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 d’ADHEOS

Interrogée par Public Sénat sur son opposition au mariage pour tous qu’elle considérait en 2013 “contre-nature”, la nouvelle ministre Caroline Cayeux a assuré maintenir ses propos tout en se défendant d’être homophobe… avant quelques heures plus tard de bricoler un mea culpa sur Twitter.

Si vous ne connaissiez pas encore Caroline Cayeux, les présentations sont faites ! Chargé des Collectivités territoriales dans le gouvernement Borne II, la nouvelle ministre était l’invitée ce mardi 12 juillet de la chaîne Public Sénat, où les journalistes l’ont placée face aux reproches contenus dans la pétition publiée sur le site de têtu· pour réclamer le départ des trois ministres qui s’étaient opposés il y a dix ans à la loi sur le mariage pour tous : “Madame Cayeux, sénatrice en 2012, qualifiait le mariage pour tous ‘de caprice’, ‘d’une ouverture de droit irrespectueuse de la nature et insensée’, ‘le Mariage pour tous et le droit à l’adoption n’est pas simplement un dessein qui va contre nature mais c’est plus grave’.

“Je ne pense pas avoir parlé de caprice”, proteste l’ex-maire de Beauvais, avant d’assumer sur le fond son opposition de l’époque à la loi d’égalité pour les couples LGBTQI+ : “Oui, je maintiens évidemment mes propos”. Et de brandir carrément un totem d’immunité à la façon Nadine Morano : “J’ai beaucoup d’amis parmi tous ces gens-là [entendre “les homosexuels”] et franchement, c’est un mauvais procès qu’on me fait et ça m’a beaucoup contrariée.”

Sans surprise, la réponse n’a guère calmé les personnes qui soutiennent la pétition “pour un gouvernement sans LGBTQIAphobies”… Face au nouveau tollé suscité par ses explications, Caroline Cayeux a dû se souvenir qu’elle était censée appartenir à un gouvernement “allié” des personnes LGBTQI+, comme l’avait promis le 17 mai Élisabeth Borne. Ainsi s’est-elle fendue dans l’après-midi d’un tweet à 180 degrés : “Depuis ce matin, je lis et entends vos messages. Mes propos ont blessé nombre d’entre vous. Je les regrette profondément, ils étaient naturellement inappropriés. L’égalité des droits doit toujours être une priorité de notre action.” Sans qu’on sache vraiment, à force de volte-face, quelle partie de ses propos matinaux regrette la ministre : s’agit-il seulement de la malheureuse expression “ces gens-là”, ou bien ses remords s’appliquent-ils aussi à son opposition passée à l’égalité des droits, qu’elle maintenait pourtant quelques heures plus tôt ?

Caroline Cayeux, sénatrice alliée de la Manif pour tous

“Je n’ai jamais fait partie de la Manif pour tous”, avait aussi précisé Caroline Cayeux sur Public Sénat. Mais si elle promet de n’avoir jamais manifesté contre la loi Taubira, elle s’est abondamment fait le porte-voix de ses opposants quand elle était sénatrice. Citant, par exemple lors d’une séance au Sénat le 8 avril 2013, la philosophe Chantal Delsol : “Avec cette excellente philosophe, je pense que ‘l’exigence du mariage homosexuel, et l’adoption des enfants qui va avec’, n’est pas simplement un dessein ‘qui va contre la ‘nature’. C’est plus grave, parce que l’on ne débat pas sur ‘la question des limites : tout ce que je veux, et tout de suite, et qu’elles qu’en soient plus tard les conséquences'”.

La sénatrice de l’Oise appelait d’ailleurs, comme la Manif pour tous (LMPT), à un referendum sur le sujet en reprenant ses arguments, toujours à la tribune du Sénat en avril 2013 : “Ne faisons pas de ces communautés qui n’existent pas les nouveaux corps intermédiaires de la République. (…) Comment ferons-nous dans quelques années si les seules revendications qui trouvent grâce au législateurs sont celles qui émanent d’une organisation communautaire ?”

Cayeux, Béchu, Darmanin

Depuis son entrée au gouvernement, ce passé tendance LMPT de Caroline Cayeux est dénoncé au même titre que celui de deux de ses collègues. Le nouveau ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, signait en 2013 une tribune dans le magazine d’extrême droite Valeurs actuelles accusant le mariage pour tous de “fragiliser le socle de notre pacte collectif” en raison du “brouillage des repères originels“. Au Sénat également, il citait un magistrat (Jean-Pierre Rosenczveig) qui comparaît homosexualité et inceste, lançant : “Comment, demain, refusera-t-on à un frère et une sœur qui s’aiment la possibilité de se marier, quand on aura déjà fait tomber le tabou du mariage homosexuel ?”. Quant à Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, il avait manifesté avec la Manif pour tous et promis : “Si je suis maire de Tourcoing, je ne célébrerai pas personnellement de mariages entre deux hommes et deux femmes”.

Ce lundi, quelques heures avant de déposer une motion de censure contre la Première ministre, plusieurs élus de la coalition de la gauche (Nupes), emmenés par l’insoumis Andy Kerbrat, ont relayé l’appel au départ de ces ministres qui se sont opposés au mariage pour tous. En vain, laissant en suspens la promesse d’Élisabeth Borne au lendemain de sa nomination : “Je veux dire à toutes les personnes LGBT+ qu’elles trouveront en moi et mon Gouvernement un allié pour défendre leurs droits et lutter contre toutes les discriminations”. C’est bien parti…