La direction du collège Saint-Louis de Liège aurait donné des consignes aux organisateurs du bal pour qu’ils refusent les inscriptions de couples de même sexe. Les associations montent au créneau
Au collège Saint-Louis de Liège, les couples homos ne sont pas les bienvenus. C’est ce que révèle la fédération des associations gays et lesbiennes wallonnes Arc-en-Ciel Wallonie, qui a été alertée par un élève. En prévision du bal des rhétos (l’équivalent de la terminale en Belgique), les étudiants qui organisent la soirée auraient reçu la consigne de ne pas accepter l’inscription de couples homos. La direction du collège dément formellement, mais a reconnu lors d’un contact téléphonique que «la présence de couples homosexuels lors de cet événement pourrait compromettre son organisation à l’avenir. Certains professeurs verraient d’un très mauvais œil que des couples de garçons ou de filles soient présents ce soir-là et pourraient décider de ne plus venir au bal». Bernard Renson, directeur du collège Saint-Louis affirme pourtant que le bal est un moment de convivialité entre les élèves et les enseignants. Une convivialité limitée donc…
«Comportement provocant»
Arc-en-ciel Wallonie a regretté que la direction maintienne cette distinction entre couple homos et hétéros, sans même avoir pris la peine de sonder les enseignants. Et les arguments de la direction démontrent que la tolérance en milieu scolaire est loin d’être acquise. «Le comportement provocant de deux homosexuels ou un baiser entre un garçon et une fille, ce n’est pas du tout la même chose», affirme le directeur.
Interrogé par la Fédération LGBT sur les difficultés et la solitude que peuvent ressentir les jeunes gays ou lesbiennes pendant leur adolescence, le directeur précise: «Nous avons tous des particularités et les élèves sont cruels entre eux, c’est comme ça. Mais si un jeune a des difficultés, il peut s’adresser à notre psychologue». Pour la direction du collège liégeois, le rôle de l’école est de préparer les étudiants à leur futur métier. Elle préfère qu’ils ne s’écartent pas de la majorité et n’étalent pas leurs particularités.
Tabou
Ce cas démontre que l’homosexualité reste taboue en milieu scolaire. Dans les écoles francophones de Belgique, les ministres de l’enseignement et de l’égalité des chances ont pourtant encouragé la diffusion d’une brochure intitulée «Peur de quoi?» à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre l’homophobie le 17 mai dernier. Une brochure qui a terminé dans la poubelle au collège Saint-Louis. «Les campagnes qui ne sont pas globales ne méritent pas d’être relayées dans mon établissement, fussent-elles signée par la Ministre de tutelle», affirme le directeur. Les faits ont été signalés au Centre pour l’égalité des Chances et la ministre de l’Enseignement Marie-Dominique Simonet, choquée, a réagi, plaidant pour une école ouverte et tolérante. Elle a également rappelé qu’un décret de 2004 interdit toute discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et qu’il s’applique au milieu scolaire