Le remplaçant d’Eric Woerth est une figure discrète mais attachée de longue date à l’UMP. Il s’était illustré lors de la bataille du pacs par une blague douteuse sur ce pacte, qui pourrait être signé «à la direction des services vétérinaires».
«Il y aura un nouveau trésorier du Mouvement populaire ce soir. Je proposerai au bureau politique qui va se réunir le nom de Dominique Dord, qui est député de la Savoie, qui est quelqu’un de particulièrement rigoureux et sérieux.» Le secrétaire général de l’UMP, Xavier Bertrand, ne tarrissait pas d’éloges hier sur Dominique Dord. Celui qui remplace un Eric Woerth englué dans l’affaire Bettencourt est chargé de laver le parti présidentiel de tout soupçon.
Manque de chance, il traîne déjà de nouvelles casseroles politiques potentielles, pour avoir été un temps (deux ans, dans les années 80) directeur chez L’Oréal et pour avoir lui aussi son propre micro-parti, chargé de récolter des financements hors des limites de financement des partis politiques.
«Le pacs est une patate chaude que l’on se refile de la mairie à la préfecture, puis au tribunal d’instance et demain matin – pourquoi pas? – à la direction des services vétérinaires.» Proche de Christine Boutin
Mais pour les plus attentifs aux questions homos, et ceux qui ont de la mémoire, le député de Savoie fait surtout partie des députés ayant mené la bataille contre le pacs. Le Centre LGBT de Paris vient d’ailleurs de s’émouvoir de la nomination de celui qui présidait, avec Christine Boutin, le groupe «Oser la famille» à l’Assemblée nationale. Et de l’initiateur du grand rassemblement «Générations anti-pacs» le 30 janvier 1999 à Paris.
Dominique Dord est aussi l’auteur d’une plaisanterie douteuse, mêlant homosexuels et animaux (ou zoophilie?). Le 8 novembre 1998, comme le consigne le compte-rendu officiel de l’Assemblée, il avait en effet lancé: «Le pacs est une patate chaude que l’on se refile de la mairie à la préfecture, puis au tribunal d’instance et demain matin – pourquoi pas? – à la direction des services vétérinaires.»
Favorable à la pension de réversion
Ses interviews de l’époque continuent de révéler sa personnalité. Dans Le Figaro, quelques mois plus tôt, il déclarait: «Si le pacs était instauré au nom de l’égalité entre les citoyens, il deviendrait alors très vite impossible, incohérent, voire illégal de refuser aux contractants d’un pacs la possibilité d’accueillir et d’élever des enfants (…) On sacrifierait alors le droit de l’enfant au profit d’un droit à l’enfant, comme si nous ne mesurions pas tous les jours les dégâts causés, chez de nombreux pré et post-adolescents, par l’absence d’image du père ou par la désintégration des familles.»
Mais en janvier de l’année suivante, Dominique Dord se défendait d’être «anti-homos», et toujours pour tenter de trouver une parade au pacs, il déclarait au Monde qu’il était «même pour aller plus loin que la proposition de loi, en accordant notamment la pension de réversion aux couples non mariés». Un droit qui n’est toujours pas ouvert par le pacs, et encore tout récemment refusé par la majorité(lire article). Alors, installé à un poste que l’on considère parfois comme le «numéro trois» du parti politique majoritaire, voudra-t-il reprendre ce combat?