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 d’ADHEOS

Le cabinet de George W. Bush aurait compté plus de 70 homos dans le placard
 
Six ans après la fin du mandat de George W. Bush, des gays républicains qui avaient travaillé pour l’ancien président des États-Unis dévoilent les coulisses du pouvoir et de leurs propres états d’âme lorsqu’il a fallu soutenir et défendre cet homme opposé à l’égalité des droits.
 
UN PRÉSIDENT LGBT-FRIENDLY… AU DÉBUT
Tout avait pourtant commencé sous les meilleurs auspices. Lorsqu’il a été élu pour la première fois en 1999, George W. Bush passait pour être très ouvert d’esprit. Pendant sa campagne, il avait rencontré à Austin, au Texas, 12 leaders du parti républicain ouvertement gays. Une fois investi président, il a nommé Scott Evertz, l’un de ces 12, à la tête de la lutte contre le sida, malgré les cris d’orfraie des chrétien.ne.s fondamentalistes. Autre signe d’ouverture: il a personnellement choisi Dick Cheney comme vice-président en sachant pertinemment que la fille de celui-ci est ouvertement lesbienne. Mais peu à peu, les choses se sont gâtées.
 
Pour Charles Francis, un cadre républicain à l’origine de la rencontre à Austin, c’est le silence des proches homos du président qui a conduit celui-ci à se montrer aussi hostile aux droits des personnes LGBT. Selon un membre de la convention nationale républicaine, le cabinet de George W. Bush comptait plus de 70 homos dans le placard, dont deux lesbiennes. Leur silence fut si complet que Scott Evertz n’a pas le sentiment d’avoir côtoyé un.e seul.e autre homo dans les couloirs de la Maison Blanche. «Je savais bien entendu qu’il y en avait d’autres, rien qu’en s’appuyant sur les statistiques, mais aucun.e ne m’a dit être homo, alors je me suis senti complètement isolé.» C’est seul qu’il affronta des barons de la droite chrétienne qui demandaient à le rencontrer dans son bureau… afin d’y prier pour le salut de son âme.
 
POUR LE MARIAGE HOMME-FEMME
Pendant un certain temps, Karl Rove, le grand stratège de George W. Bush, n’a autorisé Scott Evertz à apparaître en public qu’à condition que celui-ci promette de ne pas se présenter comme la première personne ouvertement homo dans une administration républicaine. La campagne pour la réélection en 2004 marqua un nouveau virage puisque lors d’un discours dans l’Indiana, le président s’est prononcé en faveur d’une loi pour la protection du mariage homme-femme et pour la nomination de juges aux positions conservatrices à la Cour suprême.
 
La fille lesbienne de Dick Cheney a menacé de quitter la campagne électorale après ce discours avant de se raviser. Alors âgé de 22 ans, Steven Levine, qui participait à l’organisation de la campagne à travers le pays, a quant à lui préféré se retirer et rentrer à Washington D.C. pour traiter d’autres dossiers. Il a expliqué à ses supérieur.e.s qu’en tant que gay, il ne se sentait pas capable de contribuer à une campagne aussi hostile à l’égalité des droits. Sa hiérarchie a accepté sa prise de recul, et Steven Levine a pu rester au cabinet de George W. Bush jusqu’à la passation de pouvoir avec Barack Obama en janvier 2009.
 
C’est sous le mandat du président démocrate qu’un des plus proches conseillers du président républicain a fait son coming-out. Mais quand Ken Mehman a déclaré qu’il était gay en 2010, il n’a pas pu échapper aux critiques, car il faisait partie des rares à avoir libre accès au bureau présidentiel. «Je ne peux pas le fait changer le fait qu’à l’époque où je faisais de la politique, je n’étais pas parvenu à une telle maturité personnelle et je le regrette sincèrement, a-t-il indiqué à la presse en 2010. C’était vraiment très dur pour moi.»
 
EMMURÉ DANS LE SILENCE
Chris Edwards, qui travaillait au service presse, a connu le même dilemme. Lui a fait son coming-out alors qu’il travaillait à la Maison Blanche et il a présenté son compagnon au président et à son épouse à plusieurs reprises. «Nous essayions tou.te.s de nous faire entendre, malgré ce qu’on peut lire dans la presse, plaide-t-il aujourd’hui. Les gens me disaient: « Ne travaille pas pour lui. » Mais ce ne serait pas réaliste. La réalité, c’est qu’on a besoin de gens dans le parti et à l’extérieur du parti pour que les choses changent.»
 
Si de plus en plus d’États américains ont ouvert le mariage aux couples de même sexe, George W. Bush est resté pour sa part silencieux à ce sujet. Sa femme et sa fille ont exprimé leur soutien à cette avancée et son père, l’ancien président George Bush, a même été témoin au mariage de deux femmes. Les analystes politiques s’interrogent aujourd’hui sur ce qui a poussé George W. Bush à se montrer aussi opposé à l’égalité des droits. Calcul politique ou conviction personnelle? Son silence laisse penser que c’est désormais lui qui est dans le placard. À lire sur Politico.