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 d’ADHEOS

En Équateur, depuis 10 ans, les associations lesbiennes dénoncent les tortures physiques et psychologiques qui sont infligées aux lesbiennes pour tenter de les «soigner». Aujourd’hui, les premières dénonciations commencent tout juste à avoir un peu d’effet.
 
 Paola Ziritti a 28 ans aujourd’hui. A 24 ans, elle a connu ce que les associations LGBT de Quito, la capitale de l’Équateur, dénoncent comme de «l’enfermement forcé» dans une clinique qui a fait croire à ses parents qu’elle pouvait «dé-homosexualiser» sa fille. Elle a connu pêle-mêle «les coups, les abus sexuels, les privations en tout genre, les insultes constantes et les chaînes. J’ai passé près de trois mois enchaînée avant que ma mère réalise son acte et me libère», explique-t-elle par téléphone depuis l’Equateur.

 
 
Paola a dû suivre un vrai traitement psychologique pendant plus de six mois pour tenter de se remettre de sa «cure contre l’homosexualité» qui a duré un an et demi. Aujourd’hui, son témoignage est capital car c’est la toute première femme à avoir accepté de porter plainte contre ces «traitements» pratiqués dans des cliniques qui se cachent derrière des prétendus soins aux drogués. «Depuis 10 ans, nous avons été au courant de 30 cas de lesbiennes. Mais il existe 207 cliniques de ce type et nous avons réussi à en faire fermer seulement 27 après le témoignage de Paola», raconte Tatiana Velasquez de l’organisation lesbienne Taller de Comunicación Mujer.
 
«Traitement» humiliant et dévastateur
Ces premières fermetures ont eu lieu en août 2011 et voilà qu’en septembre, deux lesbiennes réussissent à s’enfuir de deux cliniques et portent plainte. L’organisation féministe internationale CLADEM lance de nouveau une action urgente auprès de l’Etat équatorien pour demander «une enquête sérieuse sur ces pratiques dégradantes et illégales et la fermeture de ces centres».
 
Selon le réseau des associations LGBT locales, les cliniques ont aussi enfermé des gays et des trans et travestis mais à une échelle moindre: «sans doute parce qu’ils arrivent à quitter la famille plus tôt que les filles», explique Tatiana. Mais tous vivent le même «traitement» humiliant et dévastateur pour leur personnalité. «Les filles nous ont toutes raconté la même chose: elles sont menacées de viol ou violées, menottées, privées de nourriture et obligées de s’habiller comme des prostituées», raconte encore Tatiana.
 
«Sauvés de l’enfer»

 
Aux côtés de Paola, des associations locales sont en train de préparer une plainte auprès de la Commission interaméricaine des Droits de l’homme, car la justice équatorienne n’est pas assez efficace. «Les fermetures des premières cliniques c’est bien, mais ce n’est pas suffisant. Il s’agit des plus petites et toutes regroupées dans la même région. Pourquoi celle où j’ai souffert continue de fonctionner? », ajoute Paola qui a été menacée depuis que son témoignage est passé à la télévision équatorienne.
 
Les faits dénoncés la semaine dernière lui donnent raison: les tortures continuent dans l’indifférence générale. «Sauf que de plus en plus de femmes dénoncent car Paola a eu le courage de parler», conclut Tatiana. Paola raconte qu’un groupe de jeunes gays et lesbiennes l’ont arrêtée l’autre jour dans la rue pour la remercier: leurs parents allaient les envoyer dans les mêmes cliniques et ont compris le danger. «Ils m’ont dit que je les avais sauvés de l’enfer».
 
Pour les aider:

 
En tant qu’individuel, on peut envoyer la demande de fermeture des centres rédigée en espagnol par le CLADEM: tous les mails de la présidence, du ministère de la justice et de la Santésont en ligne.
 
En tant qu’organisation, les associations Taller de comunicación Mujer (San Ignacio N27-127 y González Suárez. Quito – Ecuador; Tel: (5932) 255 3542; mail: cpmujer@tcmujer.org), Artikulacion Esporadika et Asociación Causana mènent le combat pour la fermeture de ces centres. Elles s’occupent également de la rédaction de la plainte auprès de la Commission interaméricaine des Droits de l’homme et protègent les femmes qui vont témoigner