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 d’ADHEOS

“En Algérie chacun a son combat, moi je suis solidaire avec tout le monde : les militants des droits de l’Homme, la cause des femmes, le combat pour les libertés démocratiques,etc… En revanche, tout ce beau monde n’a jamais manifesté sa solidarité avec moi, pour mes droits et revendications de la dépénalisation de l’homosexualité du code pénal algérien, qui condamne les homos en Algérie de 2 ans à 3 ans de prison ferme.”
 
Voici comment Zak Ostmane commence son manifeste pour l’homosexualité, le premier du genre en Algérie. Un manifeste public publié sur Facebook par le jeune activiste et qui fait couler beaucoup d’encre depuis le 4 septembre, date de sa mise en ligne.
 
Zak Ostmane y dénonce l’homophobie de la société algérienne, et les conditions dans lesquelles les homosexuels vivent en Algérie. Alors que dans plusieurs pays dans le monde, les gouvernements débattent de la question du mariage pour tous, l’Algérie emprisonne encore ses couples homosexuels. C’est l’article 338 du code pénal algérien qui régit cette pratique :
 
Tout coupable d’un acte d’homosexualité est puni d’un emprisonnement de deux mois à deux ans et d’une amende de 500 à 2 000 DA soit de 5 à 20 euros et si l’un des auteurs est mineur de dix-huit ans, la peine à l’égard du majeur peut être élevée jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 10 000 DA soit 100 euros d’amende.
 
Certains prendront pour cause l’incompatibilité de l’Islam avec l’homosexualité, alors que d’autres comme Zak pointeront plutôt du doigt le manque de tolérance des Algériens.
 
Zak se considère comme laïc. Il ne comprend pas comment des homosexuels de par le monde, et quelle que soit leur religion, peuvent se considérer comme pratiquants. Interrogé par Algérie-Focus.com, le jeune homme pointe une incompatibilité et une forme d’hypocrisie :
 
Si on considère que l’homosexualité est jugée comme péché par les trois religions monothéistes, pourquoi donc être homo et pratiquant en même temps ? Je pense que c’est contradictoire.

Pour l’instant, le manifeste de Zak est très bien reçu au sein de l’élite nord-africaine. Il a notamment été relayé par plusieurs militants des Droits de l’Homme tel que l’écrivaine algérienne Wassila Tamzali, la réalisatrice tunisienne Nadia Al Fanni, la journaliste danoise d’origine tunisienne Mouna Daadouche, l’universitaire tunisienne Raja Sen Slama, ou encore la bloggeuse tunisienne Lina Ben Mhenni. Des artistes algériens ont aussi apporté leur soutien à Zak. Sur la page Facebook qui contient le manifeste, les commentaires sont davantage contrastés : un encouragement pour une insulte.
 
Après la publication de son texte, Zak considère qu’il reste beaucoup de travail à fournir avant que la condition des homosexuels ne s’améliore réellement en Afrique du Nord. Lui espère s’envoler pour des contrées plus accueillantes, accusant la communauté LGBT de ne pas être assez mobilisée, “de trop faire la fête au lieu de se battre pour ses droits”. Profondément engagé, Zak Ostmane revendique son droit à la différence :
 
Personne, n’a le droit de dire à quelqu’un que son amour pour un autre être humain est immoral.