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 d’ADHEOS

Violemment sectaire, homophobe, islamophobe et antisémite, le site Kreuz.net sévit en toute impunité dans l’espace germanophone. Mais cinq de ses animateurs, dont un Suisse, auraient été identifiés. Tous sont prêtres.
 
L’étau se resserre autour le site d’extrême droite Kreuz.net. Cette plateforme d’«informations catholiques» germanophone fait l’objet d’une plainte déposée à Berlin. Les noms de cinq collaborateurs de l’Eglise catholique ont été transmis à la justice après un appel lancé par la maison d’édition gay Bruno-Gmünder. Elle avait offert 15’000 euros à quiconque permettrait d’identifier les administrateurs du site. Cette initiative avait été prise à la suite d’un article qui se réjouissait de la mort du comédien gay Dirk Bach, en octobre dernier. «Il brûle maintenant dans l’enfer homo éternel», avait-on pu lire dans un article anonyme – comme la plupart des contributions du site – qui avait soulevé une immense indignation.
 
Affinités néonazies
Créé en 2004 comme un organe d’opinion conservateur au sein des Eglises allemande et autrichienne, Kreuz.net a vu ses contributions se radicaliser au fil du temps. Au point de devenir un véritable défouloir. Dans le collimateur de sa rédaction: les «Protestunten» (traduisible en français par «protestantouzes»), les traitres démocrates-chrétiens («parti d’avorteurs et d’homos»), l’œcuménisme et les théologiens réformateurs. Tout ce petit monde est copieusement maudit et voué aux gémonies, tout comme les homos, les musulmans et les juifs. On y rencontre des écrits négationnistes, comme ceux de l’évêque intégriste Richard Williamson, et même les proses de Joseph Goebbels ou d’Heinrich Himmler. Des affinités néonazies qui ont valu au portail une mise sous surveillance par les offices allemand et autrichien pour la protection de la Constitution et la lutte contre le terrorisme.
 
Jusqu’ici, les efforts pour identifier ses administrateurs étaient restés vains: le site est enregistré aux noms de sociétés-écrans aux Etats-Unis et a plusieurs fois changé d’hébergeur. Une enquête du «Spiegel» semble toutefois confirmer qu’un réseau de prêtres catholiques, le Priesternetzwerk, se trouve bel et bien derrière le portail Kreuz.net.
 
Cités «à leur insu»?
A la tête de ce réseau, un curé du Diocèse de Mayence (All), Hendrick Jolie. Quelques articles (relativement anodins) signés de son nom apparaissent sur la plateforme. Mais il pourrait être l’auteur d’autres contributions, anonymes. Selon l’hebdomadaire, c’est lui qui était titulaire de l’adresse e-mail redaktion@kreuz.net. Etrangement, plusieurs mentions de son nom sur le site auraient disparu ces dernières semaines. L’homme d’Eglise nie en bloc. Comme les autres prêtres mentionnés dans la liste livrée à la justice, il explique avoir été cité à son insu. Un prêtre suisse des Grisons, un certain Reto Nay, figure également sur la liste. Il a formellement démenti «tout lien» avec les animateurs de Kreuz.net, rapporte le «St. Galler Tagblatt». Le (très conservateur) Diocèse de Coire a rappelé qu’il ne tolérerait aucune collaboration, même anonyme, avec Kreuz.net.