Monsieur Le Préfet,
Monsieur Jean Michel BERARD,
Nous venons d’apprendre l’arrestation à Lille de M.S, de nationalité sénégalaise, membre des Flamands Roses. Il a été arrêté ce mercredi 17 mars 2010 alors qu’il faisait la queue devant un centre médical pour recevoir des soins.
M.S. est arrivé en France en octobre 2009 car il a fui le Sénégal où il se trouvait en danger à cause de son homosexualité.
Comme cela a été largement médiatisé en France et en Europe, le contexte social est très défavorable aux homosexuels au Sénégal : suite à la publication en février 2008 dans la presse sénégalaise d’un article accompagné de photos au sujet d’une fête lors de laquelle aurait été célébré un “mariage gay”, de nombreux représentants politiques ou religieux avaient exprimé publiquement leur hostilité contre les homosexuels. Ceci avait conduit la population à se livrer à une véritable chasse aux homosexuels dans le pays, laquelle dure encore aujourd’hui.
Lorsqu’il était encore au Sénégal, M.S. a été l’objet de menaces et de persécutions : il a reçu des lettres de menaces, son appartement a été saccagé, et le 3 octobre 2009 il a été violemment agressé par un groupe de personnes en raison de son homosexualité.
Arrivé en France en octobre 2009, il a formulé une demande d’asile qui lui a malheureusement été refusée. M.S. a déposé un recours en décembre dernier et attend la réponse de la CNDA. Suite à une première arrestation par la police, il lui a été notifié un APRF. Il a été libéré du Centre de Rétention Administrative par la Juge des Libertés et des Détentions. Cependant, l’APRF a été maintenu par le tribunal administratif de Lille. Suite à une nouvelle arrestation aujourd’hui mercredi 17 mars, il se trouve actuellement au Centre de Rétention Administrative de Lesquin. Nous sommes extrêmement inquiets que M.S. puisse être expulsé, alors que sa demande d’asile est actuellement examinée.
Nous exigeons la libération immédiate de M.S. et exigeons que la France accorde le droit d’asile à M.S. : conformément à l’article 6 de la directive 2004/83/CE, le statut de réfugié, au titre de l’asile conventionnel ou de la protection subsidiaire, doit être accordé aux personnes LGBT ayant été ou risquant d’être persécutées par les pouvoirs publics de leur pays d’origine, ou par quelque autre acteur non étatique.
Recevez, Monsieur le Préfet, l’assurance de notre considération militante.
Le Président d’ADHEOS