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 d’ADHEOS

Jair Bolsonaro "a fait de moi un paria": Jean Wyllys, ancien député au Parlement brésilien et militant pour les droits des personnes LGBT, a dû fuir son pays après avoir reçu des «menaces de mort» à la suite de l’élection du président d’extrême droite.
 
"J’ai reçu des menaces de mort par téléphone, sur les réseaux sociaux et dans des courriels. On commençait même à me menacer dans la rue", raconte-t-il dans un entretien à l’AFP.
 
En janvier, ce parlementaire de gauche de 45 ans, premier et unique député ouvertement homosexuel au Congrès brésilien, a renoncé à un troisième mandat et fui son pays.
 
En avril 2016, Jean Wyllys avait craché au visage de Jair Bolsonaro, alors simple député, lors de débats au Parlement où il avait fait l’éloge d’un tortionnaire notoire de la dictature militaire (1964-1985).
 
Jair Bolsonaro était déjà réputé pour son homophobie, après avoir notamment dit qu’il préfèrerait avoir un fils mort plutôt que gay.
 
Le gouvernement a "lancé une campagne diffamatoire d’infox et de calomnies contre moi. Ils ont fait de moi une espèce de paria dans mon propre pays", accuse Jean Wyllys.
 
Mais le militant a eu peur que cette campagne de dénigrement aille encore plus loin, à l’image de l’assassinat, en mars 2018, de Marielle Franco, une conseillère municipale de Rio de Janeiro, noire et homosexuelle, luttant contre le racisme, l’homophobie et la violence policière dans les favelas.
 
"Depuis l’assassinat de Marielle, c’est devenu clair que ma vie était en danger. Depuis lors, j’ai commencé à vivre comme dans une prison privée. Je vivais entre un véhicule blindé et ma maison, toujours accompagné d’une escorte policière", témoigne Jean Wyllys.
 
"C’est à ce moment-là que je me suis rendu compte que je ne serais pas en mesure de mener un nouveau mandat".
 
Après un passage par Barcelone, l’ancien député va provisoirement s’installer à Berlin, où il prépare un doctorat à la suite d’une proposition que la fondation allemande Rosa Luxemburg et l’Open Society Foundation lui ont faite après son exil.
 
Mais, même loin de son pays, l’ancien parlementaire compte bien poursuivre son combat. "On peut faire de la politique d’une autre manière, en dehors du Congrès, en vivant libre comme je vis aujourd’hui, sans risque pour ma vie".
 
"Je resterai (en Europe) tant que se prolongera cette nuit au Brésil, qui peut durer longtemps", lâche-t-il.
 
Le militant espère cependant que les récentes révélations sur des liens supposés entre le président Bolsonaro et les auteurs présumés de l’assassinat de Marielle Franco "réveillent le peuple brésilien et fassent chuter le gouvernement".
 
Une photo publiée sur la page Facebook de l’un des suspects le montre posant avec un homme, dont on ne voit que le bas d’un visage qui pourrait être celui de Bolsonaro. Un autre suspect vivait dans le même complexe résidentiel que Jair Bolsonaro.
 
"Une coïncidence", a répondu la police, qui assure n’avoir aucune preuve de liens entre la famille présidentielle et le crime. Mais, pour Jean Wyllys, cela constitue déjà un fait "très grave". "Cela montre le danger auquel fait face notre démocratie".