Sans surprise, l’Assemblée nationale adoptera définitivement dans l’après-midi, aux alentours de 17 heures, le projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de mêmes sexes, faisant de la France le 9e pays européen à l’autoriser, et le 14e dans le monde.
Forte de l’ampleur du mouvement d’opposition, la droite espère toujours que le gouvernement renoncera finalement à sa réforme. La plupart de ses responsables clament qu’elle reviendra de toute façon sur ce texte en cas d’alternance. Et dans l’immédiat, les parlementaires UMP ont d’ores et déjà préparé un recours devant le Conseil constitutionnel.
AMBIANCE TENDUE
En attendant, l’ambiance devrait être tendue à proximité du Palais-Bourbon qui connaît des manifestations quotidiennes depuis une semaine. A Paris, les anti-mariage gay se retrouveront, à l’appel de La Manif pour tous à partir de 19 heures, à Sèvres-Babylone (7e) pour se rendre près de l’Assemblée nationale. "La loi va être votée, nous n’avons aucun doute là-dessus et demain nous ne manifesterons pas contre le vote mais pour proposer une autre solution, celle de l’union civile qui, contrairement au mariage, n’aurait pas de conséquence sur la filiation", a déclaré Frigide Barjot.
En Europe, de telles unions civiles existent notamment depuis 2001 en Allemagne et depuis 2007 en Suisse. Dans huit autres pays européens (Pays-Bas, Belgique, Espagne, Norvège, Suède, Portugal, Islande et Danemark), c’est le mariage lui-même qui est autorisé. Toutefois, au Portugal, l’adoption est exclue.
Les "pro", d’abord à l’appel du collectif "oui, oui, oui" appellent aussi à un rassemblement mardi à partir de 17 heures près de l’Assemblée, puis à un autre, à l’appel cette fois de l’Inter-LGBT (Lesbienne, gay, bi et trans), à partir de 18 heures à proximité de l’Hôtel de Ville. En province, des rassemblements analogues sont prévus : pro mariage gay à Toulouse, Marseille, Aix-en-Provence, Montpellier, Lyon. Les anti seront à Chambéry, Bordeaux, La Roche-sur-Yon.
"CLIMAT D’INTOLÉRANCE"
A la veille du vote et au lendemain de la manifestation parisienne, l’ambiance autour du projet de loi s’est singulièrement crispée avec l’envoi d’une lettre contenant de la poudre de munition à Claude Bartolone, le président PS de l’Assemblée nationale. Dans cette missive, une anonyme Interaction des forces de l’ordre le mettait "en demeure de surseoir au vote définitif" de la loi.
Plusieurs personnalités se sont alarmées de ce développement, à commencer par le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, qui a souligné qu’il fallait prendre une telle menace "très au sérieux". La garde des sceaux, Christiane Taubira, qui a porté de bout en bout le projet, s’est déclarée "très inquiète de l’ambiance générale". "Plusieurs d’entre nous sont directement visés, ciblés", a-t-elle estimé. "Qu’est-ce que c’est que ce climat d’intolérance, cette incapacité à accepter le débat, les désaccords?", a-t-elle déploré.
- Source LE MONDE