Le Parlement européen a voté une résolution contestant la décision de la Commission européenne de dégeler des fonds pour la Hongrie en dépit des manquements à l’État de droit du pays dirigé par Viktor Orbán.
Pas si vite ! Deux mois après que la présidente de la Commission de Bruxelles, Ursula von der Leyen, a annoncé vouloir autoriser la Hongrie à percevoir à nouveau des fonds européens, le Parlement européen a contesté la décision ce jeudi 18 janvier, par le vote d’une résolution.
Le texte, qui n’est pas contraignant, a été voté par 345 voix pour et 104 contre. Il ouvre la voie à un recours devant la Cour de justice de l’UE, et appelle les États membres à faire avancer la procédure entamée contre la Hongrie en 2018, dite de “l’Article 7”, en raison des manquements du pays à l’État de droit. En théorie, celle-ci peut aboutir à une suspension du droit de vote de Budapest dans les réunions européennes.
Le chantage de Viktor Orbán
Le 13 décembre, l’exécutif européen avait annoncé le déblocage en tout de 10,2 milliards d’euros de fonds jusque-là gelés, après que Viktor Orbán avait menacé de faire dérailler le sommet des 27 qui avait débouché sur l’ouverture de négociations d’adhésion avec l’Ukraine. Le Premier ministre hongrois avait finalement quitté la salle de réunion au moment de la décision.
Le dirigeant nationaliste – qui a maintenu des liens étroits avec la Russie de Vladimir Poutine après l’offensive russe en Ukraine – a toutefois opposé son veto au versement d’une aide de 50 milliards d’euros sur quatre ans au pays en guerre. Un sommet extraordinaire a été fixé au 1er février pour tenter de trouver un compromis.
Stéphane Séjourné sur la Hongrie
Devant le Parlement réuni en plénière à Strasbourg, Ursula von der Leyen a justifié mercredi la décision de dégeler certains fonds pour la Hongrie, expliquant que Budapest a réalisé les réformes réclamées par Bruxelles pour renforcer l’indépendance de son système judiciaire. Elle a néanmoins rappelé qu’“environ 20 milliards d’euros” demeurent gelés en raison d’inquiétudes liées notamment aux droits des personnes LGBT+, à la liberté académique et au droit d’asile.
Fin 2021, dans une interview à têtu·, l’eurodéputé français Stéphane Séjourné soutenait la procédure d’infraction à l’État de droit lancée contre la Hongrie : “Notre enjeu est de montrer qu’on peut aller jusqu’au bout pour que la peur change de camp.” Et de développer : “Le Parlement doit mettre la pression politique pour que la Commission utilise la nouvelle réglementation européenne” afin de raisonner Budapest. Entretemps, il est devenu le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères du gouvernement de Gabriel Attal.
- SOURCE TETU