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 d’ADHEOS

 Un conducteur italien a eu la mauvaise surprise de découvrir que son permis n’était plus valide depuis plusieurs années, parce qu’il avait révélé qu’il était gay au cours d’une visite médicale. Associations et politiques montent au créneau.
 
 Encore sous le choc de l’affaire Danilo Giuffrida, ce jeune sicilien de 26 ans privé de permis de conduire parce qu’il était gay (lire article), les LGBT italiens découvrent que cette mésaventure n’est pas un cas unique. Un autre garçon, originaire de Brindisi dans les Pouilles, vient d’apprendre que son permis était suspendu depuis plusieurs années en raison de son homosexualité.
 
 «Pathologies préjudiciables»
C’est en faisant sa première demande de renouvellement de permis (obligatoire tous les dix ans en Italie après vérification de l’état de santé) que Cristian Friscina (ci-dessus) essuie le refus de l’administration. On lui explique alors que son dossier mentionne des «pathologies qui pourraient être préjudiciables pour la sécurité de la conduite».
 
De fil en aiguille, le jeune Apulien de 33 ans découvre l’origine de ce diagnostic: l’hopital militaire de Bari, où il avait révélé en 2000 son homosexualité, à la visite médicale du service militaire. Aussitôt, les services de l’armée ont averti la Motorizzazione Civile, l’administration en charge de la circulation routière. L’avis stipule que cette révélation «fait surgir des doutes sur la continuité des aptitudes psychophysiques requises pour posséder le permis» et que celui-ci est suspendu dans l’attente d’une contre-visite. Or, mystérieusement et contrairement à la première affaire, le conducteur n’est pas immédiatement prévenu. Il roulera dix ans sans savoir que son permis n’est plus valide, jusqu’au moment de son renouvellement.
 
Question parlementaire
«Quand j’ai découvert ce qui s’était passé, j’ai été pris de colère et d’abattement. Mais j’ai essayé de trouver le courage pour affronter le problème, pas tellement pour moi, mais pour tous ceux qui se trouvent dans la même situation et n’ont pas la force de se battre» explique Cristian au site Gaynews.it.
 
Aussitôt révélée, cette nouvelle initiative douteuse de l’administration militaire a provoqué de nombreuses réactions d’indignation. Les Radicaux italiens, à gauche, se sont emparé du sujet et ont présenté mercredi une question parlementaire adressée aux ministères des Transports et de la Défense pour faire la lumière sur l’affaire. Paola Concia, députée du parti démocrate ouvertement lesbienne et militante des droits des homos évoque un «acte de pure et simple homophobie d’Etat» et annonce qu’elle ajoutera sa signature au texte.
 
Recours recevable
Côté LGBT, on n’est pas moins scandalisé. Arcigay fulmine, et dénonce une «incroyable discrimination, de la pure ignorance.» L’association Mario Mieli qualifie l’affaire d’«énormité, dignes de crétins patentés». Le gouvernement n’est pas en reste, par la voix de sa ministre de l’Egalité des chances, la belle et pas toujours gay-friendly Maria Carfagna (lire notre article). «Nous interviendrons pour vaincre cette odieuse discrimination, dernier legs de théories et d’une période qui ne reviendront plus, écrit-elle dans un communiqué. L’homosexualité ne peut bien sûr pas être considérée comme incompatible avec l’obtention du permis de conduire, des affaires comme celles-ci sont impensables.»
 
La suppression du service militaire en 2006 dans la Péninsule a mis de fait un terme aux dénonciations en provenance des cabinets médicaux des armées. Et la résolution du problème de Cristian Friscina semble être sur la bonne voie. Dans un courrier qu’il a reçu mercredi, l’administration des transports juge son recours recevable. «J’espère que cela va mettre un terme à cette triste histoire» explique-t-il.
 
Suite à la plainte de Danilo Giuffrida, la justice italienne avait condamné le mois dernier en appel les ministères de la Défense et des Transports à lui verser 20 000 euros de dommages et intérêts, pour «discrimination et violation des principes constitutionnels».