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 d’ADHEOS

La semaine dernière, deux organisations de défenses des droits LGBT ont émis une alerte déconseillant la Floride aux voyageurs homosexuels. Ces organisations jugent la Floride « dangereuse » et « haineuse » contre les homosexuels. En cause, la politique du gouverneur Ron DeSantis et notamment sa loi interdisant aux instituteurs de parler d’homosexualité. Un climat politique qui pousse de plus en plus de familles LGBT à quitter la Floride.

C’est une famille LGBT+ qui a toujours vécu en Floride, mais Jude et son mari estiment qu’ils ne peuvent plus rester dans cet État de plus en plus conservateur. « On va fuir cet État d’ici à la fin de l’année, comme d’autres familles. On va déménager dans un État plus accueillant, on pense à New Haven dans le Connecticut. J’ai des amis qui se sont déjà enfuis et qui se sont installés dans le Maryland après le 1er juillet [2022]. C’était leur deadline parce que c’était la date d’entrée en vigueur de la loi. »

Cette loi, entrée en vigueur le 1er juillet 2022, c’est la loi « Don’t Say Gay » (« Ne dites pas gay », en français) comme l’appellent ses détracteurs. Une législation du gouverneur Ron DeSantis, figure montante de la droite américaine, qui interdit aux enseignants du primaire de parler d’orientation sexuelle avec leurs élèves. Une équation compliquée pour les enfants qui ont deux mamans, deux papas ou des parents transgenres comme Jude. Né dans un corps de femme, il est aujourd’hui un homme transgenre et porte une barbe. Avec son mari, ils élèvent deux enfants de 3 et 5 ans. L’année prochaine, leur aîné est censé commencer sa scolarité dans le public en Floride ?

De nombreuses volontés de départ de LGBT et d’enseignants

« Comment peuvent-ils aller à l’école sans avoir le droit de parler de leur famille, se demande Jude. Ils ont deux pères. Ils savent qu’avant, l’un de leurs pères était une femme et qu’il a décidé de ne plus l’être et ils sont eux-mêmes non conformes au genre au minimum. En fait, ils pourraient en parler, mais que pourrait répondre l’instituteur qui n’a lui-même pas le droit d’en parler ? Si un camarade lui dit : “Ah, tu as deux pères, c’est bizarre ça”, le prof n’a pas le droit de dire : “si c’est normal, ça arrive”. Parce qu’en disant ça, il pourrait perdre son boulot ! »

En attendant de déménager dans le Connecticut, Jude milite contre le gouverneur Ron DeSantis qui veut maintenant élargir sa loi jusqu’au lycée. Comme lui, 56% des familles LGBT envisagent de quitter Floride, selon un sondage publié en janvier.

Et les couples de même sexe ne sont pas les seuls à vouloir partir. La loi « Don’t Say Gay » complique aussi la tâche des enseignants. Adam Tritt est prof d’anglais en lycée. Plusieurs de ses collègues ont déjà fui le « Sunshine State ». Lui préfère rester et résister : « En novembre, dans mon comté, 47 profs ont démissionné. Il manque 5 000 profs en Floride cette année. C’est trop stressant. On ne sait pas quels livres sont autorisés ou non, les profs sont paralysés et réduits au silence. On n’a pas le droit de dire le mot gay. C’est tellement fou, on ne sait même pas ce qu’on peut faire ou pas ! »

Des républicains conservateurs attirés par DeSantis

Il y a six mois, le fils d’Adam a, lui aussi, décidé de quitter la Floride. Une émigration de l’autre côté des États-Unis pour des raisons politiques. « Mon fils a quitté la Floride avec sa famille et mes petits-enfants pour aller vivre en Oregon. Il ne voulait pas élever ses enfants en Floride. Ils disent qu’ils préfèrent vivre sous une tente plutôt qu’en Floride. Ils me manquent, mais je les comprends. Beaucoup de démocrates quittent l’État et maintenant, trois quarts des nouveaux arrivants sont républicains. »

Les mêmes raisons qui poussent certains habitants au départ en attirent d’autres en Floride. C’est le cas de Gail, une infirmière anti-vaccin. Elle a fui un bastion démocrate, la Californie, pour permettre à ses enfants de bénéficier d’une éducation beaucoup plus conservatrice dans la Floride de Ron DeSantis.

« En Californie, ce sont des communistes ! En Floride, c’est complètement différent. Je me sentais obligée de quitter la Californie parce que je ne voulais pas élever mon fils dans cette ambiance, assure Gail. Ils démasculinisent les hommes en Californie. Je voulais qu’il apprenne à être fier d’être un homme. Ce qui m’inquiète dans un endroit comme la Californie, c’est qu’on va trop loin dans l’autre sens. Actuellement, ils poussent vraiment les hommes à avoir honte d’être des hommes. »

Cette Floride est l’incarnation des fractures de l’Amérique. Son gouverneur Ron DeSantis veut en faire un modèle pour le pays, alors qu’il s’apprête à annoncer sa candidature à la présidentielle de 2024.

SOURCE:www.rfi.fr