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 d’ADHEOS

Patrick est accusé de viols et d’agressions sexuelles sur sa fille. Entre les faits et son procès, il est devenu une femme.
 
C’est une affaire à la fois insolite et abjecte que va avoir à juger la cour d’assises de la Charente-Maritime au palais de justice de Saintes, de mercredi à vendredi prochains. Patrick, qui sera présent dans le box des accusés pour avoir pendant des années (de 1992 à 2005), soumis sa fille à des relations incestueuses, a laissé place à Julie. Transsexuel, il est en effet devenu femme après une opération chirurgicale. Sa transformation avait déjà eu lieu quand il avait été réentendu dans le cadre de cette affaire, le 11 septembre 2009. Patrick-Julie comparaît libre.
 
Cependant, c’était bien un père de famille qui a fait participer sa fille à des jeux sexuels pendant des années, sous le regard incrédule de la mère, Marie-Carmen, qui comparaît pour complicité d’agressions sexuelles sur mineure de 15 ans par un ascendant. Le même chef d’accusation que pour Roger, un photographe de La Baule rencontré par le couple grâce au Minitel rose et qui organisait des séances photos un peu spéciales.
 
De Saint-Nazaire à Rochefort en passant par La Rochelle, l’enfance puis l’adolescence de Sonia (1) se sont donc déroulées dans un contexte pornographique sordide. En 1992, alors qu’elle n’a qu’une dizaine d’années, elle raconte, par exemple, que son père lui a demandé de filmer ses ébats conjugaux. Le premier viol remonterait à cette période.
 
Plusieurs fois hospitalisé
 
On passera sur les détails tous plus traumatisants les uns que les autres. Au bout d’un moment, le père et la fille ont vécu comme un couple. Après un déménagement en Charente-Maritime, Sonia tombe enceinte et donne naissance à un garçon en 2002. La jeune fille, qui a laissé tomber le collège, semble sous l’emprise de son père dont elle se dit même alors amoureuse.
 
Aux enquêteurs, elle déclarera : « J’ai le sentiment de m’être fait manipuler depuis que je suis très petite. Je prends maintenant conscience de cette manipulation. J’ai l’impression d’être détruite de l’intérieur. » Sonia a porté plainte le 16 juillet 2007.
 
Son père transsexuel vit désormais à Bordeaux. Dans les annales de la justice, c’est sans doute la première fois qu’un tel cas de figure se présente. Patrick parle désormais de lui au féminin. Aux enquêteurs, il a confié avoir refoulé sa féminité après avoir eu une aventure homosexuelle avant de partir faire son service militaire. Il a également avoué être tombé dans l’alcool depuis l’âge de 14 ans et avoir eu des rapports incestueux avec son père jusqu’à 12 ans. Sur les faits, il affirme qu’il n’y a jamais eu de contraintes.
 
Hospitalisé en 1998 pour une cure de désintoxication et à plusieurs reprises en psychiatrie, Patrick-Julie est considéré par un médecin comme quelqu’un « qui ne peut pas, ou difficilement, comprendre la vulnérabilité de sa fille et le caractère incestueux de ses actes. Il avait cependant conscience des interdits transgressés en commettant des actes pervers. »
 
L’approche psychologique et psychiatrique, dans ce dossier, prendra certainement une part importante des débats.
 
(1) Le prénom de la victime a été changé pour préserver son anonymat.