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 d’ADHEOS

Je ne manifesterai pas contre « le mariage pour tous », ou plus exactement le droit des homosexuels de se marier comme quiconque et de fonder famille.
 
Comme mes parents bien-aimés, je suis catholique et fier, sans mépris pour quiconque, de l’être. Marié, père de famille ayant élevé cinq enfants, sexagénaire, je pense que la différenciation sexuelle, l’autorité du père, la douceur de la mère, pour faire bref et caricatural, valent mieux que toute autre option familiale.
 
Mais cette préférence hétérosexuelle classique m’autorise-t-elle pour autant à rejeter ceux qui ne vivent pas comme moi et souhaitent être respectés comme différents et légitimes en étant mariés ? Je ne le pense pas.
 
L’Eglise, mon Eglise, a le droit – et même le devoir – de penser que le mariage est « l’un des fondements de notre société ». Je le pense aussi.
 
Eglise, tu ne respires plus avec ton siècle
 
Mais au nom de quel dogme, quel autoritarisme mal placé et d’un autre temps, entend-elle imposer sa vision du mariage civil ? Qu’elle défende le caractère sacré du mariage religieux, bien sûr. Mais qu’elle juge comme « une supercherie » (dixit le cardinal André Vingt-Trois) le
mariage civil entre homosexuels, me semble peu respectueux de ces derniers, bien qu’elle s’en défende.
 
Eglise, mon Eglise, tu t’enfermes. Tu ne respires plus avec ton siècle, tes ouailles et ces millions de gens qui t’ignorent, mais sont pourtant filles et fils de Dieu. Mon Eglise est devenue, hélas, un repoussoir pour bon nombre de citoyens. Là où il lui faudrait faire preuve de miséricorde, de compassion, elle prêche des excommunications et des interdictions.
 
Celles-ci ont failli me faire perdre la foi, il y a trente ans lorsque, contraint au divorce, j’ai été empêché de communier. Grâce à mon attachement à ma famille chrétienne, à la rencontre d’aumôniers, de prêtres ouvriers, ma foi, par bonheur, n’a pas été brisée.
 
L’important, n’est-ce pas l’amour ?
 
Je ne voudrais pas que des anathèmes soient lancés à mes frères homosexuels. J’en connais qui élèvent, à partir d’une fécondation in vitro, un enfant depuis près de vingt ans. Au début – pourquoi le cacher ? – j’étais choqué qu’un petit d’homme soit créé hors de l’amour d’un homme et d’une femme.
 
Puis, j’ai vu grandir ce jeune. J’ai été témoin de l’affection portée par son père, sa mère, mais aussi sa marraine et son parrain, compagnons des parents. Cet enfant choyé est devenu un jeune homme épanoui, cultivé et heureux. Cette réussite éducative m’a ouvert les yeux. L’important dans tout cela, me dis-je aujourd’hui, n’est-ce pas l’amour ? Qu’il soit le fruit d’une union hétéro ou homosexuelle, n’est-ce pas cela qui compte ?
 
J’invite l’Eglise, mon Eglise, à l’empathie, à aimer le prochain différent, refuser la facilité des dogmes qui occultent le réel qui change (celui du mariage en l’espèce) et nous interpelle heureusement. Laisse-toi, Eglise de Pierre, guider par l’Esprit, en somme, et moins par tes vérités immuables qui sont autant de cécités et de scléroses paralysantes.