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 d’ADHEOS

Le secrétaire général des Nations unies a dénoncé hier les pays qui traitent les homos comme des citoyens de seconde classe, voire des criminels». Mais ces propos ne semblent pas près d’infléchir les dirigeants du continent.
 
En appelant les dirigeants africains au respect des droits des homosexuels, sujet particulièrement sensible sur le continent, Ban Ki-moon a pris le risque de s’attirer les réactions acerbes de chefs d’Etat. Alors que l’homosexualité est interdite par la loi dans une large majorité de pays africains – à quelques exceptions comme l’Afrique du Sud – le secrétaire général des Nations unies a dénoncé les gouvernements qui «traitent les gens comme des citoyens de seconde classe, voire des criminels» en raison de leur orientation ou de leur identité sexuelles.
 
L’Ouganda condamne
«S’attaquer à ces discriminations est un défi, mais nous ne devons pas abandonner les idées de la déclaration universelle» des droits de l’homme, a-t-il déclaré hier à la tribune du 18e sommet de l’Union africaine à Addis Abeba. La communauté LGBT fait face à une importante répression en Afrique, comme en Ouganda par exemple, où le Parlement envisage depuis des mois de durcir la législation contre l’homosexualité – déjà punissable de peines de prison de longue durée – et de prévoir jusqu’à la peine de mort, particulièrement dans certains cas de récidive. Sous la pression internationale, le Parlement avait ajourné ces débats en mai dernier sans avoir eu le temps de se prononcer sur une proposition de loi en ce sens, mais celle-ci a de nouveau été déposée depuis.
 
Car les pressions internationales ne semblent en effet pas prêtes à infléchir les dirigeants du continent. Toujours en Ouganda, le gouvernement a immédiatement indiqué dimanche qu’il ne suivrait pas les recommandations du représentant onusien. «Nous respectons (les homosexuels) en tant qu’êtres humains mais nous condamnons fermement leurs pratiques et leur orientation», a déclaré Simon Lokodo, ministre de l’Ethique et de l’Intégrité. «Nous condamnons très fermement quiconque promeut ou propage ces pratiques», a-t-il ajouté.
 
«L’Afrique ne doit pas être remise en cause»
Juste avant la sortie du chef de l’ONU, le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema avait déjà fustigé les leçons données par des personnalités non-africaines. «L’Afrique ne doit pas être remise en cause en ce qui concerne la démocratie, les droits de l’Homme, la gouvernance et la transparence dans l’administration publique», avait déclaré le dirigeant, qui cédait à l’occasion du sommet son poste de président de l’UA au président béninois Thomas Boni Yayi.
 
De précédents appels de dirigeants occidentaux au respect des droits des homosexuels avaient suscité de vives réactions de chefs d’Etat africains. En décembre, le président ougandais Yoweri Museveni avait appelé les donateurs occidentaux à se préoccuper du financement des infrastructures dans les pays en développement, plutôt que se focaliser sur les droits des homosexuels. «Avant qu’on ne me fasse une leçon sur les homosexuels et leurs droits, parlons d’abord des lignes de chemin de fer», avait-il déclaré. «Les homosexuels ont aussi besoin d’électricité, les homosexuels ont aussi besoin de routes, les homosexuels ont aussi besoin de lignes de chemin de fer.»
 
Les menaces de David Cameron
Le président américain Barack Obama avait appelé quelques jours auparavant à mettre la discrimination contre les homosexuels au coeur de la diplomatie américaine. Et le premier ministre britannique David Cameron était allé jusqu’à menacer fin octobre d’exclure des programmes d’aide britanniques les pays qui ne reconnaissent pas les droits des homosexuels. Le président zimbabwéen Robert Mugabe avait de son côté estimé que «faire une suggestion aussi diabolique (était) stupide».
 
Pepe Julian Onziema, responsable à l’organisation Minorités sexuelles Ouganda, s’est félicité de l’intervention du secrétaire général de l’ONU. «Que Ban Ki-moon vienne à cette réunion et parle de ce problème, cela a beaucoup de poids» car «c’est une thématique ignorée par l’Union africaine». Mais, a-t-il nuancé, «il est grand temps que nos dirigeants s’occupent de ces problèmes (…), nous n’avons pas vraiment besoin de quelqu’un extérieur à l’Afrique pour nous le dire».