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 d’ADHEOS

Ces derniers mois, la police belge ne ménage pas ses efforts pour améliorer l’accueil des gays, lesbiennes et trans. La création d’une association de policiers LGBT devrait contribuer au renforcement de son image friendly.
 
Rainbow Cops Belgium sera officiellement créée la semaine prochaine. Un grand moment de bonheur pour Yannic Lecomte (photo), inspecteur de police à Liège et vice-président de l’association. «Tout a commencé avec une enquête menée par le réseau Diversité de la police il y a deux ans (lire notre article), explique-t-il. Le questionnaire s’intéressait au vécu des gays et lesbiennes au sein des forces de l’ordre, mais avait aussi pour objectif d’évaluer le degré d’homophobie qui y régnait».
 
Inspiré de Flag!
40.000 policiers reçoivent le questionnaire; 400 y répondent, parmi lesquels une petite centaine de gays. «Leur témoignage démontrait que certains vivaient difficilement leur homosexualité, raconte Yannic Lecomte. Outing, peur du coming out, difficultés relationnelles… Chacun vivait cela dans son coin. Il me semblait intéressant de fédérer tous ces gens». Yannic Lecomte lui-même a attendu trois ans avant de faire son coming out, qui s’est finalement déroulé sans problèmes. Il a déjà participé plusieurs fois à la Canal Pride d’Amsterdam aux côté d’autres policiers gays européens, ce qui lui a permis de nouer des contacts avec l’association française Flag!, dont il s’est inspiré.
 
Olivier, policier à Charleroi, a rejoint l’association. «Je trouve le projet positif et utile, explique-t-il, même si personnellement je n’ai eu aucun problème à m’assumer au boulot. Mon ex-compagnon était également policier, tous mes collègues le savaient et je n’ai jamais ressenti d’homophobie». Olivier précise qu’il n’a pas non plus l’impression d’être le gay de service: «ça ne m’a jamais causé préjudice et cela ne m’a pas non plus bloqué dans ma carrière».
 
Double objectif
Pour beaucoup, le flic garde pourtant l’image du macho homophobe. Les policières lesbiennes auraient d’ailleurs moins de problèmes que les gays. Yannic Lecomte raconte: «L’objectif de l’association est double: soutenir les policiers en difficulté mais aussi améliorer l’accueil des LGBT dans les commissariats.» Une campagne d’affichage est déjà menée en interne pour sensibiliser les policiers à la prise en compte du caractère homophobe de certaines agressions. Le Réseau Diversité organise aussi un module durant la formation des agents. «Mais je ne le trouve pas très intéressant, raconte Olivier. On explique aux jeunes ce qu’est un gay, une lesbienne, un trans… Je trouve qu’il serait plus constructif de leur dire que tout le monde doit être accueilli de la même manière!»
 
Olivier réclame le droit à l’indifférence. «Les policiers n’ont pas peur des homos, dit-il, mais ils ont peur des stéréotypes. Les folles, les trans, beaucoup ne comprennent pas. C’est là-dessus qu’il faut travailler». Pour l’instant, l’association n’est pas encore reconnue par sa hiérarchie car la nouvelle chef de corps ne prendra ses fonctions que dans quelques semaines. Mais Yannic Lecompte ne doute pas du bon accueil que le projet recevra. «Nous espérons pouvoir défiler à la gay pride, s’enthousiasme l’inspecteur. Avec dignité et respect de l’uniforme bien sûr, car si nous sommes fiers d’être gays, nous sommes surtout fiers d’être policiers!»
 
Pour contacter l’association: rainbow.cops.belgium@gmail.com