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 d’ADHEOS

L’agression de Caroline Fourest et des Femen constituait la partie émergée de l’homophobie, hier à Paris lors de la manifestation des catholiques de Civitas…
L’appel à la haine. L’agression à caractère homophobe des militantes féministes du mouvement Femen et de la journaliste ouvertement lesbienne Caroline Fourest
lors de la manifestation du groupe catholique Civitas hier a Paris a suscité de nombreuses réactions sur la toile. Entre 10.000 et 20.000 personnes ont répondu à l’appel de l’association ultra-catholique Civitas pour exprimer leur opposition au projet de loi d’ouverture du mariage à tous les couples. S’ils n’étaient pas tous aussi virulents que les agresseurs des Femen, chez une majorité d’entre eux, l’homophobie est bien présente dans le discours.
 
Ainsi, dans les rangs des manifestants, des ecclésiastiques – en soutane sous leur manteau d’hiver – côtoient des pères de famille bon-chic-bon-genre, se partageant avec leurs femmes leurs quelques têtes blondes, appelées à manifester. Des sexagénaires brushées, à qui les organisateurs avaient demandé sur la page d’appel Facebook d’enlever les serres-têtes, se frottaient à des jeunes aux crânes rasés qui profitent du cortège pour coller des stickers «La France aux Français» sur les lampadaires, les feux et les coffres électriques. «Les médias ont tendance à nous mettre dans une boîte, à nous prendre pour des intégristes, estime Bertrand, venu avec sa famille. La plupart d’entre nous sommes plus tolérants que beaucoup de gens!» Les slogans laisseraient pourtant penser le contraire.
 
Homosexualité «intrinsèquement désordonnée»
Le jeu de mot «Oui à la famille! Non à l’homofolie!» a déjà fait réagir la ministre des femmes et porte-parole du gouvernement Najat Vallaud Belkacem, qui fermement dénoncé ce «dérapage». Mais sur les banderoles, on pouvait lire, pêle-mêle: «Le mariage homo, c’est du faux, vive la vraie famille», «Arrêtons la supercherie du pseudo-mariage de quelques-uns imposés à tous! Avenir de la culture!», ou celui-ci, bien loin de ce que l’on appelle la laïcité, se référant directement au catéchisme de l’Eglise catholique.
 
Une certaine vision de la femme
Philippe, la cinquantaine, parle de «subversion»: «Le mariage pour les couples de même sexe, ce n’est pas le progrès, c’est aller encore plus loin dans la perversité». Il admet ne pas connaitre d’homosexuel, enfin «pas directement», bien qu’il n’ait «rien contre l’homosexualité». Un avis partagé par un prêtre de la paroisse de Toulon, qui a organisé le déplacement des mobilisés varois: «L’homme et la femme sont appelés à trouver le bonheur ensemble, le mariage gay, c’est la dérive idéologique dangereuse de la fin des genres.» Le genre tient beaucoup à cœur aux manifestants, arguant que la complémentarité des sexes serait nécessaire pour élever un enfant. Ils sont nombreux à avoir accompagné leurs parents aujourd’hui, à la sortie de la messe: Côme, 10 ans, soulève sa pancarte avec beaucoup d’enthousiasme: «Je préfère avoir une maman et un papa, comme ça avec papa je joue au football, et avec maman, j’apprends à recoudre des boutons.» Sa mère confesse, pas peu fière, qu’elle lui a même appris à utiliser la machine à coudre.
 
«Le drame du mouvement féministe, c’est que la femme devient un homme», se désole le prêtre de Saint-Raphaël. Bertrand, le père de famille, est aussi catégorique: les sexes ne se valent pas et sont complémentaires pour élever un enfant: «On dit que les hommes et les femmes sont égaux, mais c’est faux! La femme va être plus apte que l’homme à s’occuper des enfants, l’homme nourrit la famille.» Alors deux mamans lesbiennes, si l’une travaille, pourraient très bien élever un enfant correctement? «C’est vrai que deux femmes c’est peut-être moins choquant. Mais c’est parce que je suis un homme, et que nous les hommes, on a toujours un peu des idées perverses.»
 
Jeunesse Civitas
Même si les couples de même sexe le «choquent», Bertrand se défend de faire preuve d’homophobie devant ses enfants: «Je n’ai pas de problème avec ces choses-là. J’ai même défendu un gay quand j’étais à l’école de gestion. Simplement, comme une religieuse va faire une croix sur son désir d’enfant, les homosexuels ne peuvent pas demander des droits qui ne vont pas avec leur choix de vie.» Un choix de vie que pourrait être amené à faire l’un ou plusieurs de ses quatre enfants, mais c’est apparemment une idée qui ne traverse pas le quadragénaire.
 
«Nous avons besoin d’une quarantaine de jeunes qui veulent bien porter la bannière de tête!» interrompt l’organisateur au micro. Et il les a trouvés. Un tiers des manifestants doivent avoir moins de 25 ans. Ils sont là «pour ne pas laisser détruire le noyau de la société» comme le dit fermement Odile, 16 ans, lycéenne dans l’enseignement catholique. «A l’école, on en parle pour essayer d’élucider le problème, de le comprendre, de l’expliquer. Mais on y est tous opposés. C’est mettre en péril l’enfant pour satisfaire on ne sait quels besoins sensuels.» Elle a déjà rencontré des gays, n’en compte pas parmi ses amis, mais assure que «plein de gays ne veulent pas de ce mariage.»
 
«Ça me dégoûte»
«J’ai même plus de mots tellement j’hallucine.» Sur le trottoir, un peu à l’écart, Marie est consternée. Elle a fait vingt kilomètres pour venir voir de ses yeux ce qu’elle a raté la veille, à la «manif pour tous». «Je suis venue voir la connerie des gens. Ils refusent complètement une sexualité différente de la leur, il n’y aucune bonté chez eux. C’est seulement de la haine qu’ils transmettent à leurs gamins et ça me dégoûte.»
 
Loin de l’agitation, un jeune couple est gêné par les forces de l’ordre qui ont bloqué la rue: «C’est encore pour le mariage? Qu’ils les fassent se marier, au moins ils ne nous feront plus ch…» remarque élégamment mademoiselle. Et son copain de rétorquer: «Qu’ils aillent se faire enc…, déjà que je ne supporte pas que le maire de Paris soit une tapette!» Comme quoi, les manifestants n’ont pas l’apanage de la tolérance.