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 d’ADHEOS

Après "Baise moi" de Virginie Despentes, "Love" de Gaspard Noé ou "La vie d’Adèle" d’Abdellatif Kechiche, l’association Promouvoir a remporté une nouvelle bataille dans sa croisade cinématographique en faisant annuler le visa d’exploitation d’"Antichrist" de Lars Von Trier. Qui se cache derrière cette association ? Quel est son but ?
 
L’association Promouvoir enchaîne les victoires judiciaires et fait trembler le monde du cinéma. Mercredi, elle s’est félicitée de l’annulation du visa d’exploitation d’"Antichrist" de Lars Von Trier qui, selon elle, "met en lumière" "l’incapacité du ministre à assumer son devoir à l’égard de la jeunesse". La jeunesse : il s’agit justement de la principale préoccupation de Promouvoir. 
 
L’association proche des milieux catholiques traditionalistes, qui revendique 350 adhérents, a été fondée en 1996 à Carpentras, notamment par André Bonnet. Ce père de 8 enfants a été président de Promouvoir jusqu’en 2004, il en est aujourd’hui l’avocat. Titulaire d’une maîtrise de philosophie, magistrat, ancien membre de l’Institut des hautes études de défense nationale, André Bonnet a été affilié à Bruno Mégret, en figurant sur la liste du Mouvement National Républicain (MNR) aux municipales d’Avignon en 2001. Il a gardé des sympathies dans les milieux d’extrême-droite et a milité contre le mariage homosexuel. 
 
 
"Promouvoir les valeurs judéo-chrétiennes" 
 
D’après lui, l’association a été fondée pour promouvoir les "valeurs judéo-chrétiennes". L’objectif de l’association est de protéger la jeunesse, vulnérable à la violence et au sexe, et d’instaurer un système de classification des films plus sévères. "Son objet est de défendre la dignité de la personne humaine et de protéger les mineurs" a-t-il dit à Premiere. Selon lui, la commission de classification des films est trop laxiste. "La commission ne sanctionne rien. Elle prend des décisions contraires au bon sens et à la loi. (…) Il faut connaître les plus jeunes, les aimer, et avoir gardé suffisamment de fraîcheur soi-même pour anticiper ce qui peut leur faire du mal, sans tomber dans le puritanisme, ni dans la naïveté", argumente-t-il dans une interview donnée au journal consacré au cinéma.
 
Mais beaucoup reprochent à l’association de ne pas défendre la jeunesse mais des valeurs chrétiennes et conservatrices. Dans un portrait consacré à André Bonnet, les Inrocks écrivent que l’avocat a toujours lié son combat contre la pornographie à celui contre l’homosexualité. Si le site de l’association est aujourd’hui inaccessible, naviguer dans le cache de Google permet de lire d’anciennes publications, révèlent les Inrocks. Ainsi, dans un article intitulé "La pornographie, ce fléau", l’association déclare que "le caractère artificiel des relations qui découle (du porno), décourage un nombre croissant de jeunes gens avec un dégoût pour le sexe opposé qui conduit tout droit à l’homosexualité, masculine ou féminine, dont il est l’un des agents déclencheurs." Selon André Bonnet, qui a donné des discours pour la Manif pour tous, le combat contre le mariage homosexuel est nécessaire pour préserver "l’avenir de nos enfants" face à ce "danger" qui menace "l’avenir de toute notre société". 
 
 
"Bang Gang" : la nouvelle cible de l’association 
 
 
L’an dernier, l’association avait obtenu que l’interdiction aux moins de 12 ans de "La Vie d’Adèle" d’Abdellatif Kechiche soit réexaminée. Et elle avait réussi à faire interdire aux moins de 18 ans "Love" de Gaspar Noé et le film d’horreur "Saw 3 D: Chapitre final". Auparavant, elle avait obtenu l’interdiction aux moins de 18 ans de "Ken Park" de Larry Clark (2004) et de "Baise-moi" de Virginie Despentes et Coralie Trinh Thi (2001). Elle était aussi parvenue à ce que soit relevé en 2014 l’âge légal pour un autre film de Lars von Trier, le sulfureux "Nymphomaniac", à 16 ans pour le premier volet et 18 ans pour le deuxième. Aujourd’hui, elle s’attaque au film "Bang Gang" d’Eva Husson, sorti en salles le 13 janvier dernier avec une interdiction aux moins de 12 ans.