’elle pourrait poursuivre les jeunes qui l’ont poussé au suicide si elle trouve une quelconque preuve qu’ils ont attaqué Jamey sur son identité sexuelle et/ou ont proféré des menaces à son encontre. Selon les parents de Jamey, qui ont accordé une interview à la télévision américaine il y a quelques jours, les harceleurs se sont réjouis de la mort du jeune garçon lors d’un hommage qui se tenait dans son établissement, en déclarant: «C’est mieux que tu sois mort. On est content que tu sois mort».