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 d’ADHEOS

Deux tribunes publiées cette semaine reviennent sur les arguments des anti-mariage, et sur l’homophobie assumée ou ignorée de la plupart d’entre eux… 
 
Dans le débat sur le mariage pour les couples de personnes homosexuelles, l’homophobie en demi-teinte des arguments de ses opposants – parfois auto-proclamés progressistes – énerve, blesse et fait réagir. Ainsi, en ce début de semaine, deux tribunes font le tour du web. Le directeur adjoint de la rédaction de Marianne, Joseph Macé-Scaron, co-signe avec son homologue Christine Lambert «Ils ne sont pas homophobes, comme ils disent» (image ci-dessus). Et «Le Pédé» du blog collectif C’est la Gêne reprend du service avec une «Lettre ouverte aux homophobes qui s’ignorent» (à lire ici).
 
«Choix de vie»
Tandis que les journalistes de Marianne s’attachent à l’homophobie prégnante du débat, le blogueur vise en particulier les arguments avancés par ses amis, homophobes sans le vouloir. Par exemple, «Il y a d’autres sujets» à traiter: l’argument, régulièrement invoqué par la droite, est le premier que «le Pédé» s’attache à déconstruire. «Mais ce combat est-il à tes yeux si insignifiant, si futile, si négligeable, qu’il me faudrait m’excuser d’en faire une priorité pour moi ?» se questionne-t-il. S’excuser de faire de l’égalité des droits une de ses priorités, c’est presque devoir s’excuser d’être gay.
 
«Ils ne sont pas homophobes mais, quand même, les gays et les lesbiennes ne devraient pas imposer ce «choix de vie» à l’ensemble de la société, relève Marianne. Comme si on choisissait d’être homosexuel.»
 
Dans le discours des opposants, l’homophobie leur paraît facile à relever. «Ils pensent que la vénérable institution du mariage doit être protégée de cette agression. Comme si les homosexuels étaient responsables et coupables du fait qu’un mariage sur deux se termine aujourd’hui par un divorce» jugent encore les journalistes de Marianne. Ou encore «Ils croient profondément qu’un enfant a besoin, pour être heureux, d’un papa, d’une maman, d’un labrador et d’un 4×4. Et pas de deux parents (au moins) du même sexe. Comme si des siècles d’hétéroparentalité avaient éradiqué l’enfance maltraitée des faits divers.»
 
Subversion homosexuelle
Les hétéros gay-friendly mais anti-mariage auraient d’autres arguments: «Le mariage, c’est dé-pa-ssé! C’est un tue-l’amour, vous ne savez pas la chance que vous avez d’y échapper.» À C’est la Gêne, on joue l’humour noir: «Je me prends à imaginer mon ami sur une plantation, en train d’expliquer à un petit noir que la liberté, c’est les soucis! Tu sais ce qui va se passer si on te rend ta liberté? Il va falloir que tu te trouves une maison, et un travail, et puis penser à t’inscrire à la sécurité sociale et à prendre une mutuelle, c’est des sacrées responsabilités mon gars! Crois-moi, tu es bien mieux ici, à ramasser du coton sans te prendre la tête!».
 
Il en profite même pour tacler les homos qui se disent contre le mariage, au nom de la «subversion homosexuelle» clamée par Frigide Barjot: «Si les homosexuels sont subversifs, ce n’est que parce que des gens comme vous persistent depuis des siècles à considérer leurs pratiques sexuelles comme subversives. D’ailleurs, n’ont ils pas perdu en subversion depuis la dépénalisation de l’homosexualité? Ne faudrait-il pas revenir sur cette décision pour que nous retrouvions à vos yeux tout notre panache?» Cette subversion qui a «détruit la civilisation grecque» selon de nombreux détracteurs, comme le soulignent Macé-Scaron et sa consœur, non sans ironie: «Le mariage homo signe plus sûrement que le calendrier maya l’extinction de l’humanité.»
 
«Mépris poli» de «boboland»?
«Ils ne sont pas homophobes, mais ils refusent de céder comme des moutons de Panurge à la “modernité” bien pensante dictée depuis Boboland. Comme si l’égalité en droits était une idée du futur.» Mais «boboland» ne suit pas toujours le mouvement, et C’est la Gêne le remarque justement, à travers un ami qui est en faveur du mariage, mais juge qu’il est «trop tôt» pour les mentalités. La bien-pensance dans toute son hypocrisie: «Il aime bien les films qui parlent de vrais trucs, comme le racisme et les inégalités sociales, mais situés dans un passé suffisamment distant pour lui permettre de s’indigner confortablement de l’injustice qui régnait en ce bas-monde. (…) Mais comment diable pouvait-il deviner que cautionner la discrimination des homosexuels, c’est mal, puisque l’Etat lui même participe à cette discrimination?»
 
«Ils ne sont pas homophobes – la preuve, leur coiffeur est pédé et ils adorent Stéphane Bern –, mais au plus profond d’eux-même, ils pensent que les homosexuels ne sont pas tout à fait des hommes et des femmes comme les autres» concluent Joseph Macé-Scaron et Chrstine Lambert. Et Le Pédé d’aviser: «Alors à vous, mes trois petits singes de l’homophobie qui s’ignore, je suggère de prendre cinq minutes pour vous mettre à la place de ceux dont vous décidez du sort entre la poire et le fromage. Car si personne ne vous oblige à vous engager à nos côtés, ne vous imaginez pas que votre indifférence civilisée, votre inconséquence affable et votre mépris poli passent inaperçus.»